France – Selon Santé Publique France, la survenue de cas confirmés en France n’est pas un évènement inattendu, compte tenu de la situation internationale. Cependant, le risque de propagation du virus 2019-nCoV au sein de la population française est actuellement considéré comme faible « si les cas confirmés sont détectés précocement et que des mesures de contrôle adéquates sont mises en place immédiatement (isolement des malades, information et suivi de leurs contacts étroits, protection des personnels soignants) » comme c’est le cas actuellement. Le point en 5 points sur l’épidémie, qui tend toutefois à s’infléchir.
1. L’épidémie de 2019-nCoV est plus meurtrière que le SRAS en 2003, mais...
Mercredi 12 février matin, 45188 cas confirmés d’infections par le coronavirus 2019-nCoV ont été notifiés dans le monde, dont 44660 en Chine. Le nombre de décès liés au coronavirus s’élève ce jour à 1115 cas, dont 1068 dans la seule province de Hubei, épicentre de l’épidémie. Ce qui en fait désormais une épidémie plus meurtrière – en nombre absolu – que celle du coronavirus SRAS : il avait causé 774 décès parmi les 8 098 cas notifiés durant l’épidémie qui avait touché 29 pays entre novembre 2002 à juillet 2003. Évidemment, les données relatives au 2019-nCoV, et particulièrement celles liées à la mortalité, doivent être interprétées avec précaution, tant que l’épidémie continue à progresser. Il est cependant à noter une dynamique de progression des nouveaux cas moins forte sur les deux derniers jours. Dans le délai, il convient de rester extrêmement vigilant, comme le préconise le directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus dans un message posté sur twitter ce lundi, étant donné les cas d’infection identifiés chez des sujets n’ayant pas voyagé en Chine...
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2. En France, onze cas confirmés, dont 5 groupés
Jusqu’au 31 janvier, 6 cas d’infection par le 2019-nCoV étaient identifiés et pris en charge à Bordeaux et en Île-de-France, dont 1 cas sévère. Cependant, en fin de semaine dernière, 5 nouveaux cas groupés, dont un enfant de 9 ans, ont été diagnostiqués en Savoie (Contamines-Montjoie). Il s’agit de 5 Britanniques ayant séjourné dans le même chalet qu’un autre ressortissant symptomatique ayant préalablement séjourné à Singapour, et ayant été diagnostiqué après son retour en Grande-Bretagne. Tous sont hospitalisés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et leur état clinique est sans gravité. Font également l’objet d’une surveillance 5 de leurs contacts proches. Enfin, des campagnes de dépistage du coronavirus ont été menées auprès de quelques dizaines d’enfants et adultes ayant été en contact proche avec ces personnes, sans nouveau diagnostic.
« La survenue de cas confirmés en France n’est pas un évènement inattendu » souligne Santé publique France sur son site Internet, qui précise cependant que, comme l’analyse faite par le Centre européen de contrôle et prévention des maladies infectieuses (ECDC) le montre, « le risque de propagation du virus 2019-nCoV au sein de la population française (…) est actuellement considéré comme faible si les cas confirmés sont détectés précocement et que des mesures de contrôle adéquates sont mises en place immédiatement (isolement des malades, information et suivi de leurs contacts étroits, protection des personnels soignants). »
Pour plus de renseignements pour les personnes directement concernées, l’ARS a mis en place un numéro vert 0800.100.379.
Le point épidémiologique de Santé Publique France .
3- Une définition des cas modifiée par Santé publique France
Dans le courant de la semaine dernière, l’agence nationale a fait évoluer la définition des cas à coronavirus 2109-nCoV. Ainsi, le critère concernant la fièvre a été modifié et l’exposition à un marché d’animaux à Wuhan a été retirée. Par conséquent, les deux profils cliniques sont définis tels quels :
- Toute personne présentant des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë basse, quelle que soit sa gravité, avec une fièvre ou une sensation de fièvre, ET ayant voyagé ou séjourné dans la province de Hubei en Chine dans les 14 jours précédant la date de début des signes cliniques.
