France – Alors que l’on évoque peu à peu un déconfinement – à échéance plus ou moins longue et sans en connaître les modalités exactes –, l’Académie de Médecine prend les devants et avance des recommandations, qui viendront peut-être alimenter la réflexion lancée par les pouvoirs publics.
Port obligatoire d’un masque « grand public » ou « alternatif »
Alors que les recommandations nationales ou celles de l’Organisation Mondiale de la santé (OMS) écartaient l’idée il y a encore une semaine, le port d’un masque par la population est aujourd’hui envisagé par le gouvernement, qui a déclaré encourager le grand public, « s'il le souhaite, à porter (...) ces masques alternatifs qui sont en cours de production ». Derrière ce revirement, la probable aérosolisation du virus avancée par différentes équipes, et appuyée par une publication de la revue Nature du 3 avril évoquant une transmission par aérosol possible pour les coronavirus , virus grippaux et rhinovirus. Dans cette étude, menée à Hong-Kong, des personnes avaient été randomisées entre le port ou non d’un masque chirurgical puis l’analyse des gouttelettes et de l’air expiré conduite. Ces données ont ainsi montré que les masques réduisaient fortement la détection de l'ARN du virus de la grippe dans les gouttelettes respiratoires mais aussi celle de l'ARN du coronavirus dans les aérosols.
Le même jour, l’Académie de médecine recommandait le port obligatoire d’un masque « grand public », ou « alternatif » obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement. Elle précisait aussi que ce port devrait être maintenu en phase de décroissance de la courbe épidémique dans le cadre de la levée du confinement. Si l’industrie textile est mobilisée, l’Académie insiste sur la diffusion d’indications pratiques pour la fabrication de tels masques anti-projection pour permettre à la population de s’équiper, en l’absence de stocks adaptés sur les prochaines semaines.
Sortie du confinement sur une base régionale
Alors que les plus récents chiffres de l’épidémie signent un effet sensible des mesures de confinement, l’Académie de Médecine prend les devants et avance ces recommandations, qui viendront alimenter la réflexion lancée par les pouvoirs publics sur la mise en œuvre du déconfinement.
Elle préconise notamment une sortie du confinement sur une base régionale et non par classe d’âge, déterminée sur la base d’une « décroissance nette du nombre de patients Covid-19 devant être hospitalisés » et « un retour des besoins de réanimation à l’état pré-épidémique ». Ceci pourra être envisagé à condition que les déplacements entre régions sorties de confinement et d’autres encore en situation de confinement soient interdits. Chaque sortie de confinement devrait rester assortie d’un maintien de l’interdiction des rassemblements, d’un maintien des mesures barrières et du port obligatoire d’un masque grand public anti-projection, maintenus jusqu’à fin de transmission du virus (aucun nouveau cas durant 14 jours).
L’Académie écarte le principe d’une sortie de confinement sur les résultats de tests biologiques individuels « dont la disponibilité et la fiabilité n’apparaissent pas assurées à brève échéance, et dont les implications opérationnelles seront sources de confusion ». Elle déconseille également un traçage des personnes selon les résultats de leurs tests biologiques. En revanche, des tests sérologiques à visée épidémiologique en population générale devront être enclenchés « au plus vite dans tout le pays sur une base régionale, en vue d’apprécier le risque de survenue d’une deuxième vague épidémique. »
Cet article a été publié initialement dans une version plus longue sur le site Univadis.fr le 6 avril 2020 sous l’intitulé « COVID-19: premiers signaux encourageants?». Adapté par Medscape édition française.
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Citer cet article: Masques, fin du confinement : les recommandations de l’Académie de Médecine - Medscape - 8 avr 2020.
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