MICI : l’évolution de la maladie et de la prise en charge en fonction de l’âge

Nathalie Barrès

Auteurs et déclarations

8 avril 2020

France– Une comparaison par méta-analyse de différentes cohortes de sujets souffrant de maladies inflammatoires des intestins (MICI), s’est intéressée au risque d’hospitalisation, de chirurgie, de mortalité, de développer des tumeurs et d’escalade thérapeutique en fonction de l’âge.

De plus en plus de MICI chez les sujets âgés

L’étude de l’évolution de la maladie et de la prise en charge en fonction de l’âge est essentielle alors que l’incidence des MICI chez les sujets âgés est en augmentation. En effet, si l’immense majorité des diagnostics de MICI sont réalisés chez les jeunes adultes, 10 à 15% des diagnostics sont portés chez des individus de 60 ans et plus. Une meilleure connaissance des spécificités liées à ces maladies chez les plus âgés peut contribuer à une meilleure prise en charge de cette population. 

Quelles différences en fonction de l’âge ?

Cette revue systématique de la littérature menée jusqu’à juin 2019 a permis d’identifier les études ayant évalué chez des sujets souffrant de MICI, la survenue à 1, 5 et 10 ans d’événements délétères, ainsi que les prises en charge thérapeutiques. Des analyses comparatives ont été réalisées entre les populations âgées (≥60 ans pour 6 cohortes et ≥65 ans pour une cohorte) et les adultes plus jeunes.

Il en ressort que le risque d’hospitalisation, de chirurgie ainsi que la progression de la maladie serait globalement semblable chez les sujets âgés et les adultes plus jeunes. En revanche, les complications graves post-chirurgicales seraient plus fréquentes chez les plus âgés. Le risque global de mortalité toutes causes serait augmenté chez les plus âgés, mais pas le risque de tumeur. Pour les traitements, si le recours aux corticoïdes est assez semblable entre ces deux populations, en revanche les plus âgés sont moins souvent traités par immunomodulateurs ou anti-TNF que les adultes plus jeunes. Ces constats sont valables pour les patients souffrant de maladie de Crohn (MC) comme de rectocolite hémorragique (RCH).

Principaux résultats pour la maladie de Crohn et la RCH

Au total, 9 études pertinentes ont été sélectionnées (n = 14 765 sujets âgés) correspondant à sept cohortes uniques dont six étaient basées en Europe et une au Canada. L’âge moyen variait entre 68 et 73 ans selon les études.

Pour la maladie de Crohn :

  • Le risque de chirurgie à 1, 5 et 10 ans était respectivement de 13,0%, 22,6% et 27,8%. Le risque de chirurgie à 1 an et à 5 ans était similaire chez les sujets les plus âgés et les adultes jeunes.

  • À 1 an et 5 ans, respectivement 39% et 55,4% des sujets âgés étaient traités par corticoïdes. L’exposition à 5 ans était similaire chez ces sujets par rapport aux plus jeunes. En revanche le recours aux traitements par immunomodulateurs (23,4% de la population à 1 an et 31,5% à 5 ans) ou anti-TNF alpha (3,5% à 1 an et 6,5% à 5 ans) était significativement moins fréquent chez les plus âgés par rapport aux plus jeunes.

Pour la rectocolite hémorragique :

  • Le risque de chirurgie à 1, 5 et 10 ans était respectivement de 2,1%, 7,8% et 9,3% chez les sujets les plus âgés. Le risque cumulé de chirurgie à 1 an et 5 ans était similaire entre les populations âgées et les adultes plus jeunes. Environ 19% des sujets âgés présentaient des complications post-opératoires (graves pour la moitié, 4% des sujets décédaient dans les 30 jours post-chirurgie).

  • Au global 40,9% et 57,2% des sujets âgés étaient traités par corticoïdes à 1 an et 5 ans, et l’exposition était similaire à 5 ans à celle des sujets plus jeunes. En revanche, de nouveau, le recours aux traitements immunomodulateurs et aux anti-TNF était nettement inférieur chez les plus âgés. Sur l’ensemble des sujets âgés, à 1 an et 5 ans, seuls 9,2% et 16,1% étaient traités par immunomodulateurs, et 1,0% et 2,0% par anti-TNF.

Le ratio de mortalité standardisée n’était pas augmenté chez les plus âgés. Les principales causes de mortalité dans cette population étaient les tumeurs solides (respectivement 26% en cas de MC et 22% en cas de RCH), les maladies cardiovasculaires (24% et 17%) et les infections (7% et 4%). Le risque d’évolution d’une MICI vers une tumeur était semblable dans ces deux populations.

Les données concernant l’évolution des comorbidités et les effets secondaires des médicaments étaient trop faibles pour être interprétées.

 

Cet article a été initialement publié sur Univadis.fr  sous l’intitulé MICI : l’évolution de la maladie et de la prise en charge en fonction de l’âge. 1 avril 2020. Adapté par Aude Lecrubier

 

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