France -- Décédé ce 26 septembre à l'âge de 86 ans, le président Jacques Chirac avait connu un premier accident vasculaire cérébral en 2005, alors qu'il était encore président. Sa dernière apparition publique date de novembre 2014, au musée du quai Branly, lors de la remise du prix de la fondation Jacques Chirac. Depuis, on le disait très affaibli, ne reconnaissant quasiment plus personne. Aucun communiqué n'a commenté les causes de sa mort, ni les pathologies dont il était atteint.
Loi Veil
La carrière politique de l'ancien président de la République, né en 1932 à Paris, commence en Corrèze, où il est élu député en 1967. Mais c'est en 1974 qu'il accède au poste de Premier ministre, nommé par le président Valéry Giscard d'Estaing. Et c'est à ce poste qu'il va faire adopter la première grande loi sanitaire de sa carrière politique, à savoir la loi Veil sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG) le 25 novembre 1975. Pourtant, dans un premier temps, le premier ministre Jacques Chirac n'y était pas favorable. Il aurait notamment déclaré : « les femmes se sont toujours débrouillées, elles continueront ».
De nouveau Premier ministre en 1986, Jacques Chirac nomme le Dr Michèle Barzach au poste de ministre déléguée à la santé et à la famille, sous la coupe du ministre des affaires sociales Philippe Séguin. Michèle Barzach, gynécologue mais aussi psychanalyste, lance une politique de réduction des risques en direction des toxicomanes, tandis que Philippe Séguin s'attaque au trou de la sécu. Il diminue de 10 milliards les dépenses de santé, en réduisant notamment les prises en charges à 100%. Parallèlement il augmente de 17% les honoraires des médecins.
Télétransmission des feuilles de soins
Lorsque, poursuivant son ascension, Jacques Chirac accède à la présidence de la République en 1995, il nomme Alain Juppé comme Premier ministre, lequel fait adopter au forceps, via des ordonnances, la réforme de la sécurité sociale, le 30 décembre 1995. Cette loi est à l’origine du désormais incontournable ONDAM ou objectif national de dépense de l'assurance maladie, d’un accroissement des tarifs d'accès à l'hôpital et d’une nouvelle taxe, la RDS (remboursement de la dette sociale). Le plan Juppé rend aussi obligatoire pour les médecins, la formation continue et la télétransmission des feuilles de soins.
Entre 1997 et 2002, période de cohabitation, Jacques Chirac, président, doit composer avec un gouvernement d'opposition mené par Lionel Jospin. Ce dernier fait adopter la couverture maladie universelle (CMU), l'allocation personnalisée d'autonomie (APA), ainsi que la loi Kouchner sur les droits des malades en 2002.
Mauvaise gestion de la canicule et lancement du DMP
En 2002, Jacques Chirac est réélu pour un second mandat à la suite d’un « vote républicain » qui l’oppose à Jean-Marie Le Pen. Jean-François Mattei est alors nommé ministre de la santé le 7 mai 2002. Il sera critiqué pour sa gestion controversée de la canicule de l'été 2003, marquée par 15 000 morts. Néanmoins, c'est en mars 2003 que le premier plan Cancer est mis en place et c'est en 2004 que le premier plan Alzheimer est mis en route.
Lui succède alors Philippe Douste-Blazy en 2004. Le cardiologue réforme une nouvelle fois l'assurance maladie en faisant adopter la loi du 13 aout 2004. Elle prévoit notamment la mise en place du parcours de soins, et la création du médecin traitant, ainsi que l'instauration du dossier médical personnel (DMP). On lui doit également la création de la Haute autorité de santé (HAS), ainsi que l'Uncam (Union nationale des caisses d'assurance maladie), chargé de négocier avec les professionnels de santé, la politique conventionnelle. Le 2 juin 2005, Xavier Bertrand, qui était secrétaire d'État de l'assurance maladie, prend le poste de ministre de la santé et des solidarités. Il sera le dernier ministre de la santé de Jacques Chirac président. On lui doit d'avoir fait voter en 2006 une loi interdisant de fumer dans les lieux publics. Contre l'avis de la Haute autorité de santé, il maintient le remboursement par la sécurité sociale du Médiator.
Cancer : un Plan qui n'a pas fait pschitt
Mais Jacques Chirac aura surtout marqué les esprits dans le domaine de la santé en faisant de la lutte contre le cancer une priorité nationale et en mettant en application ses dires avec le plan Cancer, salué d’ailleurs par la Ligue contre le cancer, Un plan, qui a fait des petits puisqu’on en est aujourd’hui au troisième plan contre le cancer.
A noter que l’on doit aussi à Jacques Chirac, le vote de la loi Handicap de février 2005, qui définit les obligations de mise aux normes d'accessibilité et les missions et le fonctionnement de la Caisse national de solidarité pour l'autonomie (CNSA).
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Citer cet article: Les grandes réformes sanitaires sous Jacques Chirac - Medscape - 27 sept 2019.
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