Kawasaki : les 25 enfants d’Ile-de-France tous testés positifs au COVID-19

Aude Lecrubier

6 mai 2020

 

Actualisation du 19 mai 2020 -- A présent, ce sont 144 enfants qui ont été diagnostiqués avec un syndrome proche de la maladie de Kawasaki en France depuis le 1er mars, selon Santé Publique France. L'un d'eux est mort vendredi, à Marseille, deux semaines après les premiers signalements de ce syndrome mystérieux. Il était âgé de 9 ans.

 

 

France -- Depuis le 15 avril, comme l’Italie, le Royaume-Uni, l’Espagne ou la Belgique, la France a vu arriver dans les services de réanimation un nombre étonnement élevé d’enfants avec des syndromes s’apparentant à la maladie de Kawasaki (Lire l’interview du Dr Léa Cacoub ).

En France, une vingtaine de cas ont été rapportés en Ile-de-France mais d’autres ont été signalés à Reims, Nancy, Bordeaux, Montpellier, Chambéry et Lyon.

Une fréquence très inhabituelle qui a fait suspecter un lien avec le Covid-19. Lors d’une conférence de presse en ligne organisée par l’AP-HP le 30 avril, plusieurs médecins de l’hôpital Necker à Paris ont précisé le profil de ces patients et le lien possible avec le Covid-19.

« Il y a très peu de maladies inflammatoires où on observe une atteinte du muscle cardiaque. Il a été rapide d’étiqueter ces patients avec une maladie de Kawasaki car la physiopathologie s’en rapproche », a commenté le Pr Sylvain Renolleau, chef du service de réanimation et surveillance continue médico-chirurgicales de Necker.

Le profil de ces jeunes patients en réanimation

Concernant l’âge et les facteurs de risque des patients, les médecins ont indiqué qu’aucun n’avait de terrain particulier, d’obésité ou de maladies cardiaques, notamment. L’âge médian était de 9,5 ans avec des extrêmes à 3 et à 17 ans.

Le Pr Renolleau a précisé la symptomatologie des patients lors de leur hospitalisation. Il s’agissait d’enfants arrivés aux urgences après quelques jours de fièvre et des douleurs abdominales ou des vomissements. Parfois avec une éruption cutanée très fugace et présentant une défaillance cardiaque et circulatoire dans un contexte très inflammatoire. « Les enfants ont tous eu besoin d’une aide ventilatoire même s’ils n’étaient pas malades des poumons en raison des troubles hémodynamiques. Ils ont presque tous eu besoin d’un support par médicaments pour aider la fonction cardiaque et pour normaliser la fonction artérielle », a-t-il indiqué.

En termes de pronostic, les enfants ont tous évolué favorablement après 3 à 4 jours en réanimation avec une restitution complète de la fonction cardiaque.

Quel lien avec le Covid-19 ?

Alors que des doutes subsistaient encore il y a quelques jours, il est désormais clair que « ces enfants ont tous été en contact à un moment ou à un autre avec ce virus», a confirmé Sylvain Renolleau.

Les patients ont eu soit une PCR «encore positive mais faible», soit un test sérologique positif (anticorps) qui a montré que le contact avec le virus datait d’il y a 3 à 4 semaines.

« Dans la forme adulte du COVID-19, l’orage cytokinique arrive au début de la deuxième semaine. Chez les enfants, cette réponse inflammatoire exagérée arrive plus tard, à la 3ème ou 4ème semaine », a rapporté le Pr Renolleau.

 «Ce que l’on comprend de la temporalité de l’arrivée de ces enfants, de façon différée par rapport au début de l’épidémie chez l’adulte, c’est qu’il s’agit probablement d’une maladie post-infectieuse, de mécanismes d’immunologie qui suivent l’infection à Covid 19», a expliqué Damien Bonnet, chef du service de cardiologie médicale pédiatrique de Necker. Même si aujourd’hui on n’a pas tous les arguments de certitude pour dire qu’il y a un lien de causalité directe ».

Il s’agit probablement d’une maladie post-infectieuse Damien Bonnet

Quid du recensement de ces cas s’apparentant à la maladie de Kawasaki ?

Pour en savoir plus sur la prévalence de ce syndrome Kawasaki-like, une fiche de recueil des cas potentiels va être proposée à des fins épidémiologiques en collaboration avec les différentes sociétés savantes afin de pouvoir remonter des données épidémiologiques fiables aux autorités de Santé.

Aussi, outre le référencement de ces cas graves, le Dr Bonnet s’interroge aussi sur celui des enfants avec des formes moins graves, non-hospitalisés en réanimation mais en pédiatrie par exemple. « Il faudra savoir si nous ne recensons que les enfants hospitalisés en réanimation ou aussi ceux qui arrivent dans les autres services ? ». Enfin, se pose également la question de possibles cas « adultes ».

 

Fièvre chez un enfant : conduite à tenir

Selon les spécialistes de Necker, il convient de consulter un médecin lorsqu’une fièvre importante (39-40C°) persiste au-delà de 72 heures, si elle est inexpliquée, mal tolérée, que l’enfant est somnolent, qu’il refuse de s’alimenter, qu’il ne se déplace pas de façon habituelle ou qu’il se plaint de douleurs abdominales ou qu’il vomit.

Lorsque le médecin est face à cette fièvre inexpliquée, il est recommandé de demander des examens biologiques, NFS, CRP. Le taux de CRP peut l’amener à demander un avis en cardiologie pédiatrique.

 

 

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