Collectif Inter-Urgences : ouverture de son site Internet qui recense les 216 services en grève

Philippe Anaton

9 août 2019

France – A l’occasion de l’ouverture par le collectif Inter-Urgences de son site Internet interurgences.fr qui donne accès à l’annuaire des représentants, à une carte de France des services en grève, et des informations actualisées sur les événements en région, etc nous revenons sur la crise des urgences qui s’éternise : le dernier communiqué du collectif qui fait état de 216 SAU en grève sur le territoire français à ce jour.

La crise s’éternise

Le dernier communiqué du collectif Inter-Urgences, à l'origine du mouvement de mobilisation sociale, les annonces faites en juin par Agnès Buzyn n’ont rien changé ou presque dans les hôpitaux français. A ce jour, le collectif comptabilise en effet 216 services d'urgence en grève, tout en reconnaissant que « 7 services d'urgence de l'AP-HP sont sortis de grève » et en saluant « quelques avancées en région sur la question des effectifs », même si « le dialogue social reste difficile ». Il faut dire que, depuis le 14 juin dernier – date à laquelle la ministre de la santé et des affaires sociales Agnès Buzyn avait annoncé avoir débloqué 70 millions d'euros – les personnels des urgences en grève n'ont pas relâché la pression.

Si le dialogue social reste difficile, nous saluons quelques avancées en région sur la question des effectifs  collectif Inter-Urgences

Chantage à l’insuline

Ces 70 millions d'euros devaient être dévolus à la revalorisation d'une prime de risque de 100 euros, une prime de coopération de 100 euros, et une enveloppe de recrutement d'effectifs de 15 millions d'euros. Mais ce n’était visiblement pas la réponse attendue puisque, dès le 18 juin, ce collectif principalement composé de personnels paramédicaux votait en faveur de la poursuite de la grève, en annonçant dans un communiqué que « les propositions de la ministre sont insatisfaisantes au regard de nos revendications ». Une nouvelle manifestation nationale était organisée le 2 juillet au cours de laquelle des soignants s'injectaient de l'insuline, « de façon à faire baisser drastiquement leur taux de sucre dans le sang, tant que le ministère de la santé, à proximité duquel ils menaient leurs actions, n'aura pas satisfait leurs revendications », annonçait l'agence de presse Reuters.

Demande de renfort

L'enveloppe débloquée par la ministre leur semblait en effet dérisoire : « Le budget hospitalier pour 2019 est de 82 milliards d'euros. Une enveloppe de 70 millions d'euros représente donc 0,08% d'augmentation sur le budget global, ce qui parait bien peu pour répondre à la crise majeure que traversent les services d'urgence ». Et de poursuivre : « L'enveloppe de 15 millions d'euros proposée en prévention des difficultés estivales revient à des renforts de personnel à hauteur de 28 000 euros pour les 524 services des urgences publics. Cela représente une personne de plus par jour pendant 60 jours ». D'autant que dans son communiqué du 7 aout, le Collectif avoue n'avoir pas encore vu la couleur de ces 15 millions d'euros débloqués : « Sur la question des enveloppes fléchées nous nous demandons toujours quels renforts estivaux ont été pourvus. Dans certains endroits des soignants ont pu travailler neuf week-ends d'affilée. »

Pourtant le 18 juin dernier, Agnès Buzyn annonçait avoir débloqué les 15 millions d'euros aux agences régionales de santé (ARS). Force est de constater que les effets de cette enveloppe tarde à se faire ressentir du côté des personnels en grève.

Prime de risque

Côté primes, un décret est paru au journal officiel du 30 juin dernier, qui officialise la création d'une prime de risques mensuels pour les urgentistes de 100 euros. De fait, ce décret étend à compter du 1er juillet, le bénéfice de l'indemnité forfaitaire de risques aux personnels travaillant dans un Smur ou dans une structure des urgences.

De manière plus locale, des initiatives salutaires ont été prises par les directions hospitalières. Fin juin dernier, la direction de l'AP-HP a proposé la création de 230 emplois supplémentaires dans les services d'urgence. Cela s'ajoute aux mesures nationales annoncées par Agnès Buzyn. Mais ce n'était toujours pas assez pour le collectif Inter-urgences, ainsi que pour la CGT.

Des décisions locales non suivies d’effet

À Saint-Étienne (42), le maire LR Gaël Perdriau a annoncé, fin juin, plusieurs mesures pour désengorger les urgences du CHU de sa ville. Dans un communiqué, le maire a annoncé la création de deux maisons médicales, « dont l'objectif est de répondre aux demandes d'urgence des habitants qui ne nécessitent pas toujours le plateau technique des services du CHU ». Le directeur du CHU a, pour sa part, décidé de passer en CDI 1000 personnels dont 19 pour les urgences. Le directeur de l'ARS a, quant à lui, demandé à la ministre Agnès Buzyn 30 postes supplémentaire d'internes, faisant passer leur nombre de 150 à 180. Force est de constater que ces décisions n'ont malheureusement pas été suivis d'effets. Le 2 août dernier, le maire LR Gaël Perdriau adressait une lettre à Agnès Buzyn, pour lui demander la confirmation « de personnel supplémentaire, de trente postes d'internes [...] ainsi que de votre soutien dans la création de deux maisons médicales ».

120 heures aux urgences

Un fait divers devait mieux éclairer la situation des urgences de Saint-Étienne. Le 30 juillet dernier, un patient de 72 ans a passé 120 heures aux urgences avant de pouvoir être hospitalisé. Alertée, la ministre de la Santé a demandé une enquête à l'Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône Alpes, ainsi qu'au CHU. Si passer 120 heures est exceptionnel, en revanche les longues attentes ne sont pas rares à Saint-Étienne : « Le 30 juillet, à 10h00, ils ont décompté 51 malades sur des brancards, pouvant y rester durant 93 heures, voire même 107 heures », rapportaient nos confrères de BFM TV.

 

 

 

 

 

 

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