La PrEP s’étoffe avec un implant sous-cutané et un anneau vaginal à libération prolongée d'ART

Myriam Vidal Valero, Dr Claude Biéva

Auteurs et déclarations

2 septembre 2019

Mexico, MexiqueLa prophylaxie pré-exposition (PrEP) est une stratégie efficace de prévention contre l'infection par le VIH mais elle peine à s'implanter notamment dans les populations à risque, justifiant de poursuivre les recherches en la matière. Les résultats de deux approches prometteuses ont été présentées lors du congrès de l’International Aids Society (IAS) consacré au VIH/Sida qui s’est tenu à Mexico en juillet dernier. Il s’agit d’un implant sous-cutané à base d'islatravir, un nouvel inhibiteur de translocation de la transcriptase inverse [1], et d’un anneau vaginal libérant de la dapivirine testé chez des femmes en Afrique sub-saharienne [2].

L'association ténofovir/emtricitabine peine à s'implanter

La PrEP associée à un accès facilité au dépistage et à un traitement immédiat en cas de positivité a permis de réduire drastiquement le nombre de nouvelles infections dans des grandes villes américaines comme San Francisco. Mais toute efficace que soit l'association ténofovir/emtricitabine, elle peine à s'implanter. Son emploi varie selon l'âge de la personne, son genre, la région géographique et l'origine ethnique. Une étude américaine vient de montrer que moins de 10% des femmes l'utilisent même si la proportion d'utilisateurs a été multipliée par 3 entre 2014 et 2017. Pour gagner un public plus important, de nouvelles approches comme ces 2 dispositifs, un implant sous cutané et un anneau vaginal à libération progressive d'un antirétroviral.

Un implant sous-cutané pour 1 an

L'implant sous-cutané diffuse un nouvel inhibiteur de translocation de la transcriptase inverse, l'islatravir, sélectionné pour son efficacité antivirale à petite dose, une barrière génétique élevée et une demi-vie de plus de 5 jours.

L'étude en double aveugle versus placebo a inclus 16 sujets volontaires (dont 14 hommes) recevant soit l'implant islatravir à 2 concentrations différentes (54mg et 62 mg), soit l'implant placebo, dans le bras en sous-cutané, pour une durée de 12 semaines avec un suivi de 4 semaines après retrait [1]. Les données pharmacologiques montrent que les concentrations dans le plasma et dans les cellules mononucléées du sang périphérique restent supérieures au seuil d'efficacité antivirale pré-établi. Une modélisation montre qu'à 1 an, l'implant à 62 mg diffuserait encore l'anti-rétroviral à une concentration de 50% supérieure à celle nécessaire. La tolérance est jugée acceptable.

Un anneau vaginal

L'anneau vaginal, quant à lui, contient 25 mg de dapivirine pré-testée dans l'étude de phase III ASPIRE avec pour résultat une diminution de l'incidence du VIH de 27%. Il est porté pendant 1 mois, puis remplacé. Le Pr Jared Baeten (University de Washington) a présenté les résultats de HOPE (MTN-025), une extension en ouvert de ASPIRE (MTN-020), qui a inclus 1 456 femmes originaires d’âge médian 31 ans (soit 59% de l’effectif d’ASPIRE qui est resté VIH -) de 14 pays d'Afrique sub-saharienne dont le Malawi, l’Afrique du Sud, Ouganda et le Zimbawe). Parmi celles-ci, 16% avaient à l'inclusion une IST et 47% avaient eu des rapports sexuels non protégés [2].

Beaucoup de femmes sont restées jusqu’à la fin de l’étude, puisque 98% se sont rendues aux visites programmées – plus que les 91% dans ASPIRE.

Au début de l’étude, 92% des femmes ont opté pour l’anneau. Un taux qui est tombé à 83% à 6 mois et à 79% à 9 mois. Néanmoins, 73% des femmes éligibles ont utilisé l’anneau pendant 12 mois, la durée de l’étude.

Au total, 35 femmes sur 1456 ont présenté une séroconversion VIH, soit une incidence de 2,7 pour 100 personnes-années comparé à 4,4 pour 100 personnes-années dans le groupe placebo de ASPIRE. Après ajustement sur l’âge et les IST, les chercheurs ont estimé que l’anneau réduisait les infections par VIH de 39%. Sur le plan de la tolérance, on note 1% d'effets secondaires sévères et moins d'1% d'effets de grade 2 liés au traitement.

« Avoir à la fois le Prep et l’anneau de dapivirine serait une avancée significative dans la prévention du VIH, car plus on a d’options, mieux c’est » a affirmé Jared Baeten dans un communiqué du réseau d’essais sur les microbicides (Microbicide Trials Network, MTN).

« Aucune méthode ne sera adéquate pour toutes les femmes, et aucune méthode ne sera ni ne pourra être efficace si elle n’est pas utilisée ou disponible facilement. »

A woman holds the dapivirine vaginal ring. Andrew Loxley, courtesy of the International Partnership for Microbicides

Des résultats prometteurs

Les résultats sont encore préliminaires mais de bon augure. Si l'efficacité est similaire à la voie per os et sans problème de tolérance, ces deux dispositifs devraient augmenter l'offre de la PrEP. Ils sont particulièrement bien adaptés à la réalité de terrain des personnes non compliantes à un traitement per os, aux femmes et aux régions d'Afrique sub-saharienne.

Cet article a été publié sur MediQuality le 23 août 2019.

 

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