France -- Alors que le nombre de décès en Chine dus au coronavirus a dépassé les 1000 cas, le nombre de personnes contaminées en France est passé à 11 ce week-end, avec les 5 nouveaux cas alpins (4 adultes et 1 enfant) [1]. Dans ce contexte d’urgence de santé publique de portée internationale, tel que déclaré par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) le 30 janvier dernier, nous faisons le point sur la transmission du virus afin de vous permettre de répondre aux questions de vos patients, et ce en se fondant sur des sources sûres (Ministère de la Santé, Organisation Mondiale de la Santé, CDC américains [2,3,4]).
Certaines de ces informations peuvent évoluer au gré du temps, de par une meilleure connaissance du virus ou de sa pathogénie. Les éléments de réponse suivant peuvent donc être amenés à évoluer.
Que sait-on des voies de transmission avérées ?
Le coronavirus est une famille de virus, qui peut provoquer de nombreuses pathologies, notamment saisonnières comme les rhumes. Le virus identifié en Chine (2019-nCoV) est nouveau : il est suspecté d’avoir été initialement transmis par les animaux, mais la transmission interhumaine est aujourd’hui établie.
La transmission du virus se fait par voie aérienne (postillons durant les éternuements et la toux) lors d’un contact rapproché avec une personne malade. On considère qu’une personne a eu des contacts étroits avec un malade lorsqu’ils ont eu le même lieu de vie alors que ce dernier était symptomatique ou lorsqu’ils ont eu un contact direct, en face à face, à moins de 1 mètre au moment d’une toux, d’un éternuement ou d’une discussion sans mesure de protection efficace. La contagiosité pendant la période d’incubation n’est pas avérée.
A ce stade, aucune transmission par voie alimentaire n’a été rapportée, mais la transmission du virus est théoriquement possible transitoirement via les aliments (produits animaux dont le lait originaire des régions épidémiques) s’ils sont peu ou pas cuits, ou non pasteurisés.
Comme les autres virus, le coronavirus résiste jusqu’à 3 heures sur des surfaces inertes sèches et jusqu’à 6 jours en milieu humide. Par ailleurs, les mesures d’hygiène standard (lavage des mains, solution hydro-alcoolique) sont efficaces contre le virus. Par analogie avec les autres coronavirus, les produits de désinfection utilisés pour les dispositifs médicaux et les produits d’entretien (comme l’eau de javel et les produits hydro-alcooliques) sont efficaces contre ce nouveau coronavirus.
Quel est le risque de contamination au contact de produits ou de colis expédiés de Chine ?
La survie des virus n’étant que de quelques heures sur une surface inerte (cf ci-dessus), il n’existe pas de données permettant de soutenir que la transmission du coronavirus 2019-nCoV soit possible au contact d’un colis ou d’un produit importé de Chine.
Quel risque existe-t-il avec les animaux de compagnie ?
Les données actuelles ne sont pas assez étoffées pour savoir si les animaux de compagnie peuvent être infectés par le 2019-nCoV à partir d'une autre source animale ou à partir d'un individu, ni pour savoir s'ils pourraient dès lors transmettre le virus aux humains. En conséquence, il est recommandé aux voyageurs d’éviter les contacts avec les animaux vivants ou morts s’ils se rendent en Chine. Il n’existe aucune donnée permettant de penser qu’il existe un risque d’infection des animaux de compagnie sur le territoire français.
La famille des coronavirus est large et comporte traditionnellement des virus aptes à circuler entre les animaux de compagnie (chat, chien) et l’humain. Il est donc, dans tous les cas, préférable de prendre des précautions en portant un masque et en évitant les contacts avec ces animaux en cas de symptômes d’infection à coronavirus.
À l’heure actuelle, quels sont les patients chez lesquels un risque d’infection à coronavirus peut être suspecté en France ?
