France — Face à l'augmentation du nombre de cas d'intoxication liés à la consommation de champignons signalés aux centres antipoison et de toxicovigilance, l'Anses et la Direction générale de la santé (DGS) mettent en garde les amateurs de cueillette et rappellent les bonnes pratiques à respecter [1].
Les conditions météorologiques, plus fraiches et humides depuis ces deux dernières semaines, ont favorisé la pousse de champignons et incité les amateurs à se rendre dans leurs coins à pleurotes, cèpes et autres bolets. Conséquence de cette ruée vers les champignons, le nombre d'intoxications enregistré par les centres anti-poison a fortement augmenté atteignant 493 cas ces deux dernières semaines contre – 4 à 90 par semaine entre juillet à début octobre.
Troubles digestifs sévères
Les symptômes commencent généralement à apparaître dans les 12 heures après la consommation et l'état de la personne intoxiquée peut s'aggraver rapidement.
En cas de symptômes, il est utile de noter les heures du ou des derniers repas, l'heure de survenue des premiers signes et de conserver les restes de la cueillette pour identification.
Loin d'être anodines, les conséquences sur la santé de ce type d'intoxications peuvent être graves voire mortelles, se traduisant par des troubles digestifs sévères, et des atteintes du foie pouvant nécessiter une greffe.
Gare aux morilles !
Lors des dernières Journées de Neurologie de Langue Française (JNLF), Pierre-Arthur Moreau (Université du Droit et de la Santé Lille 2, Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques. Lille) a évoqué le cas des « fausses morilles », gyromitra esculenta, Qualifiée à tort de « succulente », celle-ci est, en effet, responsable du syndrome gyromitrien. Dans les 5 à 48 heures après ingestion, elle induit principalement des nausées, des vomissements et des diarrhées mais aussi, fait unique dans les empoisonnements fongiques, de la fièvre. Certaines victimes peuvent souffrir de convulsions. L'atteinte hépatique qui s'en suit peut même être mortelle. En cause, une toxine présente dans le champignon, une gyromitrine qui est transformée par hydrolyse digestive en monométhylhydrazine, une molécule extrêmement dangereuse. Pour en savoir plus, lire notre article Gare aux morilles !
La confusion est toujours possible
A l'origine de l'intoxication, plusieurs facteurs possibles : la confusion d'une espèce comestible avec une espèce toxique, la consommation de champignons comestibles en mauvais état ou mal cuits… « C'est pourquoi, il est important de rester vigilant, que l'on soit connaisseur ou que l'on pratique la cueillette occasionnellement » rappellent l'Anses et la DGS qui, comme chaque année, recommandent :
De ne ramasser que les champignons que vous connaissez parfaitement : certains champignons vénéneux hautement toxiques ressemblent beaucoup aux espèces comestibles (des confusions dangereuses peuvent survenir par exemple entre la fameuse girolle et dans les régions méridionales, avec son faux jumeau, le pleurote de l'olivier Omphalotus olearius, gravement toxique)
Au moindre doute sur l'état ou l'identification d'un des champignons récoltés, de ne pas consommer la récolte avant de l'avoir fait contrôler par un spécialiste en la matière. Les pharmaciens ou les associations et sociétés de mycologie de votre région peuvent être consultés
De cueillir uniquement les spécimens en bon état et de prélever la totalité du champignon (pied et chapeau), afin d'en permettre l'identification
De ne pas cueillir les champignons près de sites potentiellement pollués (bords de routes, aires industrielles, décharges)
De bien séparer par espèce les champignons récoltés pour éviter le mélange de morceaux de champignons vénéneux avec des champignons comestibles
De déposer les champignons séparément, dans une caisse ou un carton, mais jamais dans un sac plastique qui accélère le pourrissement
De vous laver les mains après la récolte
De conserver les champignons à part et dans de bonnes conditions au réfrigérateur et de les consommer dans les deux jours au maximum après la cueillette
De consommer les champignons en quantité raisonnable après une cuisson suffisante et de ne jamais les consommer crus
De ne jamais proposer de champignons cueillis à de jeunes enfants
Un réflexe utile : photographiez votre cueillette avant cuisson ! La photo sera utile au toxicologue du centre antipoison en cas d'intoxication, pour décider du traitement adéquat.
En cas d'apparition d'un ou plusieurs symptômes
(notamment diarrhées, vomissements, nausées, tremblements, vertiges, troubles de la vue, etc.)
à la suite d'une consommation de champignons de cueillette :appelez immédiatement le « 15 » ou le centre antipoison de votre région,
et précisez que vous avez consommé des champignons.
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Citer cet article: Cueillette des champignons : prudence ! - Medscape - 25 oct 2019.
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