Paris, France -- Le 24ème congrès de pneumologie de langue française (CPLF) débute ce jour et se tiendra jusqu'au 26 janvier au Parc des Expositions (Porte de Versailles) dans la capitale française. Localisation parisienne oblige : les organisateurs attendent plus de 5000 inscrits pendant les trois jours de congrès. Au cours d'une conférence de presse, le Pr Nicolas Roche (pneumologue, Hôpital Cochin, Paris), Président de la Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) a présenté le fil rouge – asthme et allergie – de cette édition et a révélé les résultats d'un sondage réalisé auprès de patients asthmatiques.
Le Pr Roche a rappelé que le parcours de soin des patients asthmatiques posait toujours problème, en particulier aux « deux extrêmes » de la maladie. « Les patients présentant un asthme relativement léger, considéré à tort comme plus bénin qu'il ne l’est réellement, sont sous-traités. Et les patients souffrant d'asthme sévère, qui ne sont pas identifiés comme tels, n'accèdent pas aux traitements adéquats, c'est-à-dire aux biothérapies, à la thermoplastie bronchique dans certains cas, etc.... » a-t-il détaillé.
Premiers résultats d'un sondage inédit
Au cours de ce congrès, la problématique du parcours de soin du patient asthmatique sera, par ailleurs, abordée au cours de différentes sessions. « La question d'accès aux soins pour cette maladie respiratoire très fréquente pose toujours problème » a-t-il résumé. Avant de révéler les résultats d'un sondage réalisé récemment par différentes sociétés savantes et associations* en vue de l'élaboration d'un livre blanc sur l'asthme. Mené auprès de 502 patients asthmatiques, ce sondage met en exergue les inégalités face à l'asthme : inégalités d'accès aux soins et inégalités sociales qui exposent plus à l'asthme.
* SPLF, FFP, Fondation du Souffle, SFA, SP2A, Asthme et Allergie et la FFAAIR avec le soutien institutionnel du laboratoire AstraZeneca.
Quels sont les chiffres à retenir ?
29 % des sondés déclarent que l'accès à un spécialiste est difficile soit à cause des délais d'attente (72%) soit à cause des distances importantes par rapport au domicile (24%).
40 % des sondés n'ont jamais consulté de spécialiste – pneumologue ou allergologue. « C'est très gênant car cela signifie qu'ils n'ont pas d'explorations de la fonction respiratoire » a commenté le Pr Roche qui a rappelé que « tout asthmatique devrait avoir au moins d'une fois au démarrage, et ensuite plus ou moins fréquemment en fonction de la sévérité de la maladie, une exploration de la fonction respiratoire ».
27 % des patients, dont 37% des moins de 34 ans, se sont déjà rendus aux urgences à cause de leur asthme. « C'est un chiffre élevé, plus important que ce que j'aurais imaginé, alors qu'avec une bonne prise en charge on pourrait rêver qu'il n'y ait plus aucun passage aux urgences pour asthme » a-t-il indiqué.
Seule un peu plus de la moitié de ces sondés souffrant d’asthme (57%) considère que le tabagisme est un facteur d'aggravation de la maladie alors qu'ils sont 80 % à incriminer la pollution de l'air extérieure.
Asthme et sport
Le Pr Roche a profité de cette présentation générale pour revenir sur la question du sport chez le patient asthmatique parce qu'il « ne faudrait plus voir circuler des dispenses médicales pour cause d'asthme ». Il a rappelé que le but des traitements était justement d'autoriser l'activité physique aux asthmatiques, adultes comme enfants. « Il n'y a aucune raison de priver un enfant de sport » martèle-t-il.
Quelle conduite à tenir devant un enfant qui siffle ? « Si un enfant siffle, je fais une dispense et je réfléchis à adapter les traitements. Il faut également un plan d'accueil individualisé (PAI) pour que l'enfant puisse utiliser ses traitements de secours à l'école » conseille le pneumologue.Pollution atmosphérique et rhinite allergique
Autre aspect toujours en lien avec le fil rouge ; la pollution extérieure parce qu’elle fait aussi « le lit de l'asthme » selon les mots du Pr Roche. L'association entre la pollution atmosphérique et la rhinite allergique a d’ailleurs été confirmée par les résultats de la cohorte française Constances qui a inclut plus de 18 000 participants [2].
Des associations significatives ont été mises en évidence entre différents polluants et la rhinite allergique.
En conclusion de leur article, les auteurs plaident qu'« au vu de la prévalence très élevée de la rhinite, et des coûts que celle-ci engendre, ces résultats ont un impact important en santé publique et renforcent la nécessité de diminuer l’exposition à la pollution atmosphérique de la population ».
« Cette association n'est pas nouvelle mais c'est la première fois qu'elle est confirmée à l'échelle de la France » a commenté le Pr Roche.
Actualités Medscape © 2020 WebMD, LLC
Citer cet article: Asthme : sa prise en charge n’est toujours pas optimale - Medscape - 24 janv 2020.
Commenter