Obésité et risque de récidive de FA après ablation

Dr Jean-Claude Lemaire

5 novembre 2019

Toulouse, France -- Une étude montre que l'IMC est un facteur prédictif indépendant du risque de récidive chez les patients ayant bénéficié d'une ablation par cathéter pour fibrillation auriculaire (FA) [1].

Indice de masse corporelle et augmentation du risque

Une étude multicentrique européenne publiée dans le Journal of American Heart Association [1] clarifie la question du rôle de l'indice de masse corporelle (IMC) comme facteur de risque de récidive chez les patients bénéficiant d'une ablation par cathéter pour fibrillation auriculaire (FA). Après prise en compte des comorbidités et des éventuelles autres différences initiales entre les patients, les investigateurs montrent que l'IMC est un facteur prédictif indépendant du risque de récidive après ablation réussie et établissent que chaque augmentation d'une unité de l'IMC s'assortit d'une augmentation du risque de 1 à 2%.

L'ablation par cathéter est une option de traitement efficace des FA symptomatiques réfractaires aux médicaments (classe I). Cependant, les investigateurs reconnaissent que le succès n'est pas toujours durable : « le taux de réussite de cette procédure et, par conséquent, l'absence de rechute de FA ou de tachycardie atriale dépasse les 70% à 12 mois en cas de FA paroxystique et approche les 50% à 18 mois en cas de FA persistante. Il est important de rechercher les causes de rechutes et corriger celles qui peuvent l'être, car cela pourrait permettre d’améliorer les résultats de cette procédure ».  

Ablation par cryothérapie

L'objectif du travail mené par un groupe européen d'investigateurs était d'évaluer l'impact de l'IMC, d'une part, sur l'innocuité et l'efficacité de l'ablation par cathéter, l'accent étant mis sur l'ablation par cryothérapie (introduction d'un ballon souvent appelé cryoballon dans lequel un réfrigérant est amené au contact des tissus à geler pour empêcher le cheminement des signaux électriques indésirables responsables de la FA) et, d'autre part, sur l'utilisation des nouveaux anticoagulants oraux.

Au total, 2 497 patients consécutifs (âge moyen 61±10 ans, 71% d'hommes, FA paroxystique 57%) ayant subi une ablation par cathéter pour FA réfractaire à au moins un antiarythmique de classe I ou III ont été enrôlés par 7 centres européens ayant une grande expérience, dont 3 français (Toulouse, Grenoble et Rouen). Ces patients ont été stratifiés en fonction de leur IMC (poids normal <25 kg/m2, n=711 ; surpoids 25-30 kg/m2, n=1092 ; obésité 30–35 kg/m2, n=508 et obésité morbide ≥35 kg/m2, n=186) et les résultats post-procédure (suivi à 3, 6 et 12 mois) ont été analysés en fonction de l'IMC. Les rechutes étaient définies comme la survenue plus de 3 mois après la procédure d'une arythmie atriale, symptomatique ou non, d'une durée supérieure à 30 secondes.

Obésité et obésité morbide

Les résultats montrent que les patients en surpoids et obèses présentent davantage de comorbidités (hypertension, diabète et apnées du sommeil) et plus souvent des formes de FA non paroxystiques.

Le taux de récidive d'arythmie auriculaire sur 12 mois augmente parallèlement à celle de l'IMC (35,2%, 35,7%, 43,6% et 48,0% ; p <0,001).

Dans le cadre d'un suivi médian de 18,8 mois (éventail interquartile 11–28), il s'avère que le taux de récidive n'est pas significativement différent entre les sujets de poids normal et les sujets en surpoids, mais que qu'il est significativement plus élevé chez les sujets avec obésité et obésité morbide.
Après ajustement pour les comorbidités et toutes les différences initiales, l'IMC ressort comme facteur prédictif indépendant de rechute (ratio des risques 1,01 par kg/m2; IC 95% 1,01-1,02 ;  p=0,002) et qui s'ajoute à la valeur prédictive des apnées obstructives du sommeil. En revanche l'IMC n'apparaît pas comme facteur prédictif d'aucune des complications rapportées.

Efficacité comparable à celle de l'ablation par radiofréquence

La sous-analyse préspécifiée concernant l'utilisation des nouveaux anticoagulants oraux chez les patients ayant un IMC > 30 kg/m2 montre que cette utilisation n'expose ni à un surcroît de thromboses (aucun événement documenté), ni à un surcroît de saignements (même fréquence qu'avec les antivitamines K).

La sous-analyse préspécifiée concernant l'ablation par cryoballon chez les patients ayant un IMC > 30 kg/m2 montre que la procédure est sans danger, de plus courte durée (gain d'environ 20 minutes) et a une efficacité comparable à celle de l'ablation par radiofréquence.

Les investigateurs en concluent donc « qu'indépendamment des comorbidités associées, un IMC plus élevé est associé à un taux de réussite plus faible en termes d'absence d'arythmie auriculaire lors d'un suivi à long terme. Des mesures systématiques conduisant à une réduction de l'IMC devraient être mises en œuvre avant et après la procédure. L'usage des nouveaux anticoagulants oraux et le recours à l'ablation par cryoballon semblent être sans danger et avoir une efficacité comparable aux options thérapeutiques standards chez les patients obèses, ils peuvent donc être considérés comme des options possibles pour ce groupe de patients. »

 

 

 

 

 

 

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