Montreuil, France — Alors que la pratique sportive et physique arrive souvent en première place des bonnes résolutions de début d’année, le coup de pouce des médecins, la prescription de l’activité physique sur ordonnance, tarde à se mettre en place, selon des données du 8ème baromètre Sport Santé réalisé par la Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire et publiées récemment [1].
Depuis le 1er mars 2017, les médecins peuvent prescrire de l’activité physique aux patients souffrant d’une Affection De Longue Durée (ALD),avec une possibilité de remboursement selon les mutuelles.
Cependant, ce décret n’est pas toujours appliqué comme en témoigne l’enquête de la Fédération Française d’Education Physique et de Gymnastique Volontaire réalisée avec Ipsos auprès de 2000 adultes dans 12 régions françaises du 14 au 19 décembre 2018.
Prescription du sport : on peut mieux faire
Sur l’ensemble des sondés, 28% ont déclaré souffrir d’une ALD et parmi eux près d’un tiers ne pratiquait aucune activité physique.
Or seulement 39% des patients en ALD se sont vus prescrire une activité physique.
Pourtant, 34% des Français qui n’ont pas eu de recommandation de la part de leur médecin auraient souhaité que ce dernier leur préconise la pratique régulière d’une activité physique et sportive, adaptée à leur condition physique et à son état de santé, indique la FFEPGV.
L’activité physique plus souvent recommandée
Si les prescriptions ne semblent pas encore faire partie des automatismes, il faut reconnaitre que les médecins recommandent de plus en plus souvent la pratique d’une activité sportive à leurs patients. Un sondé sur deux a reçu de la part de son médecin des recommandations pour pratiquer une activité physique…mais sans savoir laquelle pour 51% des Français – une lacune qu’ils déplorent.
Ces recommandations, même générales, n’ont cependant pas été inutiles puisqu’en dépit du manque de conseil précis, plus d’un Français sur quatre a déclaré avoir commencé une activité sportive à la suite de la recommandation de son médecin. Une recommandation qui a doublé en 1 an : en 2017, seulement un français sur cinq s’était vu conseiller la pratique d’une activité physique et sportive par son médecin, selon le 7ème baromètre Sport-Santé.
La formation des médecins, un enjeu de santé publique
Afin d’accompagner la mise en œuvre et le déploiement du Sport sur ordonnance, des initiatives se sont progressivement mises en place pour accompagner les médecins dans leurs prescriptions (formations universitaires, DUs, travail associatif, site ARS …)
Enfin, la Haute Autorité de Santé (HAS) a publié, fin 2018, un guide pratique regroupant un socle de connaissances et outils pratico-pratiques pour conseiller l’activité physique à tout un chacun. S’y ajoutent 6 fiches décrivant spécifiquement la démarche à suivre lorsqu’il s’agit d’en prescrire dans les pathologies chroniques suivantes : obésité, diabète de type 2, HTA, maladie coronaire stable, AVC, BPCO.
Toutefois, selon Patricia Morel, Présidente de la FFEPGV « depuis le décret de 2017, le sport sur ordonnance tarde à se mettre en place car les médecins manquent d’accompagnement et de formation. ».
Comment lever les obstacles ?
En 2018, le député LREM, Belkhir Belhaddad , qui avait fait le bilan de la prescription sur ordonnance pour les ALD « un an après », avait formulé 10 propositions pour promouvoir la nouvelle stratégie thérapeutique non-médicamenteuse. Elles restent d’actualité :
intégrer la consultation médicale dans la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) ;
faire prendre en charge par la sécurité sociale les séances d’APA ;
étendre la prise en charge complémentaire ;
proposer des licences sport-santé à des tarifs préférentiels ;
améliorer l’information et la formation des médecins traitants ;
assouplir les exigences en matière de formation des intervenants spécialisés;
élaborer des référentiels clairs pour les différents acteurs ;
proposer des indicateurs pour évaluer les retombées du décret du 30 décembre 2016 ;
développer des études médico-économiques sur l’impact de la prescription d’activités physiques ;
étendre le décret du 30 décembre 2016 aux patients souffrant d’hypertension artérielle, ainsi que d’autres pathologies y compris mentales.
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Citer cet article: ALD : le sport sur ordonnance n’est toujours pas un automatisme - Medscape - 10 janv 2020.
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