Barcelone, Espagne --- L’incidence du diabète de type 2 – c’est-à-dire le nombre de nouveaux cas – chez les adultes de plus de 45 ans a diminué en France entre 2012 et 2017, selon les résultats d’une étude de Santé Publique France publiée sous forme de poster dans le cadre d’un éclairage sur « les tendances, la prévalence et l’incidence de la maladie » du congrès EASD 2019[1]. Cette constatation, la première de ce type, peut représenter un espoir de voir un résultat concret des campagnes de prévention menées depuis 15 ans en France.
Baisse de l’incidence, petite augmentation de la prévalence
Pour analyser l’épidémiologie du diabète de type 2 en France, l’équipe du Dr Sonsoles Fuentes (épidémiologiste, Santé Publique France) a pris en compte les données de remboursement des médicaments des patients ambulatoires, les causes d’hospitalisations et de décès de 99 % des 66 millions de français affiliés à l’Assurance Maladie.
Depuis 2012, chaque année, l’incidence chez les hommes vivant en France diminue de 2,6 % (IC 95 % : -3,1 à -2,0) et chez les femmes de 3,9 % (IC 95 % : -4,5 à -3,4). Elle est ainsi passée en 6 ans de 10,5 pour 1 000 habitants par an à 9 pour 1 000 chez les hommes et de 7,2 pour 1 000 habitants par an chez les femmes à 6 pour 1 000. Chez les hommes, c’est dans la tranche d’âge 40-60 ans que la baisse a été la plus importante, alors que chez les femmes, la baisse est la plus visible entre 50 et 70 ans.
La prévalence (nombre de cas total) augmente, quant à elle, en moyenne, de 0,9 % par an (IC 95 % : 0,7 à 1) pour les hommes s’établissant à 11,9 % de la population et de 0 ,4 % (IC 95 % : 0,2 à 0,6) pour les femmes s’établissant à 8,5 % de la population.
Diabète : le Sud et l’Ouest épargnés
L’analyse a aussi permis de préciser les régions les plus concernées. Pour les hommes, les Antilles, la Réunion, les Hauts-de-France, l’Alsace-Champagne Ardennes-Lorraine et l’Ile-de-France dépassent une prévalence de 14,2 %, alors qu’en Aquitaine, Bretagne et Pays de Loire, la prévalence est comprise entre 8 et 10,9 %.
Pour les femmes, ce sont les Antilles, la Réunion et la Guyane qui sont le plus concernées avec un taux de prévalence de 14,9 %, suivies des régions du Nord (Ile-de-France comprise) et de l’Est (8,5 et 14,8 %, respectivement). Là encore, l’Aquitaine, la Bretagne, les Pays de Loire mais aussi l’Occitanie restent à un taux inférieur à 7,2 %.
Une tendance globale dans les études épidémiologiques
Cette tendance est-elle particulière à la France ? Il ne semble pas si l’on en croit une autre étude présentée à l’occasion de l’EASD 2019 [2]. Cette analyse se fonde sur 275 articles épidémiologiques quantitatifs portant sur l’incidence et la prévalence du diabète publiés entre 1990 et 2018,
L’incidence du diabète de type 2 a augmenté progressivement et régulièrement entre les études débutées dans les années 1970 et celles dont le recrutement a eu lieu dans les années 2000 (doublement entre 1970 et 2000). C’est justement en 2000 que l’incidence du diabète a été la plus élevée. En revanche , les analyses ayant débuté après 2003 suggèrent une tendance progressive à la baisse.
L’introduction de l’HbA1c comme marqueur (et non plus seulement les mesures glycémiques) ne semble pas être à l’origine de cette tendance – qui serait plus liée à un effet des mesures de prévention et de prise en charge précoce. La saturation des cas (c’est-à-dire le diagnostic de la plupart des personnes concernées) pourrait aussi jouer un rôle.
Les auteurs soulignent que « comme la majorité des études ont été menées dans des pays à haut revenu et auprès de population caucasiennes, il est possible que ces chiffres soient différents dans des pays à plus faible revenus et dans certains ethnies ».
Une récente tendance à la baisse chez les immigrants au Canada
Pour en avoir une idée, des chercheurs se sont intéressés aux chiffres de prévalence et d’incidence du pré-diabète chez les immigrants canadiens non européens arrivés depuis moins de 2 ans dans le pays et ayant effectué au moins 2 analyses en laboratoire. Ces chiffres ont augmenté régulièrement entre 2011 et 2014, mais l’incidence a baissée à partir de 2017, selon une autre étude présentée à l’EASD 2019 dans une session intitulée « Trends, prevalence and incidence » [3].
Parmi les populations les plus à risque de pré-diabète, les investigateurs retiennent les personnes originaires d’Asie du Sud, et d’Asie du Sud-Est, et des zones sub-sahariennes et caribéennes.
L’incidence et la prévalence du pré-diabète augmentent avec l’âge, mais la différence avec les populations locales est plus marquée chez les moins de 50 ans, différence qui persiste même après ajustement sur les facteurs sociodémographiques.
La baisse récente de l’incidence et de la prévalence pourrait, selon les auteurs, être en lien avec des mesures de détection, des campagnes de prévention et une intervention plus précoce des acteurs de santé dans le cours de la maladie.
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Citer cet article: Baisse de l’incidence du diabète de type 2 en France : doit-on y croire ? - Medscape - 25 sept 2019.
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