Au moment d’écrire ces lignes, près de 80 000 cas d’infection symptomatique par le SARS-Cov2 alias Covid-19 ont été officiellement déclarés, faisant déjà plus de 2500 morts. La majorité des cas et des décès se situent en Chine, et les informations contradictoires alternent avec les changements de critères pour affirmer la présence d’une infection ou pas. En l’attente d’un très hypothétique traitement antiviral (Lire Antirétroviraux ou transplantation fécale : les chercheurs tentent de combattre le Covid-19 par des stratégies connues), tous les espoirs se tournent vers la recherche de vaccin.
Vaccin à base d’ARN
Au niveau mondial, plusieurs centres de recherche se sont lancés dans une course pour la mise au point d’un vaccin efficace. A commencer par l’Université de Shanghaï, mais l’Australie, les Etats-Unis, la Russie, la France et le Royaume-Uni sont aussi sur les rangs. La piste expérimentale la plus sérieuse consiste en un vaccin à base d’ARN, qui présente l’avantage de pouvoir être produit plus rapidement qu’avec la technique consistant à inoculer des particules virales dans des œufs de poule embryonnés (comme pour la grippe, par exemple) – quelques jours, au lieu de plusieurs semaines.
Pasteur et l’Imperial College dans la course
A l’Institut Pasteur, une voie en cours d’étude et ayant déjà montré un fort potentiel contre le SRAS et le MERS se base sur la modification génétique d’une souche atténuée du virus de la rougeole, en ajoutant des gènes du virus ciblé. Il y a une quinzaine de jours environ, en collaboration avec les Chinois, l’Institut est parvenu à séquencer complètement le génome du Covid-19 et à le mettre en culture cellulaire. Christiane Gerke, qui dirige le programme vaccins chez Pasteur, confiait récemment à l’Usine Nouvelle qu’il faudrait peut-être 20 mois pour obtenir un vaccin.
A Londres, des chercheurs de l’Imperial College seraient les premiers à tester un vaccin anti-Covid-19 sur des souris. Ce vaccin a été produit par des bactéries avant d’être injecté chez les murins de laboratoire. « Nous espérons être capable de déterminer quelle réponse nous auront chez les souris, dans leur sang, dans leur réponse en termes d’anticorps au coronavirus » a expliqué le chercheur Paul McKay à l’AFP. Si les résultats se révèlent concluants, les chercheurs imaginent pouvoir passer à l’expérimentation humaine dans quelques mois, pour vérifier son efficacité en termes de production d’anticorps ciblés ainsi que des premiers éléments de sécurité. Dans le meilleur des scénarios, le vaccin serait disponible à la fin de l’année, dixit les responsables. Un scénario peut-être trop optimiste ? D’après une agence de presse chinoise, les chercheurs de Shanghaï viennent également de lancer de premières études chez la souris.
Les collaborations public/privé vont aussi bon train, via notamment le CEPI (Coalition for Epidemic Preparedness Innovations), organisme favorisant ce type de partenariat dans l’objectif de développer des traitements innovants. Deux entreprises, Moderna et CureVac, se sont ainsi positionnées dans la course du vaccin à ARN.
Sanofi prétend avoir une longueur d’avance
Quant à Sanofi, il a annoncé dans un communiqué mardi dernier qu'il s'associait au ministère américain de la Santé (BARDA) pour développer un vaccin contre le nouveau coronavirus. Le groupe pharmaceutique français prévoit d’exploiter « sa plateforme de recombinaison de l’ADN » pour produire un vaccin candidat contre le nouveau coronavirus. D’après Sanofi, cette technologie devrait permettre de parvenir à « une parfaite compatibilité génétique avec les protéines présentes à la surface du virus ».
Le géant pharmaceutique ajoute, par ailleurs, avoir « une longueur d’avance dans la mise au point rapide d’un vaccin contre le COVID19 » en raison de travaux menés précédemment sur des animaux et montrant qu’un vaccin-candidat contre le SRAS « était immunogène et conférait une protection partielle ».
En attendant un hypothétique vaccin, la priorité consiste bien entendu, dans l’immédiat, à freiner la contagion, avec de nouvelles craintes soulevées par les centaines de nouveaux cas en Italie et aussi par une équipe française dans un récent Lancet : que se passera-t-il notamment si une épidémie débute bientôt dans un pays sous-développé comme en Afrique Sub-saharienne par exemple, avec des difficultés plus marquées pour y faire face ?
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Citer cet article: Vaccin contre le Covid-19 : des promesses de mise au point rapide - Medscape - 25 févr 2020.
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