- Toute personne présentant des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë haute ou basse, quelle que soit sa gravité, dans les 14 jours suivant (a) un contact étroit avec un cas confirmé symptomatique, (b) l’exposition aux mêmes risques (séjour, voyage dans la province de Hubei) qu’un cas confirmé, (c) le travail ou le séjour dans un hôpital en Chine dans lequel un cas d’infection a été confirmé.
Par ailleurs, les voyageurs ayant séjourné en Chine doivent durant les 14 jours suivant leur retour : Surveiller leur température 2 fois par jour, porter un masque chirurgical en présence de leur entourage et en dehors du domicile, réduire leurs activités non indispensables et la fréquentation de lieux où se trouvent des personnes fragiles, se laver les mains régulièrement.
4. Quelle marche à suivre pour le professionnel de santé confronté à un cas suspect ?
Pour mémoire, tout patient suspect d’infection par le 2019-nCoV ne doit pas se rendre directement chez le médecin, ni aux urgences hospitalières. Il doit prendre contact avec le Samu-Centre 15 pour analyse, classement et mise en place des premières mesures de prise en charge.
Tout médecin prenant en charge un patient suspecté de répondre à la définition d’un cas possible doit prendre contact avec un infectiologue référent et le Samu/Centre 15, si le patient est pris en charge en ville.
Le classement en cas possible impose un signalement au point focal régional de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et à différents correspondants de l’établissement hospitalier (directeur, laboratoire de microbiologie, l’équipe opérationnelle d’hygiène, référents en infectiologie). Il doit aussi faire l’objet de prélèvements respiratoires qui doivent être envoyés au CNR (Centre national de référence). Si le cas est confirmé, le CNR informe le médecin, les référents hospitaliers sus-nommés, l’ARS et Santé Publique France.
>Pour en savoir plus sur la conduite à tenir
>La fiche de déclaration de cas suspect ou possible
> Fiche récapitulative du COREB (Coordination Opérationnelle Risque Epidémique et Biologique) à destination des soignants de première ligne.
Pour mémoire, le COREB a publié fin janvier un document de formation et d’information à destination des professionnels de santé sur la prise en charge des patients atteints d’infections à 2019-nCoV.
5. L’OMS propose une formation en ligne rapide et gratuite sur le coronavirus 2019-nCoV
L’OMS propose une plate-forme Web interactive OpenWHO sur laquelle des cours en ligne permettent principalement aux professionnels de santé publique, aux gestionnaires d'incidents, coordonnateurs d’urgence et aux membres d’ONG, de perfectionner leurs connaissances sur différents aspects sanitaires. Depuis quelques jours, l’OMS a, avec des experts, mis sur pied une formation spécifique gratuite sur le coronavirus, permettant de faire le point sur le 2019-nCoV ainsi que sur les virus respiratoires émergents plus largement (détection, prévention, réponse, contrôle). La formation est accessible sur simple inscription sur le site OpenWHO. Les modules sont en anglais ou traduits en français.
L’Organisation internationale organise par ailleurs un forum en collaboration avec la Global Research Collaboration for Infectious Disease Preparedness (GLOPID-R) les 11 et 12 février à Genève réunissant les acteurs clés (scientifiques, agences de santé, représentants gouvernementaux et financeurs de la recherche) dans le but d’identifier les principaux axes de recherche à déployer dans la lutte contre ce nouveau coronavirus.
Cet article a été initialement publié sous l’intitulé « Coronavirus : les questions des patients, vos réponses » sur le site Univadis.fr le 11 février 2020, actualisé par Stéphanie Lavaud pour Medscape édition française.
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Citer cet article: L’actualité du coronavirus en 5 points clés - Medscape - 12 févr 2020.
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