Covid-19 et asthme : les recommandations des pneumologues

Stéphanie Lavaud

Auteurs et déclarations

20 mars 2020

France – En cette période de circulation du virus, les patients atteints de maladies respiratoires chroniques, et notamment d’asthme, sont particulièrement inquiets, que ce soit en raison de leur pathologie même, ou de leur traitement. Voici quelques informations utiles à leur communiquer.

Corticoïde inhalé ou oral : ne pas interrompre sans l’avis d’un médecin

En réponse aux l’annonce sur les risques d’aggravation respiratoire liée à la prise d’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) ou de cortisone en cas d’infection par le COVID-19, la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) a émis un communiqué [1] pour souligner que « les personnes souffrant d’une maladie respiratoire chronique (asthme, BPCO, autre) qui reçoivent un traitement par corticoïde inhalé ou oral ne doivent pas l’interrompre sans l’avis de leur pneumologue ou de leur médecin traitant, au risque de déstabiliser leur maladie (exacerbation, aggravation) ». Concernant les anti-inflammatoires non stéroïdiens (tel que l’Ibuprofène), la SPLF précise qu’ils n’ont aucune indication thérapeutique dans les maladies respiratoires chroniques. La SPLF rappelle également qu’en cas de symptômes respiratoires aggravés – augmentation de la toux, difficulté à respirer ou fièvre – le patient doit contacter son médecin traitant, son pneumologue référent ou le 15 en cas de signes de gravité.

Asthme sévère

Concernant spécifiquement les personnes asthmatiques, l’association Asthme & Allergies apporte les précisions suivantes dans un communiqué actualisé au 19 mars[2] : « il est très important de ne pas arrêter son traitement de fond contre l'asthme. Celui-ci repose sur les corticoïdes inhalés qui permettent de contrôler l’inflammation bronchique et de diminuer les exacerbations d'asthme. Par contre, en cas de toux, de gêne respiratoire et de fièvre il est, en ce moment, indispensable de prendre avis auprès de son médecin avant de débuter un traitement de cortisone par voie orale ».

Autre précision d’importance : « tous les asthmatiques ne présentent pas le même risque face à cette maladie virale qu'est le Coronavirus ». Ainsi, « une personne qui a un asthme léger bien contrôlé ne nécessitant pas un traitement de fond, ne présente pas le même risque qu'un asthmatique dont l'asthme est sévère et mal contrôlé malgré les corticoïdes inhalés voire des corticoïdes oraux quotidiens ».

Les personnes souffrant d'asthme sévère font partie des personnes à risque, ainsi que l’a mentionné le Haut Conseil de la Santé Publique dans son avis du 14 mars. A ce titre, les personnes en ALD (Affection de Longue Durée) pour cause d’asthme sévère peuvent demander à être mis en arrêt de travail sans passer par leur employeur ni par leur médecin traitant dans le cadre d’une mesure spécifique à l’infection coronavirus mis en place cette semaine par l'Assurance Maladie (https://declare.ameli.fr/). Cette possibilité devrait permettre aux personnes dont l’état de santé le justifie de se mettre à l’abri, en complément du respect des mesures barrières (A lire Les patients en ALD et les femmes enceintes peuvent se mettre en arrêt eux-mêmes pour 15 jours).

A destination des personnes qui se savent allergiques 

Avec l'arrivée des pollens, la période du printemps pose habituellement problème aux personnes allergiques. Rhinite, conjonctivite et asthme provoquent fréquemment de la toux et des sifflements. Or ces symptômes peuvent être confondus avec ceux du COVID-19. C’est pourquoi l’association précise qu’il est important que ces personnes « soient attentives à bien évaluer la nature des symptômes ressentis et à ne penser au COVID-19 que si ces derniers sont différents de ceux habituellement ressentis ».

 
Les personnes souffrant d'asthme sévère font partie des personnes à risque.
 

Questions de patients /réponses de pneumologues :

Voici un exemple des questions les plus souvent posées par les patients à Asthme & Allergie. Nous en relayons quelques-unes, les autres figurent sur le site de l’association.

Voir également le message du Dr Colas Tcherakian, pneumologue, sur notre site [ COVID-19 : « ne nous obligez pas à choisir entre les jeunes, leurs pères et leurs grands-pères » ]

Je suis asthmatique depuis longtemps et je suis toujours sous bronchodilatateur + corticoïde inhalé. Grâce à ce traitement, je n'ai plus de crise depuis des années. Quels sont mes risques face au Covid-19 ?

Votre traitement vous convient parfaitement puisque votre asthme est bien équilibré. Si vos bronches n'ont pas d'inflammation et donc que votre asthme est bien contrôlé, il faut juste respecter les consignes d'évitement, de lavage des mains, de protection du nez (foulard ou tissu n'offrent pas de grande garantie mais c'est mieux que rien à défaut de masques disponibles). Surtout n'arrêtez pas votre traitement habituel. Le risque d'infection sévère se rapproche probablement de celui observé dans la population générale dans votre classe d'âge.

Je suis asthmatique, je prends mon traitement de fond régulièrement, mais en ce moment je fais des crises la nuit et quelquefois dans la journée. Est-ce risqué que j’aille travailler en hypermarché ?

Si votre asthme n’est pas totalement contrôlé en ce moment et compte-tenu de votre exposition au public, il est plus raisonnable de demander à votre médecin traitant un arrêt de travail et de rester confiné.

Les purificateurs d'air sont-ils utiles pour lutter contre le Coronavirus ?

La transmission par voie respiratoire se fait par l’inhalation de gouttelettes expulsées par le malade, par exemple, quand il tousse ou éternue. Les coronavirus survivent quelques heures dans le milieu extérieur, sur des surfaces inertes sèches. En milieu aqueux, ces virus peuvent survivre plusieurs jours. La durée de survie est conditionnée par plusieurs paramètres comme le type de support, l’humidité résiduelle, la température, la quantité de liquide biologique et la concentration virale initiale. Concernant l’utilisation de systèmes d’épuration d’air, l'expérience a montré une absence d’efficacité clinique vis-à-vis de la diffusion de cas de bronchiolites, dues au virus respiratoire syncitial, dont le mode de transmission est similaire au coronavirus. En revanche, il est essentiel de bien aérer le domicile, matin et soir, afin de renouveler l'air ambiant. Enfin, ne fumez-pas à l'intérieur de la maison. Le tabac est un facteur de risque qui fragilise les bronches.

 

Lire aussi : COVID-19 : « ne nous obligez pas à choisir entre les jeunes, leurs pères et leurs grands-pères », C. Tcherakian, pneumologue

 

Retrouvez les dernières informations sur le COVID-19 dans le   Centre de ressource Medscape dédié au coronavirus  .

 

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