France— Qui pourra faire un test sérologique (de détection des anticorps) pour savoir s’il est ou s’il a été infecté par le SARS-CoV-2 ? La HAS a dévoilé sa liste d’indications, lors d’une e-conférence de presse le samedi 2 mai [1]. Les recommandations ont été élaborées par un groupe de travail de la HAS dont le rapport est disponible ici.
Pas de dépistage général de la population
Première information délivrée par le Pr Dominique Le Guludec (Présidente de la HAS) : « Il y a encore beaucoup d’inconnues sur la réponse immunitaire de l’organisme à ce virus. On ne sait pas quelle protection elle confère aux personnes qui ont contracté le virus. C’est ce qui a amené le groupe de travail à ne pas préconiser le dépistage général de la population ».
Toutefois, les recommandations seront susceptibles d’évoluer avec le temps. « Il s’agit de recommandations basées sur les connaissances scientifiques que l’on a aujourd’hui mais elles seront actualisées au fil de l’eau chaque fois que des connaissances importantes apparaitront, en particulier sur le caractère protecteur de la réponse immunitaire », a souligné le Pr Le Guludec.
La présidente de la HAS a également précisé que ces recommandations ne concernaient que les tests ELISA de laboratoire et non les tests rapides (TROD ou autotests) qui feront l’objet d’un autre rapport qui sera rendu publique d’ici 8 à 10 jours.
Les indications retenues par le groupe de travail de la HAS
A ce stade, les tests sérologiques sont indiqués pour confirmer un diagnostic de COVID-19 et dans le cadre d’études épidémiologiques.
Chez les personnes symptômatiques graves hospitalisés :
- les tests sont recommandés en cas de résultats discordants : si le tableau clinique ou scanographique est évocateur et que la RT-PCR est négative.
-Ils sont aussi recommandés, en rattrapage, chez les personnes n’ayant pas été en mesure de réaliser un test de RT-PCR avant 7 jours.
Dans ces deux cas, les tests sont recommandés à partir du 7ème jour en raison du fait que dans les formes graves, les titrages d’anticorps sont probablement plus élevés et que l’on ne peut pas attendre le moment optimum (J14) pour tester.
Chez les personnes symptômatiques sans gravité suivis en ville :
-Les tests sont recommandés en cas de résultats discordants : si le tableau clinique ou scanographique est évocateur et que la RT-PCR est négative.
-Ils sont aussi recommandés en rattrapage, chez les personnes n’ayant pas été en mesure de réaliser un test de RT-PCR avant 7 jours
-Ils sont aussi préconisés pour un diagnostic étiologique à distance. Lorsque le patient a eu un diagnostic clinique mais n’a pas bénéficié d’une RT-PCR ou d’un scanner, il lui sera possible de demander à son médecin une ordonnance pour réaliser un test.
Dans ces trois cas, les tests sont recommandés à partir du 14ème jour.
Chez les personnes asymptômatiques
- Les tests sont recommandés chez les professionnels soignants non symptômatiques lors de dépistage et détection de personne-contact par RT-PCR selon les recommandations en vigueur après une RT-PCR négative, uniquement à titre individuel sur prescription médicale.
- Les tests sont recommandés chez les personnes d’hébergement collectif non symptomatiques lors de dépistage et détection de personne-contact par RT-PCR selon les recommandations en vigueur après une RT-PCR négative, uniquement à titre individuel sur prescription médicale (EHPAD, foyers d’hébergements pour adultes et enfants en situation de handicap, centres d’accueil de migrants, prisons, casernes militaires et des pompiers, porte-avion, résidences universitaires, internats…).
Enfin, les tests sérologiques sont aussi recommandés pour la surveillance épidémiologique « pour mieux comprendre l’épidémie au niveau local et national, guider les décisions, pouvoir dire quelle part de la population a été contaminée », a souligné Cédric Carbonneil qui a piloté le projet (Chef du Service d'Evaluation des Actes Professionnel, HAS).
N’ont donc pas été retenues comme indications : le test des personnes-contacts d’un patient confirmé ou suspecté, la sortie hospitalière, le dépistage chez les patients à risque de forme grave de COVID-19, le dépistage des patients en vue d’une hospitalisation ou encore le dépistage des groupes socio-professionnels confinés ou non confinés. Les tests sérologiques ne sont donc pas recommandés à ce stade dans les entreprises ou chez les professionnels particulièrement exposés comme les caissiers, livreurs, professeurs des écoles ou gendarmes (en dehors des indications pré-citées).
Quand les tests seront-ils disponibles ?
« Les médecins pourront commencer à prescrire ces tests dès que le remboursement aura été ratifié par le ministère. La HAS donnera un avis rapidement, probablement en début de semaine prochaine », a indiqué le Pr Le Guludec à Medscape édition française.
Seront-ils disponibles en quantité suffisante par rapport aux indications sélectionnées ? « Les différents tests sont en train d’être évalués par le Centre National de Référence (CNR). Au fur et à mesure, il y en aura de plus en plus », a précisé la présidente de la HAS.
En pratique
Tous les médecins pourront prescrire ces tests ELISA. Ces derniers devront mesurer à la fois les IgG et les IgM ou les Ig totaux. Les résultats seront obtenus en 4 heures et devraient être délivrés en 24 heures maximum.
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Citer cet article: Tests sérologiques : les indications ont été précisées - Medscape - 4 mai 2020.
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