Démissions groupées : les chefs de service reçoivent une réponse glaciale et sans empathie

Paris, France — Alors que le nombre de démissions actées ou annoncées de chef.fe.s de service de l’hôpital public augmente jour après jour (voir en fin d’article), ces derniers vont de désillusion en désillusion.

Après la fin de non-recevoir du gouvernement sur l’ensemble de leurs revendications mi-janvier, les premières réponses de leur hiérarchie administrative sont parfois d’une indifférence déconcertante.

En témoigne la lettre de réponse à la démission des chef.fe.s de service et hauts responsables de l’hôpital Bicêtre que nous a fait parvenir le Pr Xavier Mariette (Service de Rhumatologie adulte; CHU Paris-Sud - Hôpital de Bicêtre).

« Une lettre au ton glacial et agressif sans même une formule de politesse, nous remerciant sèchement comme si nous quittions l'AP-HP alors que, même si nous ne sommes plus chefs de service, nous continuons bien sûr à soigner, enseigner et chercher, ce qui est notre triple mission. Par ailleurs, sa seule priorité est de nous remplacer sans la moindre empathie et sans aucun intérêt pour le combat que nous menons et qui devrait être complètement partagé par eux », explique le chef de service.

« Si je vous communique cette lettre, c'est qu'elle a entrainé une vive émotion, quelquefois jusqu'aux larmes chez beaucoup d'entre nous, et qu'elle illustre le profond malaise de l'hôpital, les directeurs étant totalement déconnectés de la réalité du terrain », précise-t-il (lire la lettre ci-dessous).

194 démissions effectives et près de 170 déjà prévues cette semaine

Une semaine après les premières démissions, dimanche, le Comité Inter-hôpitaux (CHI) a fait le point sur les démissions effectives (194) et les engagements à démissionner (1266).

Dans le détail, les 194 démissions qui ont été transmises aux directeurs d’hôpitaux concernent : Robert Debré APHP : 27 démissions ; Rennes : 54 démissions ; Douai : 8 démissions ; Salon de Provence : 6 démissions ; Lyon : 28 démissions ; Saint Denis : 5 démissions ; Saclay APHP : 56 démissions ; Saint Malo : 1 démissions ; Orleans : 9 démissions ;  Dax : 3 démissions ; Beaujon : 2 démissions.

Et, « de nombreux rendez-vous sont prévus cette semaine pour remise officielle des lettres concernant au minimum 169 démissions », indique le CHI : Hôpital Saint Louis APHP : 18 démissions, ; Nantes : 7 démissions ; Brest : 5 démissions ; Caen : 36 démissions ; Marseille : 63 démissions ; EPS Ville Evrard ; CH Montfavet (Avignon) : 9 démissions ; Annecy : 13 démissions ; CH Sud Francilien : 31 démissions.

Des démissions sont aussi annoncées à Montauban, Pau, La Réunion, Grenoble, Saint-Etienne, Toulouse, Limoges… dans les prochains jours.

Un appel à intensifier les actions

Face au blocage auquel les médecins font face, le CIH appelle « à intensifier le mouvement des démissions et à boycotter les réunions administratives concernant le financement de l’hôpital et l’évaluation comptable de l’activité médicale ».

Il demande aussi « aux présidents de Commission Médicale d’Etablissement de s’engager publiquement à ne pas proposer aux directions de remplaçants pour les postes de chefs de service ».

Enfin, le CIH rappelle que « le mouvement de démission s’inscrit dans le mouvement national de mobilisation pour sauver l’hôpital public », que leurs revendications restent les mêmes et demande « toujours l’ouverture immédiate de négociations ».

 

Crédit photo : Collectif Inter-Hôpitaux

 

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Citer cet article: Démissions groupées : les chefs de service reçoivent une réponse glaciale et sans empathie - Medscape - 3 févr 2020.