France – AINS, corticoïdes, IEC, ARA2…Beaucoup de choses ont été dites ces derniers temps sur les traitements à prendre ou à ne pas prendre en cette période de circulation du coronavirus…obligeant les Sociétés savantes à se positionner tour à tour pour clarifier les messages. Après la Société européenne de cardiologie sur les antihypertenseurs de type IEC et ARA2, c’est au tour de la Société française de rhumatologie (SFR) de s’exprimer officiellement sur place des corticoïdes chez les patients atteints de rhumatisme chronique dans le contexte de propagation du COVID-19.
En effet, à ce jour, les personnes avec une immunodépression acquise par traitement immunosuppresseur, biothérapie et/ou une corticothérapie à dose immunosuppressive sont considérées à risque de développer une forme grave d’infection à SARS-CoV-2 (malgré l’absence de données dans la littérature en raison d’un risque présumé compte-tenu des données disponibles sur les autres infections respiratoires) selon le Haut Conseil de Santé Publique.
« Nos patients en rhumatologie font donc partie des personnes à risque, comme on pouvait s’y attendre d’ailleurs puisque l’immunité est diminuée, en plus évidement d’être souvent des personnes âgées » affirmait lundi dernier le Pr Francis Berenbaum, rhumatologue à l’hôpital Saint-Antoine (Paris) à Medscape édition française.
Pour clarifier les messages concernant les patients atteints de rhumatisme inflammatoire chronique, la SFR a distingué deux situations :
En l’absence de signes d’infection COVID-19 :
Il est conseillé aux patients de poursuivez le traitement de leur rhumatisme inflammatoire chronique (traitements de fond biologiques ou non, corticoïdes)
Sachant que l’arrêt de leur traitement risque d’entrainer une rechute de la maladie qui les fragiliserait face à l’infection
Il est rappelé que l’arrêt brutal des corticoïdes est dangereux. « Les conséquences d’arrêter brutalement la cortisone sont en effet plus importantes que le fait de la poursuivre. Si le traitement est arrêté brutalement, il y a aura un risque de décompenser le rhumatisme inflammatoire et il sera plus difficile après pour gérer une infection si elle doit survenir » expliquait en début de semaine le Pr Berenbaum sur notre site dans un article intitulé COVID-19 : que recommander aux patients traités par anti-inflammatoires ?
En revanche, dans la mesure du possible, il est souhaitable de remplacer la prise d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS) par du paracétamol et ne prendre des AINS que si le contrôle des symptômes de la maladie rhumatologique le nécessite.
En présence de signes d’infection COVID-19 : fièvre, toux, essoufflement, douleurs musculaires :
Le message est d’arrêter le traitement pour le rhumatisme inflammatoire chronique, SAUF LES CORTICOÏDES
Les AINS doivent également être proscrits. Des formes sévères d’infection COVID-19 avec pneumonie grave ont été rapportées chez des sujets jeunes ayant consommé des AINS. Dans ce cas, le traitement d’une fièvre mal tolérée ou de douleurs dans le cadre du COVID19 ou de toute autre virose respiratoire repose sur le paracétamol, sans dépasser la dose de 3 g/jour, ainsi que l’a rappelé la Direction générale de la santé (DGS) il y a quelques jours.
Les patients doivent contacter leur médecin ou leur rhumatologue pour décider de la suite de la prise en charge
Par ailleurs, ils doivent protéger leur entourage (pas de contact direct, port de masque)
Bien sûr, les précautions diffusées actuellement par les Autorités et relayés par les médias en termes de réalisation des gestes et de respect des mesures de confinement s’appliquent à tous :
Eviter les déplacements, les rassemblements
Eviter les contacts (poignées de main, embrassades…)
Se laver fréquemment les mains (eau et savon) ou utiliser une solution hydro-alcoolique
Surveiller sa température
En notant que les patients les plus fragiles, notamment les plus de 70 ans, doivent restreindre drastiquement leurs interactions sociales et reporter les soins non-urgents afin d’éviter les sorties et les salles d’attente
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Citer cet article: COVID-19 et pathologies rhumatologiques : que dire aux patients ? - Medscape - 19 mars 2020.
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