Paris, France— En direct du congrès de l’Encéphale, le Dr Thierry Gallarda, pyschiatre, psychothérapeute à l’hôpital Saint Anne à Paris, aborde la question de l’épisodicité du sentiment de transidentité ou de dysphorie de genre (détresse due à la discordance entre l’identité de genre d’une personne et son sexe d’assignation à la naissance).
Face à un sentiment qui n’est pas forcément linéaire dans le temps, il insiste sur l’importance de prendre son temps avant toute décision de réassignation de sexe pour éviter tout regret.
« A certains moments de mon existence, notamment à l’adolescence ou à la crise du milieu de la vie, je peux me sentir particulièrement en difficulté par rapport à mon genre, m’inscrire dans une demande parfois pressante de transition […] L’épisodicité des demandes de transition est réelle », a expliqué le Dr Gallarda.
A ces périodes, il y a donc un risque de s’engager dans un processus de transition sexuelle que l’on pourrait regretter par la suite.
Comment ne pas en arriver là
Pour l’éviter, « il est important de se donner un peu de temps et d’évaluer au maximum avec le sujet pourquoi cette demande devient aussi pressante, comment elle a pu éclore, comment on peut l’accompagner, comment elle s’inscrit dans un contexte familial, notamment à l’adolescence, ou parfois dans un contexte d’angoisse du vieillissement à la maturescence [...] Il faut prendre ce temps pour éviter des regrets ou des complications lorsque des hormonothérapies ou des chirurgies sont intempestives », insiste le Dr Gallarda.
Transition : éviter la iatrogénie et les regrets
« La question de la iatrogénique est très importante et elle impose le recours à des spécialistes notamment en endocrinologie et en chirurgie. L’endocrinologie va devoir s’adapter aux âges de la vie. A l’adolescence et à la maturescence, les enjeux hormonaux sont non négligeables. Les spécialistes vont être à même d’ajuster au mieux des posologies, voire d’identifier des contre-indications des traitements hormonaux.
Sur la question de la prise d’hormones au long cours, il y a très peu d’études mais des études commencent à montrer des risques éventuels de cancer, des risques cardiovasculaires ou d’ostéoporose. Il est donc très important d’avoir un suivi de soins. Ce qui pèche notamment dans notre pays, c’est une politique de santé destinée à ces populations qui sortent des radars une fois qu’elles ont fait leur transition. Il faut s’intéresser à la iatrogénie, au suivi de ces traitements tout au long de la vie.
Enfin, sur les questions de chirurgie, les regrets sont extrêmement rares mais ils existent. J’en ai malheureusement rencontré deux ou trois fois. Il s’agissait plutôt de personnes, qui de manière très hâtive, s’étaient rendues à l’étranger avec des moyens importants qui leur permettaient d’avoir accès à des circuits de soins qui n’étaient pas balisés, qui avaient eu des chirurgies un peu trop rapidement et qui regrettaient leur chirurgie. Ce sont des situations très difficiles qui nécessitent un accompagnement de la personne et de sa famille. »
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Citer cet article: Changement de sexe : attention à la dysphorie de genre épisodique - Medscape - 3 févr 2020.
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