Saint-Denis, France —Dans un communiqué, l’ANSM dit vouloir que les médicaments contenant du paracétamol et certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène et aspirine) ne soient « plus présentés en libre accès dans les pharmacies à compter de janvier 2020 » [1]. L’Agence souhaite que ces médicaments « soient toujours disponibles sans ordonnance » mais veut renforcer le rôle de conseil du pharmacien quant à leur utilisation.
Cette mesure n’est pas la première mise en place par l’ANSM pour sécuriser l’utilisation de ces médicaments. En juillet, l’Agence a, en effet, demandé aux fabricants de faire figurer sur les boites des pictogrammes avec le message « surdosage = danger » alertant sur les risques de toxicité hépatique liés. Une mention plébiscitée par les participants à la consultation publique menée par l’ANSM pour alerter sur les dangers du mésusage.
Lésions graves du foie et des reins
La cause de cette vigilance accrue de la part de l’Agence : le risque d’intoxication au paracétamol, principale cause d'insuffisance hépatique aiguë. En cas de mésusage, notamment par surdosage en associant plusieurs produits contenant du paracétamol et/ou par non-respect de leur posologie, le paracétamol peut entraîner des lésions graves du foie dans certains cas irréversibles : la mauvaise utilisation du paracétamol est la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse en France.
Quant aux anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), ils sont notamment susceptibles d’être à l’origine de complications rénales, de complications infectieuses graves et sont toxiques pour le fœtus en cas d’exposition à partir du début du 6ème mois de grossesse (au-delà de 24 semaines d’aménorrhée).
Derrière le comptoir du pharmacien
Actuellement, certains de ces médicaments (paracétamol, ibuprofène, aspirine) peuvent être placés en libre accès dans la pharmacie. L’ANSM souhaite que ce ne soit plus le cas et que ces médicaments – qui sont parmi les plus utilisés en automédication comme antalgiques (anti-douleurs) ou antipyrétiques (anti-fièvre) – « soient tous placés derrière le comptoir du pharmacien ».
Idéalement, l’ANSM voudrait que cette mesure – qui présenterait aussi l’avantage de renforcer le rôle de conseil du pharmacien – entre en vigueur dès janvier 2020. Une « procédure contradictoire » est en cours auprès des laboratoires concernés afin qu’ils exposent leur position, indique-t-elle. La décision finale sera prise à l’issue de cette procédure.
Rappel de règles de bon usage
A cette occasion, l’ANSM rappelle des règles de bon usage, comme, par exemple, de privilégier l’utilisation du paracétamol en cas de douleur et/ou fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine ou une toux.
Concernant le paracétamol, l’Agence rappelle des messages-clés :
Prendre la dose la plus faible, le moins longtemps possible
Respecter la dose maximale par prise, la dose maximale quotidienne, l’intervalle minimum entre les prises et la durée maximale de traitement recommandée (3 jours en cas de fièvre, 5 jours en cas de douleur, en l’absence d’ordonnance)
Vérifier la présence de paracétamol dans les autres médicaments (utilisés pour douleurs, fièvre, allergies, symptômes du rhume ou état grippal)
Alerter les populations particulières (-50kg, insuffisance hépatique légère à modérée, insuffisance rénale sévère, alcoolisme chronique…)
Dans le cas des AINS, l’ANSM conseille :
Utiliser les AINS à la dose minimale efficace, pendant la durée la plus courte
Arrêter le traitement dès la disparition des symptômes
Eviter les AINS en cas de varicelle
Ne pas prolonger le traitement au-delà de 3 jours en cas de fièvre
Ne pas prolonger le traitement au-delà de 5 jours en cas de douleur
Ne pas prendre deux médicaments AINS en même temps
Par ailleurs, l’Agence rappelle que tous les AINS sont contre-indiqués à partir du début du 6ème mois de grossesse.
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Citer cet article: Paracétamol, aspirine et ibuprofène : l’ANSM veut les remettre derrière le comptoir - Medscape - 3 oct 2019.
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