Secourisme : apprendre les gestes qui sauvent à l'école

Marine Cygler

Auteurs et déclarations

13 septembre 2019

France – Un proche qui fait un malaise, un enfant qui s’étouffe, une brûlure, un accident de la route... La population est insuffisamment formée à réagir face à ces situations d'urgence. Pourtant réaliser les bons gestes avant l'arrivée des secours est essentiel. A l'occasion de la Journée mondiale des premiers secours qui se déroule le 14 septembre, Medscape édition française revient sur la formation au secourisme dans le milieu scolaire.

Depuis l'année dernière, les fonctionnaires doivent être formés aux premiers secours : les agents avec un contrat inférieur à six mois aux gestes qui sauvent, et ceux avec un contrat supérieur à six mois au PSC1 (Prévention et secours civiques de niveau 1), une formation d'une durée de 7 heures. Et d'ici 2022, tous les élèves de 3e devraient connaître gestes qui sauvent. Qu'en est-il aujourd'hui ? Que se passe-t-il dans les établissements scolaires ?

Une formation obligatoire : en primaire et au collège

La formation aux premiers secours est obligatoire à l'école depuis 2016 [1]. Dès l’école primaire, les enfants sont censés recevoir un enseignement intitulé "Apprendre à porter secours" (APS). Il s'agit de se familiariser aux gestes élémentaires pour porter secours : adopter une attitude de prévention, se protéger et protéger autrui, alerter et intervenir.

« Dès la maternelle, les enfants peuvent apprendre deux ou trois réflexes comme décrocher le téléphone et composer le 18 » explique Pierre-Emmanuel Ranson, directeur général adjoint de la Protection Civile Paris Seine. « En élémentaire, les enfants sont très réceptifs et ce sont d'excellents vecteurs de communication pour les parents qui viennent après se former » poursuit-il. Il déplore que le dispositif APS soit à la charge des professeurs des écoles qui, détenteur du seul PCS1 pour la majorité d'entre eux, ne sont pas compétents d'après lui pour former les enfants.

Au collège, le module "Gestes qui sauvent" doit permettre aux adolescents d'apprendre à faire face à des arrêts cardiaques, des hémorragies, des pertes de connaissance, des plaies graves. Un programme ambitieux en deux heures. « Surtout, comme il n'y a pas de financement, il est très difficile que ce module soit effectivement fait » commente Pierre-Emmanuel Ranson. Il donne l'exemple de la capitale qui a décidé de palier à ce manque de financement. « La Mairie de Paris a mis au point un dispositif intéressant. S'il y a au sein du collège des personnes ressources prêtes à dispenser la formation, la Mairie de Paris finance le matériel si besoin. Sinon, la Mairie de Paris finance directement des formations réalisées au sein du collège par des formateurs agréés » explique-t-il indiquant que la Protection Civile est régulièrement appelée dispenser ces formations dans le cadre de ce dispositif parisien.

Enfin, sur le site du ministère de l'Education nationale et de la jeunesse, est indiqué qu' « afin de valoriser leur engagement, il est essentiel que les élèves qui se sont engagés à assumer une responsabilité au sein de leur établissement, en particulier tous les élèves ayant un mandat – de délégué de classe, au conseil de la vie collégienne, au conseil de la vie lycéenne, au conseil d'administration de l'établissement – puissent, à leur demande, bénéficier d'une formation aux premiers secours et obtenir le certificat de compétences de citoyen de sécurité civile PSC1 ou à défaut, et en fonction des possibilités des établissements scolaires, une sensibilisation aux gestes qui sauvent. » Reste qu'on ne sait pas ni auprès de qui demander cette formation, ni qui la dispense.

50 000 arrêts cardiaques dans l'espace public

Pourquoi apprendre aux collégiens les premiers secours ? « Parce qu'ils osent », lance Pierre-Emmanuel Ranson. Avant de poursuivre : « beaucoup de gens n’osent pas faire un massage cardiaque, ils s'amassent autour de la victime mais personne n'y touche par peur de mal faire ». « Sans compter que les jeunes fréquentent les stades et les gares, deux lieux où les arrêts cardiaques sont plus fréquents » ajoute-t-il.

Lors d'un arrêt cardiaque chaque minute compte. Le cœur doit être massé jusqu'à l'arrivée des équipes de secours. « Une minute gagnée, c'est 10 % de chances de survie en plus ». Aujourd'hui, on dénombre 50 000 arrêts cardiaques subis et le taux de survie est très faible. Augmenter le pourcentage de la population formée permettrait, d'après les expériences à l'étranger, d'améliorer le taux de survie.

Voici un témoignage convaincant :

« On a formé un lycéen scolarisé au Lycée Montaigne à Paris. Quelques mois plus tard, un de ses camarades a fait un arrêt cardiaque en classe. Il a très bien réagi : il a envoyé un copain prévenir l'infirmière, il a demandé à un autre de téléphoner aux pompiers, à un autre de se positionner en bas pour attendre les pompiers et les guider au plus vite dans l'établissement. Et lui, il a commencé le massage cardiaque. C'était parfait. La victime s'en est sortie sans séquelle, avec une hospitalisation très courte » raconte fièrement Pierre-Emmanuel Ranson.

 

Deux applications de premiers secours pour les arrêts cardiaques

Au-delà de la formation, les volontaires peuvent télécharger les deux applications gratuites Staying alive et Sauv Life. Lorsqu'un appel est passé au 15 ou au 18, l'opérateur déclenche un signalement. Ainsi, les personnes qui ont téléchargé l'une ou l'autre des applis reçoivent une notification lorsqu'elles sont à proximité d'une victime d'un arrêt cardiaque. Elles doivent alors confirmer qu’elles vont se rendre auprès de la personne et délivrer les gestes de premiers secours.

Staying alive  : Cette appli fonctionne avec les pompiers. Elle permet de géolocaliser des défibrillateurs et des personnes capables de réaliser les gestes de premiers secours avant l'arrivée des pompiers. Son nom s’inspire du fait que s'aider d'une musique dont le rythme est proche de 105 bpm peut faciliter le massage cardiaque. C’est le cas du tube des Bee Gees « staying alive ».

SAUV LIFE : Elle fonctionne en lien avec le Samu selon le même principe que Staying alive.

 

 

 

 

 

 

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