Tester, tester, tester pour le Covid-19 : deux scientifiques français relaient l’appel de l’OMS

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

20 mars 2020

Paris, France —Faut-il changer de stratégie ?  Après les expériences concluantes menées en Italie et en Corée du Sud et dans le respect des recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), deux scientifiques français appellent à un dépistage à large échelle du virus COVID-19 en France. Les laboratoires équipés pour des analyses par PCR pourraient, selon eux, être davantage impliqués.

« J’ai un message très simple pour tous les pays: tester, tester, tester. Il faut tester chaque cas suspect » d’infection par le coronavirus, a indiqué lundi dernier, lors d’une conférence de presse, Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS. « S’ils sont positifs, isolez-les et découvrir avec qui ils ont été en contact étroit jusqu’à deux jours avant l’apparition des symptômes et testez également ces personnes ».

 
J’ai un message très simple pour tous les pays: tester, tester, tester. Il faut tester chaque cas suspect. Tedros Adhanom Ghebreyesus
 

En France, la consigne est loin d’être appliquée. Par manque de tests et devant l’ampleur de l’épidémie, « les patients présentant des signes de COVID-19 ne sont plus systématiquement classés et confirmés par test biologique », précise le ministère de la Santé. Le dépistage est limité aux patients hospitalisés et aux populations à risque.

Développé par l’Institut Pasteur, le test de diagnostic repose sur la recherche de l’ARN viral par PCR à partir d’un prélèvement par écouvillonnage sur les muqueuses nasales. Actuellement, la majorité des tests sont effectués au sein des établissement de santé disposant d’un laboratoire disposant de l’équipement nécessaire.

Manque de tests et de kits de prélèvement

« Nous devons réfléchir et travailler, sans attendre, à la mise en place dans les laboratoires de biologie médicale d’une solution de dépistage (…) pour dépister largement le virus de la Covid-19 au sein de la population de notre pays », écrivent Laurent Lagrost, directeur de recherche à̀ l’Inserm et Didier Payen, ancien chef du service d'anesthésie-réanimation de l’Hôpital Lariboisière, à Paris, dans les colonnes du Quotidien du médecin.

Face à la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de coronavirus, les deux scientifiques lancent un appel « à tous les acteurs de la santé publique » du pays, ainsi qu’au Président de la République, Emmanuel Macron, pour évaluer et appliquer un dépistage à large échelle, présenté comme un moyen de « compléter efficacement » le confinement imposé à la population, « même s’il interviendrait tardivement ».

Selon eux, les expériences menées en Chine, en Corée du Sud ou en Italie sont la preuve de l’intérêt de cette stratégie de lutte. La Corée du Sud s’est notamment fait remarquer par la mise en place d’une campagne de dépistage massive, qui a permis de contenir l’épidémie, en y associant des mesures de prévention, sans passer par un confinement.

En France, le dépistage est limité par manque de test et de kits commerciaux de prélèvement. « La problématique des réactifs en quantités suffisantes devrait être examinée en partenariat avec les fournisseurs fabricants de kit diagnostiques du secteur privé, à travers par exemple un think tank qui regrouperait les propositions, les expertises et les forces de tous les acteurs du domaine ». Par ailleurs, concernant les prélèvements, « une solution de substitution à l’écouvillonnage mérite d’être explorée ».

Des tests spécifiques accessibles

La mise en place de ce dépistage impliquerait la mise à disposition dans les laboratoires français de test par PCR en temps réel (RT-PCR). « Nous souhaitons rappeler que plusieurs protocoles de dépistage du SARS-CoV-2 par RT-PCR en laboratoire ont été validés par les autorités compétentes au niveau mondial et sont disponibles. » Ces protocoles ouverts « devraient pouvoir être adaptés par des laboratoires réalisant des tests de biologie moléculaire classiques ».

« Au-delà des laboratoires de virologie, les tests pourraient être pratiqués facilement et largement dans de nombreux laboratoires effectuant des analyses de biologie moléculaire (…) dès lors qu’ils disposent de machines de RT-PCR en temps réel », ont précisé les scientifiques. « Ceci permettrait d’augmenter considérablement la capacité de dépistage. »

A l’inverse de la France, d’autres pays touchés par l’épidémie se sont rapidement orientés vers un dépistage massif. C’est le cas de l’Allemagne, où 12 000 tests seraient réalisés chaque jour grâce à une forte implication des laboratoires. Certains hôpitaux ont mis en place un dépistage au volant pour leurs patients qui peuvent être testés sans quitter leur véhicule, à l’image de la Corée du Sud. En France, la capacité est actuellement de 2 500 tests par jour, selon le ministère de la Santé.

Pour satisfaire les besoins en dépistage, le laboratoire bioMérieux a annoncé le lancement du test PCR en temps réel SARS-COV-2 R-GENE®, qui sera disponible fin mars.

Ce test « peut être effectué par tout type de laboratoire utilisant les techniques PCR sur la plupart des plateformes d’extraction et d’amplification d’acides nucléiques présentes sur le marché ». Il permet d’avoir un résultat en 4 à 5 heures et peut tester plusieurs patients à la fois.

La laboratorie Roche a pour sa part développé un test cobas SARS-CoV-2 qui vient d’obtenir la certification CE. Ce test peut être effectué sur les plateformes de test moléculaires « Cobas », dont sont équipés de nombreux laboratoires de ville. L’analyse est automatisée et apporte un résultat en 3h30.

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