Deux profils cliniques sont définis :
- Toute personne ayant voyagé ou séjourné dans la province de Hubei en Chine dans les 14 jours précédant la date de début des signes cliniques et présentant des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë basse, quelle que soit sa gravité, avec une fièvre supérieure à 38,0°C,
- Toute personne présentant des signes cliniques d’infection respiratoire aiguë haute ou basse, quelle que soit sa gravité, dans les 14 jours suivant (a) un contact étroit avec un cas confirmé symptomatique, (b) l’exposition aux mêmes risques (séjour, voyage dans la province de Hubei) qu’un cas confirmé, (c) le travail ou le séjour dans un hôpital où un cas d’infection a été confirmé, (d) le travail ou la visite d’un marché d’animaux vivants à Wuhan.
Quels conseils apporter aux voyageurs ?
Il n’existe à l’heure actuelle aucune restriction de voyage ou de commerce. Il est recommandé aux voyageurs de suivre l’évolution des recommandations aux voyageurs via le site de l’OMS ou sur diplomatie.gouv.fr , sur lesquels la liste des pays concernés par l’épidémie est tenue à jour. Par ailleurs, un accueil spécifique des voyageurs, assuré notamment par des professionnels médicaux et paramédicaux, est mis en place aux aéroports de Roissy et de Saint-Denis de la Réunion pour les vols en provenance de Chine, Hong-Kong et Macao.
Quels conseils en cas de séjour en Chine ?
Il est recommandé d’éviter tout contact rapproché avec des personnes ayant de la fièvre et qui toussent, avec des animaux vivants ou morts, notamment dans les marchés et de ne pas manger de viande non ou peu cuite. Il est recommandé de se laver régulièrement les mains avec du savon ou des solutions hydro-alcooliques et de se conformer aux recommandations locales.
Si le voyageur présente des symptômes d’infection respiratoire (fièvre, toux, difficultés respiratoires), il doit rapidement consulter un médecin sur place. Il lui est recommandé de porter un masque chirurgical en cas de contacts, d’utiliser des mouchoirs jetables et de se laver régulièrement les mains.
Quelle est la marche à suivre en cas de symptômes après un voyage dans un pays à risque ?
Si le voyageur présente des symptômes dans les 14 jours suivant son retour, il ne doit pas de se rendre chez son médecin traitant ou aux urgences, pour ne pas favoriser une éventuelle transmission. En revanche, il doit rapidement contacter le Samu-Centre 15 en faisant état des symptômes et des pays visités, qui lui indiquera la marche à suivre. Dans le délai, le patient doit éviter les contacts avec d’autres personnes, porter un masque chirurgical le cas échéant, se protéger la bouche en cas de toux, utiliser des mouchoirs jetables et se laver régulièrement les mains (Voir aussi Suspicion d’infection au coronavirus : la présidente de la SFMU explique la conduite à tenir).
Numéro vert "Coronavirus" : 0800 130 000, ouverte de 9 h à 19 h, 7/7 j
Le gouvernement a ouvert une ligne gratuite permettant d’obtenir des informations sur le 2019-nCoV et des conseils si vous avez voyagé dans une zone où circule le virus ou côtoyé des personnes qui y ont circulé.
En revanche, cette plateforme n’a pas vocation à recevoir les appels des personnes qui ont des questions médicales liées à leur propre situation : en cas de doute, si elles ont séjourné dans une zone où circule le virus et ont des symptômes évocateurs (fièvre, toux, difficultés respiratoires), elles doivent appeler le SAMU Centre 15, qui les orientera.
Par ailleurs, une FAQ en ligne est disponible sur le site du Gouvernement
Cet article a été initialement publié sous l’intitulé « Coronavirus : les questions des patients, vos réponses » sur le site Univadis.fr le 4 février 2020, complété par Stéphanie Lavaud pour Medscape édition française.
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Citer cet article: Que répondre à vos patients sur la transmission de nouveau coronavirus - Medscape - 11 févr 2020.
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