Saint-Denis, France — Suite à une augmentation des prescriptions des traitements Plaquenil® (hydroxychloroquine) et Kaletra® et Gé. (lopinavir/ritonavir), deux pistes thérapeutiques actuellement à l’étude dans le Covid-19, l’ANSM a été alertée de difficultés d’accès dans les pharmacies en ville pour les malades chroniques à qui ces médicaments sont destinés (VIH, lupus, polyarthrite rhumatoïde…). Elle a donc décidé d’en limiter la prescription aux strictes indications actuelles [1].
Ces deux médicaments sont actuellement testés comme traitements potentiels du Covid-19 dans plusieurs essais cliniques. Mais, sur le terrain, ils sont prescrits hors AMM, par des médecins confrontés à une épidémie d’une ampleur et d’une gravité inédite.
« Le récent engouement, parfois irrationnel autour de certaines molécules comme l’hydroxycholoroquine ou une association antirétrovirale ne doit pas empêcher les patients actuellement traités par ces médicaments, qui en ont besoin, et pour lesquels ils sont indispensables, d’accéder à leur traitement », a rappelé pour sa part le Directeur Général de Santé, le Pr Jérôme Salomon, mercredi 25 mars lors de son point presse quotidien.
De son côté, l’ANSM rappelle qu’à ce jour ni le Plaquenil ni le Kaletra n’ont d’indication dans la prise en charge du COVID-19 en ville (avis du Haut conseil de santé publique du 24/03/2020 ). « Il n’y a donc aucune justification à leur prescription dans cette indication », souligne l’ANSM.
Elle demande donc : « Conformément au décret du 25 mars 2020 (pris en application de "la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie du COVID-19" ), […] aux pharmaciens d’officine de ne délivrer ces médicaments que sur prescription médicale dans leurs indications habituelles, ceci afin de sécuriser leur accès aux patients qui en bénéficient pour leur traitement chronique ».
Dispensation de Plaquenil (hydroxychloroquine) :
L’agence insiste sur :
-le fait que le Plaquenil est inscrit sur la liste II des substances vénéneuses par arrêté du 13 janvier 2020, suite à une harmonisation avec les médicaments de la même classe et qu’il ne doit être dispensé que sur présentation d’une ordonnance, même si les boîtes dont on dispose ou reçues ne sont pas encore étiquetées « liste II » (cadre vert).
-la nécessité d’honorer uniquement les prescriptions initiales émanant des rhumatologues, internistes, dermatologues, néphrologues, neurologues et pédiatres et les renouvellements d’ordonnance émanant de tout médecin ;
-celle de respecter les mêmes modalités de prescription et de dispensation pour les préparations magistrales contenant cette substance active.
Dispensation de Kaletra ou de son générique (lopinavir/ritonavir) :
L’agence insiste sur :
-La nécessité d’honorer uniquement les prescriptions initiales hospitalières et les renouvellements d’ordonnance émanant de tout médecin, comme habituellement.
Un appel aux laboratoires
Afin de faciliter l’accès à ces médicaments, l’ANSM a demandé aux laboratoires Sanofi Aventis, Abbvie et Mylan de livrer dès que possible et en quantités suffisantes, les grossistes-répartiteurs et les pharmacies en Plaquenil, Kaletra et son générique.
« Nous appelons à la responsabilité de chaque acteur de la chaîne de soins afin de garantir l’approvisionnement des traitements permettant la prise en charge des patients qui en ont ou en auront besoin », conclut l’ANSM.
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Citer cet article: L’ANSM sécurise l’accès au Plaquenil et Kaletra pour les patients atteints de maladie chronique - Medscape - 26 mars 2020.
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