France -- Depuis le 15 septembre 2018, les médecins peuvent facturer les actes de téléconsultation à l’Assurance Maladie (sous conditions), laquelle a tenu à fêter dignement cet anniversaire en publiant un communiqué et un dossier presse. En un an, l'assurance maladie a compté quelque 60 000 téléconsultations sur l'ensemble de la France. Si les chiffres paraissent élevés, il faut néanmoins les relativiser : en France, le nombre de consultations physiques avoisinent les 460 millions.
65% de médecins généralistes
Après des débuts timides, la téléconsultation s’est envolée depuis le début de l'année 2019 avec 2000 actes à distance en janvier 2019, 7000 au mois de mai, et 10 000 en juillet.
Concernant le rythme hebdomadaire de cette rentrée 2019, le nombre de téléconsultations se situe autour de 3 300 par semaine.
Pas de surprise : ce sont les médecins généralistes qui la pratiquent le plus et pour les patients les plus jeunes. Selon les chiffres de l'assurance maladie, 85% des téléconsultations sont facturées par des médecins libéraux ; parmi ceux ci, 65% sont des médecins généralistes. Et, parmi les spécialistes, ce sont les psychiatres qui recourent le plus souvent à la téléconsultation (1 téléconsultation toutes les 7 consultations), suivis par les gynécologues, et les pédiatres.
Médecins et patients jeunes, femmes majoritaires
Les femmes sont majoritaires (64%) parmi les patients qui ont recours à la téléconsultation. Aussi un tiers des patients téléconsultants a moins de 30 ans, et 56% moins de 40 ans.
Les patients en ALD, quel que soit leur âge, l'utilisent en proportion relativement importante : 27% des téléconsultations sont le fait de patients en ALD.
Il est intéressant de noter que les patients qui pratiquent une première fois la téléconsultation avec leur médecin sont plus susceptibles d’avoir recours une seconde fois à ce mode de consultation, comme en témoigne la moyenne d’1,4 acte par patient.
Si les patients qui téléconsultent sont jeunes, les médecins le sont aussi : la moitié d'entre eux a moins de 50 ans, « alors que cette classe d'âge ne constitue que 37% de l'ensemble des effectifs », note l'assurance maladie. Les médecins libéraux de plus de 60 ans ne sont, eux, que 15% à recourir à la téléconsultation.
Aussi les territoires ne sont pas égaux devant l'usage de la téléconsultation : l'Ile-de-France concentre 44% de l'ensemble des téléconsultations (dont 15% à Paris). Dans l’Hérault, les téléconsultations représentent 13 % du nombre total facturé à l’Assurance Maladie.
La montée en charge va aller en s’accélérant
A l’occasion de ce premier anniversaire, le directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie Nicolas Revel, a déclaré : « Nous savions qu’un temps serait nécessaire à l’appropriation de ce mode d’intervention novateur. Au regard de la dynamique enclenchée, je suis aujourd’hui confiant : la montée en charge est nette et va aller en s’accélérant, en s’appuyant notamment sur les autres professions engagées dans la démarche comme les infirmiers ou les pharmaciens ».
Et effectivement, des textes qui rentreront rapidement en vigueur, devraient valoriser l'aide apportée par des infirmiers pour réaliser des actes de téléconsultations. Quant aux pharmaciens, ils devraient pouvoir réaliser également des actes de téléconsultations dans leurs officines, tout comme les exercices regroupés de médecins (maisons de santé, CPTS, équipes de soins primaires...) sans recours au médecin traitant.
Il faut aussi compter sur le « déploiement des organisations territoriales de proximité (maisons et centres de santé, équipes de soins primaires et communautés professionnelles territoriales de santé) qui peuvent proposer le recours à des actes de téléconsultations pour certains patients rencontrant des difficultés d’accès aux soins (sans médecin traitant ou dont le médecin traitant n’est pas disponible dans un délai compatible avec leur état de santé) » précise l’Assurance Maladie.
Guerre des chiffres chez les privés
Les acteurs privés impliqués qui proposent des services de téléconsultations se livrent à une guerre des chiffres. Doctolib, leader en matière de prise de rendez-vous médical, revendique la pôle position. Selon ses chiffres, 40 000 téléconsultations sur 60 000 téléconsultations ont été réalisés chez Doctolib. Pour rappel, Doctolib a lancé son service de téléconsultation en janvier 2019. Tout en relativisant : 150 millions de rendez-vous physiques ont été pris sur ses plateformes. Sinon les données de Doctolib corroborent ceux de l'assurance maladie. Les téléconsultations sont majoritairement pratiquées en Ile-de-France (56%), et ce sont les médecins généralistes qui l'exercent le plus souvent (55%) suivis par les gynécologues (15%). Les psychiatres n'apparaissent pas parmi les spécialistes qui pratiquent le plus la téléconsultation chez Doctolib, certainement parce qu'il existe d'autres services de téléconsultations spécialisées en psychiatrie, comme doctoconsult.
Autre acteur majeur de la téléconsultation, Qare revendique également 40 000 téléconsultations en un an... Aussi la moitié des téléconsultations de Qare ont été réalisées par des médecins généralistes, suivis par les ORL et les gynécologues. La majorité des télé-patients sont des femmes (59%) âgées de 20 à 45 ans. 50% des demandes de soins en téléconsultation concernent des soins de premier recours et 50% sont en rapport avec le suivi des patients (pathologies chroniques, renouvellements, conseils médicaux…). Livi, autre plateforme de téléconsultations, revendique pour sa part quelque 30 000 téléconsultations par an.
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Citer cet article: 1 an après : la téléconsultation démarre doucement mais sûrement - Medscape - 16 sept 2019.
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