LA SÉLECTION DU MOIS DE JUIN 2020
La deuxième vague n’est peut-être pas celle à laquelle vous pensez...
La 1re vague était liée à l’augmentation de la mortalité et de la morbi-mortalité due au Covid-19. La 2e touchait les patients urgents non-Covid qui n’ont pas pu être pris en charge ; elle est pratiquement terminée. Nous sommes maintenant dans une 3e vague, celle de l’impact de l’interruption de la prise en charge des pathologies chroniques ― beaucoup de ces patients hésitent encore à venir à l’hôpital. La 4e vague quant à elle dépasse le cadre de la cardiologie et concerne les séquelles psychiques, traumatiques, économiques et de burn-out que certains d’entre nous et d’entre vous peuvent rencontrer.
Plusieurs études ce mois-ci se sont donc intéressées à l’impact de l’épidémie de Covid-19, notamment en cardiologie :
Publiée dans le European Heart Journal [1], une étude montre la réduction des hospitalisations pour infarctus du myocarde (IDM) durant l’épidémie en Italie. On voit une diminution de près de 50% de ces hospitalisations, qui était significative aussi bien pour les syndromes coronaires aigus ST+ que ST-. Une réduction observée dans toute la péninsule italienne, mais qui touchait plus les femmes que les hommes. La gravité était quant à elle augmentée, avec un risque de complications associées à l’IDM multiplié par 3.
On note également une étude sur l’augmentation des arrêts cardiaques en région parisienne , publiée par Eloi Marijon dans le Lancet. [2] On observe, durant la période du Covid, une multiplication par 2 des arrêts cardiaques extrahospitaliers. La gravité était également plus importante : les patients consultaient plus tardivement, étaient moins souvent « réanimables » et « choquables ». La mortalité était plus élevée. Voir : Ile-de-France : doublement des arrêts cardiaques extra-hospitaliers pendant le confinement
Les chercheurs français ont été très actifs durant cette période : un autre article, publié dans le European Heart Failure [3 ]par l’équipe médico-légale de l’hôpital de Lariboisière, sous la direction d’Alexandre Mebazaa, montre, à partir des décès extrahospitaliers évalués en anapath et en scanner, qu’il y a eu un plus grand nombre d’embolies pulmonaires constatées au cours de l’épidémie de Covid. Ce sont probablement des patients Covid ayant fait des arrêts cardiaques extrahospitaliers, mais pas seulement, qui expliquent la surmortalité durant cette période. Voir : Morts subites hors hôpital en période COVID-19 : 23 % liées à des embolies pulmonaires proximale.
Les mesures de protection contre le Covid : je vois malheureusement souvent le gens mettre les masques, soit sur le menton, soit sur la bouche, et non pas sur le nez. Je passe mon temps à leur dire… Les patients ont tendances à ne plus mettre le masque. Mais, le masque, est-ce que ça marche ? Est-ce efficace ? Une méta-analyse publiée en juin dans le Lancet[4] le prouve. La distanciation physique est ainsi associée à un hazard ratio ajusté de 0,18 avec une distance de plus d’un mètre. Les masques, avec un hazard ratio ajusté de 0,15 (plus pour les masques FFP2 que chirurgicaux ou grand publiques), sont aussi efficaces. La protection des yeux fonctionne également, avec un ratio de 0,22. Donc attention, la 2e vague n’est pas tout à fait celle à laquelle on pense. Protégeons-nous et essayons, nous, docteurs, de communiquer auprès de nos patients pour qu’ils se protègent et nous protègent.

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Citer cet article: Les études à retenir sur l’impact du COVID en cardiologie - Medscape - 30 juin 2020.
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