Maladie cœliaque : à quoi sert un autotest au gluten ?

Marine Cygler

Auteurs et déclarations

6 septembre 2019

Paris, France -- En marge du Symposium international sur la maladie cœliaque , qui se déroule du 5 au 7 septembre à l'hôtel Mariott Rive Gauche à Paris, un événement « Grand public » a été organisé par l'AFDIAG (Association Française Des Intolérants Au Gluten) et le Comité organisateur du Symposium. Des interventions des spécialistes de la maladie cœliaque et des ateliers sont prévus pour répondre aux questionnements sur le gluten [1]. Nous avons demandé au Pr Christophe Cellier, chef de Service d'Hépato-gastro-entérologie et Endoscopie Digestive à l'Hôpital Européen Georges Pompidou (Paris), qui animera une séance de questions-réponses lors de l'après-midi grand public, son avis un « autotest GLUTEN® » qui sera lancé à cette occasion par la société française AAZ. Les volontaires pourront se tester.

Biomarqueur le plus sensible pour diagnostiquer la maladie cœliaque

Comme pour une glycémie, l'autotest GLUTEN® est très facile à réaliser. Un kit permet de prélever une goutte de sang du doigt et d'analyser la présence d'anticorps IgA antitransglutaminase, comme le recommande la Haute Autorité de Santé (HAS) et la déficience en IgA totales selon les recommandations de l'European Society for Paediatric Gastroenterology, Hepatology and Nutrition (ESPGHAN).

La présence d'IgA antitransglutaminase est le biomarqueur le plus sensible et le plus spécifique pour diagnostiquer la maladie cœliaque. Par ailleurs, rechercher la déficience en IgA présente un double objectif : une déficience en IgA peut être retrouvée chez les patients cœliaques et par ailleurs, un déficit en IgA peut rendre des résultats faussement négatifs.

La moitié des intolérants au gluten n'est pas diagnostiquée 

Cet outil de dépistage reste complémentaire aux prises de sang prescrites par un médecin et ne peut pas les substituer. Pour la société AAZ, il s'agit de « faire baisser le nombre d’intolérants au gluten qui s’ignorent. ». Elle rappelle que 650 000 personnes en France sont intolérantes au gluten sans le savoir.

De fait, les manifestations gastro-intestinales (diarrhées, pertes de poids, douleurs abdominales) de la maladie cœliaque ne se retrouvent que la moitié des personnes concernées. L'autre moitié présente des symptômes divers et peu très peu spécifiques.

A faire avant de débuter un régime sans gluten

« A la différence des autres autotests, celui-ci présente une bonne sensibilité et une bonne spécificité » explique le Pr Christophe Cellier. « Il a au moins le mérite d'être fiable » lance-t-il. En cas d'autotest positif, une confirmation par un test plus robuste grâce à une prise de sang est nécessaire.

Dans quel cas peut-on s'en servir ? Dans le contexte de la mode actuelle du « sans gluten », l'autotest est utile. « Beaucoup de gens commencent un régime sans gluten sans preuve. En soit, ce n'est pas grave pour la plupart d’entre eux. Mais il est très important de savoir avant de débuter cette éviction alimentaire si l'on est atteint d'une maladie cœliaque car le suivi dans ce cas-là doit être strict. Il s'agit d'un régime à vie et avec des conséquences dans la parenté » explique le Pr Cellier, interrogé par Medscape édition française. Car l'un des risques du régime sans gluten est qu'il rend les méthodes classiques de diagnostic d'intolérance au gluten moins performantes, voire inefficaces.

« Une fois que le régime sans gluten est mis en place, il est très difficile de poser le diagnostic de maladie cœliaque. Un tel régime négative les anticorps antitransglutaminase au bout de six mois. Quant à la biopsie intestinale après un régime sans gluten, elle ne permet plus non plus de mettre à jour la maladie » commente-t-il.

Quid des autotests génétiques ?

Plusieurs firmes privées commercialisent des autotests génétiques qui permettent de connaître son statut vis-à-vis de telle ou telle maladie, y compris la maladie cœliaque. Le Pr Cellier ne trouve aucun intérêt diagnostique à tous ces tests génétiques qui pour lui « n'ont aucune valeur ».

Il explique : « La seule chose dont on dispose actuellement est un test d'élimination. Si l'on n'a pas le typage HLA DQ2 et DQ8, cela signifie qu'on ne pourra pas développer une maladie cœliaque. En revanche, si le typage est positif, on ne peut rien conclure ».

 

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