Italie — L’Italie est placée en confinement total depuis le 9 mars, un confinement qui pourrait être étendu jusqu'en mai. il s'agit désormais du pays qui compte le plus de victimes du Covid-19, devant la Chine (3405). Les écoles, les universités, les magasins sont fermés (tous sauf ceux qui vendent des produits de base comme la nourriture, les médicaments, l'électronique, ainsi que les entrepôts). Le système national de santé doit faire face à un flot continu de patients nécessitant une assistance respiratoire, sans pour l’instant que l’on entrevoit un infléchissement de la progression de la maladie sur le territoire.
À Bergame, ville de Lombardie de 100 000 habitants, où le confinement n’a pas été appliqué à la lettre au départ et où l’infection a fait, à ce jour, plus de morts que la seconde guerre mondiale, Roberto Cosentini, chef du service des urgences de l'hôpital Pape Jean XXIII, témoignait mi-mars :« C'est comme une vague. Nous avons maintenant environ 60 à 80 nouveaux patients atteints Covid-19 qui se présentent chaque jour aux urgences. La plupart d'entre eux ont une situation clinique sévère et arrivent entre 16 et 18 heures. Nous observons que la détresse respiratoire s'aggrave en fin d’après-midi et nous savons maintenant que nous allons devoir faire face tous les jours à l’arrivée de cas graves aux urgences les uns après les autres, en peu de temps ».
Ajuster la stratégie de test
«Il y a un vaste débat sur la façon dont nous menons les tests diagnostiques d’infection au SARS-CoV-2» a expliqué Giovanni Maga, directeur de l'Institut de génétique moléculaire de Pavie (Lombardie) et membre du Conseil national de la recherche italien. « De nombreux pays ne testent que les personnes présentant des symptômes. Au début de la crise, nous avons décidé de tester tous ceux qui étaient en contact avec une personne infectée par le virus, ce que l'OMS recommande également. Mais sur le long terme, cela est devenu impossible et nous ne testons maintenant que les personnes symptomatiques sévèrement atteintes ». Ce qui rend le suivi de l’évolution épidémiologique particulièrement difficile: «Si vous testez tout le monde, vous trouvez plus de cas confirmés avec des symptômes légers».
La stratégie de dépistage pourrait fortement influencer la part visible de l'épidémie: « Selon de nombreux épidémiologistes, d'autres pays pourraient bientôt être dans la même situation que celle où était l'Italie il y a quelques semaines », poursuit Giovanni Maga. « Mais comme ils ne testent pas les personnes asymptomatiques, ils ne le savent tout simplement pas ».
Le choix de la stratégie de dépistage est crucial pour faire face. «Il y a des avantages et des inconvénients pour chaque choix, mais l'important est d'essayer d'être aussi cohérent que possible sur les critères choisis depuis le début de l'épidémie».
Les USI sous une pression sans précédent
L'épidémie de Covid-19 est un véritable de test de résistance au stress pour les services de santé. Le système de santé italien, qui assure une couverture universelle à l'ensemble de la population, est national, mais l'organisation est confiée aux autorités sanitaires régionales. Lorsque la crise a éclaté, le gouvernement a repris le contrôle de décisions cruciales, comme la coordination de la disponibilité des unités de soins intensifs (USI).
Antonio Pesenti, qui coordonne le réseau des USI en Lombardie, et chef de l'unité de crise, expliquait au 13 mars comment l'Italie tentait de faire face : «Depuis les premiers jours de l'épidémie, nous avons établi un protocole de transfert des patients nécessitant des soins intensifs pour des maladies non liées à Covid-19 vers les régions du centre et du sud de l'Italie en utilisant le système CROSS de protection civile. Nous préférons ne pas transférer les patients Covid-19 car ils nécessitent un isolement spécial ». L'Italie compte environ 6 000 lits de soins intensifs, que le gouvernement prévoit d'augmenter à 9 000 dans les prochaines semaines, en réaffectant et en réaménageant notamment des salles d'opération utilisées jusqu'à présent pour les chirurgies non urgentes. Selon lui, la demande estimée en lits de soins intensifs pourrait être jusqu'à dix fois supérieure à la disponibilité actuelle : « Le nombre de patients hospitalisés attendus d'ici le 26 mars est de 18 000 pour la seule Lombardie. Entre 2 700 et 3 200 d’entre eux nécessiteront des soins intensifs ».
Quid de l'expérience chinoise concernant les soins intermédiaires
Pour faire face à un tel tsunami, l'Italie apprend de la Chine. Des unités de soins intermédiaires seront ouvertes à la fois dans les hôpitaux et dans d'autres zones, comme des halles d'exposition à Bergame et Milan. Ils seront équipés de matériel de ventilation provenant de Chine et de casques spéciaux permettant de faciliter l’assistance respiratoire non invasive qui semble utile pour les patients qui ne nécessite pas de ventilation invasive. «Nous avons besoin de tels outils parce que 33% des personnes en soins intensifs ont entre 50 et 64 ans: ce sont des personnes qui n'ont pas de pathologies préexistantes. Si nous les mettons sous ventilation invasive, ils seront en USI pendant deux à trois semaines », explique Antonio Pesenti. «Toutes les alternatives sont utiles pour soulager les unités de soins intensifs».
Les médecins italiens ont également dû affronter des problèmes éthiques. Le Collège italien d'anesthésie, d'analgésie, de réanimation et de soins intensifs (SIAARTI) a publié des recommandations pour le triage des patients en cas de pénurie de ventilateurs, afin de faciliter le processus de décision dans les situations critiques. Les recommandations s’inspirent « du principe de maximisation des bénéfices pour le plus grand nombre, les critères d'allocation doivent garantir que les patients ayant les meilleures chances de réussite thérapeutique bénéficient de l'accès aux soins intensifs», lit-on dans le document.
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Citer cet article: Covid-19: comment l’Italie fait-elle face ? - Medscape - 19 mars 2020.
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