Montpellier, France – Créée par une ex-malade à destination des autres patientes atteintes de cancer du sein, et validée en phase pilote par les services d’oncologie, myCharlotte est la première application mobile qui sert de coach aux patientes pendant et après les traitements à l’hôpital, lorsqu’elles doivent prendre en main leur qualité de vie. Destinée à lutter contre les effets secondaires des traitements, l’app propose une centaine de sessions d’activités physiques et mentales quotidiennes, yoga, méditation… (un algorithme les adapte à l’état général et aux effets secondaires ressentis).
Testée en phase pilote auprès de 250 patientes dans différents services d’oncologie de l'AP-HP et de l’AP-HM mais aussi à l’Institut du Sein du Grand Toulouse et via le réseau de patientes Mon Réseau Cancer du Sein, l'application est disponible – gratuitement – depuis le 15 octobre dernier. Elle compte aujourd'hui 1500 utilisatrices.
Nous avons demandé au Dr Arlette Pommeyrol qui fait partie aux côtés du Pr Christophe Tournigand (Henri Mondor, Créteil) et du Dr Claude Boiron (anciennement à l'hôpital René-Huguenin, Saint-Cloud) du Comité scientifique de MyCharlotte, de commenter les bénéfices de l’appli.
Par une patiente pour les patientes
A l’origine du projet myCharlotte, Charlotte Mahr, une ancienne patiente touchée à deux reprises et jeune (28 et 35 ans) par un cancer du sein. Très affectée par sa première expérience du cancer, très difficile, et au cours duquel elle a, par exemple, pris beaucoup de poids et subi une importante fonte musculaire, Charlotte Mahr a souhaité partager les pratiques qui lui ont permis que sa deuxième expérience du cancer ne ressemble pas à la première en termes de gestion des effets secondaires. Devenue professeur de Pilates pour les patientes du cancer, elle est très épaulée par son mari, Grégoire Nédelec. Tous deux ont abandonné leurs carrières respectives pour se consacrer à myCharlotte, entre Paris, Vienne et Montpellier, où la start-up est incubée.
Résultat : une application pratique, sobre et clair avec, au programme, des exercices adaptés de Pilates et de yoga à faire à domicile et dont on choisit la durée. Des soignants expliquent aussi, via des mini-séries vidéos, les origines des effets secondaires les plus fréquents – troubles du goût ou du sommeil, bouffées de chaleur, incontinence, douleurs musculaires, bourdonnements d'oreille... Techniques de relaxation, auto-hypnose ou encore méditations guidées permettent de mieux appréhender les états d'angoisse liés à la maladie.
L’activité physique pour lutter contre les effets secondaires du cancer
Testée en phase pilote auprès de 250 patientes dans différents services d’oncologie de l'AP-HP et de l’AP-HM mais aussi à l’Institut du Sein du Grand Toulouse via le réseau de patientes Mon Réseau Cancer du Sein, l’appli répond parfaitement aux recommandations actuelles en termes de prise en charge du cancer. Qu’il s’agisse de mieux supporter la fatigue liée à la chimiothérapie, de diminuer les risques de récidive, ou de retrouver une meilleure qualité de vie... Les bienfaits de l'activité physique chez les patientes atteintes d'un cancer du sein, soit au cours du traitement, soit en post-traitement, sont maintenant bien établis.
« Que faire de sa vie quand on a une maladie grave ? Comment se prendre en charge ? Éviter la rechute ? Rester en bon état général ? Après le cancer, alors qu'on conserve des blessures physiquement et psychiquement, comment faire pour se réapproprier son corps ? » énumère le Dr Arlette Pommeyrol, oncologue et organisatrice de séjours post-cancers. Et de répondre immédiatement : « Un des instruments, c'est l'activité physique. »
En complément de cours en présentiel
A quelles patientes l'application est-elle destinée ? « A tout type de patientes, et en particulier celles qui commencent leur traitement pour les aider à limiter les effets secondaires », répond Arlette Pommeyrol. D'après elle, il n'y a pas de limitation d'âge car « le principe de l'application est de s'adapter aux capacités des patientes ». Celles-ci peuvent renseigner chaque jour leur niveau de fatigue notamment, un tableau de bord individualisé permet de suivre les progrès.
Reste que cette application ne peut remplacer les bénéfices d'un cours avec un professeur en chair et en os. Par ailleurs, la Dr Pommeyrol rappelle que les cours « grand public » peuvent être poursuivis par celles qui pratiquent déjà. Mais elle souligne que les limitations physiques et la fatigabilité liées à la maladie et aux traitements peuvent être source de déséquilibre avec le groupe, et finalement décourageantes.
Pour la spécialiste, les patientes qui ont accès à des structures et associations proposant de l'activité physique adaptée aux femmes atteintes d'un cancer du sein, ont tout intérêt à participer à un cours « en présentiel » de temps en temps tout en complétant leur programme avec l'application. De fait, l'application permet une régularité et, on le sait, en matière d'activité physique, même (surtout) quand on est malade, la régularité est la clef de la réussite.
Un accompagnement humain
Pour la suite, l’équipe prévoit d’élaborer la mise en place d'un accompagnement humain (coaching avec patiente experte), qui sera financé par des partenaires. « L'accompagnement sera constitué d'entretiens téléphoniques et d'un suivi par messagerie, et visera à soutenir les utilisatrices dans la mise en place d'une routine bénéfique à la gestion de leurs effets secondaires, écouter et échanger sur la gestion des différentes phases de la maladie, échanger sur le retour à la vie active. Un accompagnement par des coachs dans les disciplines proposées par myCharlotte sera également disponible », a expliqué Charlotte Mahr a Medscape édition française.
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Citer cet article: Cancer du sein : myCharlotte, la 1ere appli pour coacher les patientes - Medscape - 24 janv 2020.
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