Nombre record de téléconsultations en mars

Philippe Anaton

14 avril 2020

France -- S’il est un grand gagnant de la pandémie du Covid-19, c’est bien la téléconsultation. Alors que la télémédecine avait du mal à démarrer, elle est aujourd’hui en plein boom avec plus de 500 000 téléconsultations par semaine (contre 10 000 début mars). Il faut dire que, depuis le mois de mars, le gouvernement n’a cessé de prendre des mesures pour assouplir l’accès aux téléconsultations, tant pour respecter la distanciation sociale que pour faciliter les consultations des personnes infectées. Récemment, il a autorisé les consultations par téléphone dans certaines conditions.

Le ministère de la Santé a, par ailleurs, recensé les solutions de téléconsultation actuellement disponibles sur le marché : pas moins de 186 applications de téléconsultations sont relevées, et la liste n’est pas exhaustive…

500 000 téléconsultations par semaine

Ces assouplissements de la législation sur la téléconsultation n’ont pas manqué de favoriser la multiplication de ces téléconsultations. Dans un communiqué du 31 mars, l’assurance maladie comptabilisait dans la semaine 13, entre le 23 et le 29 mars, 486 369 téléconsultations, alors qu’elle en comptait moins de 10 000 par semaine jusque début mars. « Les téléconsultations constituent désormais plus de 11% de l’ensemble des consultations contre moins de 1% avant la crise » analyse la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). Parallèlement, le nombre de médecins la pratiquant s’élevait à 29 000 la semaine 13, soit un médecin sur trois contre moins d’un sur 10 la semaine précédente. « Pour la semaine du 23 mars, 44% de médecins généralistes ont effectué une téléconsultation contre 11% la semaine précédente. » À noter que 81% de ces téléconsultations avaient été réalisées par le médecin traitant, et que 75% de ces téléconsultations avaient été facturées en tiers payant.

Consultations par téléphone autorisées

Si la téléconsultation s’est ainsi installée auprès des médecins libéraux comme une modalité pertinente de prise en charge des patients, cela s’explique en grande partie par un assouplissement des règles de la téléconsultation et de sa facturation. Le dernier en date est intervenu le 4 avril avec la décision du ministère de la Santé. Dans un communiqué du 4 avril, le ministre des solidarités et de la santé autorisait « par exception les consultations par téléphone […] ».  Ces consultations, précisait-il, seront réservées « aux patients atteints ou suspectés de Covid, ou bien en affection de longue durée ou âgés de plus de 70 ans, sans moyens vidéo, seront prises en charge comme les autres téléconsultations dans le cadre de la crise sanitaire. »

Décision dont la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) se réjouissait dans un communiqué : «La CSMF vient d’obtenir satisfaction puisque la consultation par téléphone, en l’absence de possibilité de vidéo-échange, sera possible pour les patients les plus âgés, de plus de 70 ans, pour les patients atteints d’une pathologie chronique (ALD) ou pour les patients résidant en zones blanches » Elle avait en effet demandé à la CNAM que les critères de téléconsultation soient élargis de façon dérogatoire afin de continuer à suivre les patients chroniques qui respectent les mesures de confinement qui les protègent.

Plus d’obligation de parcours de soin

Ce nouvel assouplissement fait suite à de nombreux autres depuis le 10 mars, date à laquelle

le ministère de la santé prenait un arrêté qui facilitait l’accès aux téléconsultations pour tous les patients suspectés d’avoir été infectés au Covid-19 : le patient n’était plus dans l’obligation de respecter le parcours de soins pour se voir rembourser sa téléconsultation. En d’autres termes, toute téléconsultation, avec quelque médecin que ce soit, et plus seulement son médecin traitant, pouvait lui être remboursé.  La mesure étant valable « à titre transitoire et exceptionnel » jusqu’au 30 avril.

Le 19 mars, le ministère de la santé prenait un nouvel arrêté pour élargir encore les conditions d’accès au télésoin. Comme pour les actes de télémédecine, il n’est plus besoin, pour se faire rembourser un acte de télésoins, d’avoir eu un premier rendez-vous en présentiel avec un infirmier. Déjà, les pouvoirs publics admettaient le fait que, « lorsque le patient ne dispose pas du matériel nécessaire pour réaliser une vidéotransmission, les activités de télésoin pourront être effectuées par téléphone ».

WhatsApp, Skype…

Toujours le 19 mars, le ministre de la santé faisait paraitre un nouvel « arrêté du 19 mars 2020 complétant l'arrêté du 14 mars 2020 portant diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus covid-19 ». Il autorisait les téléconsultations ne respectant pas forcément les règles concernant l’hébergement des données de santé. De fait, comme l’annonçait le ministre de la santé, Olivier Véran, peu de temps après, les téléconsultations étaient autorisées via des applications de messagerie populaires de type WhatsApp ou encore Skype.

Par ailleurs, le suivi des patients « dont le diagnostic d'infection à covid-19 a été posé cliniquement ou biologiquement peut être assuré par les infirmiers […] par télésoin sous la forme d'un télésuivi. »

Sages-femmes, insuffisants cardiaques…

Enfin, par un arrêté du 23 mars, la téléconsultation était également remboursée pour les sages-femmes, tandis que la télésurveillance des patients insuffisants cardiaques chroniques était aussi rendue possible dans ces deux conditions : l’hospitalisation au cours des 30 derniers jours pour une poussée d’insuffisance cardiaque chronique, et une hospitalisation au cours des 12 derniers mois « pour une poussée d'insuffisance cardiaque chronique (diagnostic principal, au regard du compte rendu ou du codage CIM 10 - I500/I501/I502/I509) et actuellement en classe NYHA 2 ou plus avec un taux de peptides natriurétiques élevé (BNP >100 pg/ml ou NT pro BNP >1000 pg/ml)».

 

 

 

 

 

 

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