Madrid, Espagne— Coup de théâtre dans le domaine de la recherche sur la maladie d’Alzheimer. Le laboratoire Biogen, qui avait abandonné ses recherches sur l’anticorps monoclonal aducanumab comme traitement potentiel en mars 2019, a annoncé fin octobre, que de nouvelles analyses concluaient à l’efficacité du médicament !
Cette annonce suscite de nombreux espoirs, alors que tous les essais cliniques réalisés depuis plus de 20 ans dans la maladie d’Alzheimer ont fait chou blanc et que la maladie reste, aujourd’hui encore, orpheline de traitement.
Les données devront, toutefois, être confirmées lors de la présentation officielle des résultats de l’essai le 5 décembre à San Diego lors du 12ème congrès sur les essais cliniques dans la maladie d’Alzheimer.
Suite à une intervention sur les nouveaux traitements dans la maladie d’Alzheimer à l’Académie de Médecine le 19 novembre 2019[1], le Pr Bruno Vellas, éminent spécialiste de la maladie d’Alzheimer (Responsable du Gérontopôle de Toulouse, responsable du Centre de mémoire de ressource et de recherche clinique de la maladie d'Alzheimer à l’Université de Toulouse, membre de l’Académie nationale de médecine), a accepté de commenter ce revirement à 180° pour Medscape édition française (voir la vidéo).
La désillusion n’aura duré que quelques mois
Pour rappel, les laboratoires Biogen et Esaï ont lancé simultanément, en 2015, deux essais randomisés en double aveugle contre placebo EMERGE (n=1638) et ENGAGE (n=1647) pour évaluer l’efficacité et la sécurité de l’Aducanumab, un anticorps monoclonal ciblant le peptide amyloïde bêta mis en cause dans la maladie d’Alzheimer.
Toutefois, en mars 2019, les laboratoires ont interrompu les deux essais en cours car une analyse dite de « futilité » (qui simule le résultat probable de l’étude à partir des données des premiers patients inclus) suggérait, après 18 mois de traitement chez 1748 patients, que le traitement était inefficace.
Mais, six mois plus tard, nous assistons à un retournement total de situation.
Le laboratoire annonce que suite à l'abandon des essais, des données supplémentaires ont permis d'élargir la base de données (2 066 patients ont reçu 18 mois de traitement) et qu’une nouvelle analyse montre qu'EMERGE est statistiquement significative sur son critère d'évaluation principal : la réduction du déclin cognitif (-23%, p=0,01) dans le groupe traité à l’aducanumab par rapport au groupe placebo mais aussi sur le ralentissement de l’aggravation de la capacité à réaliser des activités quotidiennes (-46 %).
Ces résultats positifs ne sont pas retrouvés dans l’étude ENGAGE « mais les amendements pour augmenter les doses ont été plus lents dans cette étude », a indiqué le Pr Vellas lors de son intervention à l’Académie de Médecine.
En revanche, chez les sujets des deux essais qui ont reçu des doses importantes d’aducanumab, une diminution des plaques amyloïdes et une amélioration du critère principal composite sur la cognition et la capacité à réaliser les tâches de la vie quotidienne ont été observées.
Face à ces nouvelles données, le laboratoire a décidé de déposer des demandes d’AMM auprès de la FDA et de l’EMA.
Le Pr Vellas a reçu des financements pour ces recherches de la part des laboratoires Sanofi, MSD, Roche, Lilly, Merk, Biogen.
Medscape © 2019 WebMD, LLC
Les opinions exprimées dans cet article ou cette vidéo n'engagent que leur(s) auteur(s) et ne reflètent pas nécessairement celles de WebMD ou Medscape.
Citer cet article: Traitement de la maladie d’Alzheimer : enfin des bonnes nouvelles ? - Medscape - 1er déc 2019.
Commenter