Boston, Etats-Unis – Les personnes d’âge moyen qui consomment une alimentation riche en végétaux – essentiellement semi-végétariens (ou flexitariens), mais aussi végétariens et végétaliens (ou vegan) – ont moins de risque de développer un diabète de type 2 que leurs homologues qui consomment plus de viande, de poissons et d’œufs, selon un vaste méta-analyse parue dans JAMA Internal Medicine[1].
De façon générale, les personnes avec la prise alimentaire la plus riche en végétaux, quel que soit le type d’alimentation, ont 23% de risque en moins de développer un diabète de type 2, indépendamment de l’index de masse corporel (IMC), sur un suivi allant de 2 à 28 ans, indiquent ces nouvelles données.
Et ceux qui ont la consommation la plus élevée en nourriture comprenant des végétaux sains – c’est-à-dire des fruits, des légumes, des céréales complètes, des légumineuses et des noix – ont un risque de diabète incident 30% moindre à ceux qui en mangent peu.
« A notre connaissance, cette étude donne les preuves les plus complètes de l’association entre des régimes alimentaires qui favorisent les végétaux et l’incidence du diabète de type 2 » résument le premier de l’étude Frank Qian (département de nutrition, école de santé publique, Boston) et ses collègues.
Régime alimentaire de type végétarien et diabète de type 2
La question interpelle les chercheurs en nutrition depuis quelques années déjà : adopter un régime alimentaire de type végétarien – pas forcément exclusivement végétarien mais favorisant les végétaux – peut-il empêcher de développer un diabète de type 2 ?
Pour en savoir plus, les chercheurs de Boston ont réalisé une méta-analyse sur 9 études issues de 5 cohortes américaines (Nurses' Health Study I et II, Adventists Health Study I et II , et la Health Professionals Follow-up Study) et 4 autres cohortes dans le monde, en Grèce (ATTICA), à Singapour (Singapore Chinese Health Study), aux Pays-Bas (Rotterdam Study), et à Taiwan (Tzu Chi Health Study).
Cette méta-analyse a inclus 307 099 participants d’âge moyen allant de 36 à 65 ans et ayant un IMC compris entre 23 et 36,7 kg/m2. Parmi eux, 23 544 ont été diagnostiqués pour un diabète de type 2 pendant l’étude.
De façon générale, les participants qui adhéraient le plus à un régime axé sur la consommation de végétaux avaient un risque réduit de diabète incident (risque relatif [RR], 0,77; IC95% CI 0,71 – 0,84) comparé à ceux qui y adhéraient le moins, et ce, après ajustement sur les facteurs de risque comme l’IMC, l’âge, le tabac et l’histoire familial de diabète.
Et dans 4 cohortes où l’alimentation était plus détaillée, les participants qui adhéraient à une alimentation axée sur les végétaux les plus sains (tels que défini ci-dessus) avait un risque encore moindre (RR : 0,77; IC95% CI 0,62 – 0,79).
Quel mécanisme ?
Différents mécanismes peuvent expliquer ces résultats d’après les auteurs.
L’alimentation riche en nutriments issus du règne végétal « contiennent des fibres, des vitamines et des minéraux, antioxydants, composés phénoliques, et acides gras insaturés », indiquent-ils, qui améliorent la sensibilité à l’insuline et la pression artérielle, réduisent la prise de poids sur le long terme et améliore l’inflammation systémique – autant de voies impliquées dans les causes du diabète de type 2 ».
D’un autre côté, « ces régimes diminuent la proéminence, voire abolissent, la consommation de viande rouge et de viande transformée, dont il a été montré qu’à l’inverse, elles affectent le risque de diabète, probablement en raison de leur contenu élevé en fer ou leur contenu en cholestérol. »
« De nouvelles preuves expérimentales nous donneront peut-être de nouveaux éclairages sur d’autres voies susceptibles de médier l’association bénéfique entre des modèles de régimes à forte teneur en végétaux et le diabète de type 2. »
More plants. Less meat. Less diabetes
Pour le Dr Kim Allan Williams (chef du département de cardiologie, Rush University Medical Center, Chicago), le message à retenir est simple : « Plus de végétaux. Moins de viande. Moins de diabète (More plants. Less meat. Less diabetes) ».
« La viande, en particulier la viande transformée est associée à plus de diabète, d’insuffisance cardiaque, d’hypertension, d’AVC, d’hyperlipidémies, d’infarctus et de décès » a-t-il précisé dans un e-mail à notre consoeur de Medscape Medical News.
Invitée, elle aussi, à formuler un commentaire, le Dr Michelle L. O'Donoghue, (cardiologue, Brigham and Women’s Hospital, Boston) est d’accord sur le fait que ces résultats « contribuent à la quantité croissante de recherches montrant qu’un régime riche en nutriments d’origine végétale et faible en nutriments d’origine animales peut aider à réduire le risque de développer de nombreuses maladies chroniques des pays développés, et notamment le diabète de type 2 ». « De façon surprenante, des études ont même suggéré qu’un régime riche en végétaux pourrait aller jusqu’à « réverser » le diabète de type 2, continue le Dr O'Donoghue.
Les glucides ne sont pas les seuls à blâmer
La cardiologue note que les recherches les plus récentes viennent alimenter de nouvelles hypothèses.
« Nous commençons tout juste à comprendre que les glucides ne devraient pas être les seuls à blâmer » quand il s’agit du risque de DT2, explique le Dr O'Donoghue.
« Assurément, les sucres raffinés et transformés contribuent à l’inflammation et au développement de la maladie. Néanmoins, on montre qu’un régime riche en végétaux qui réduit ou élimine les produits animaux tout en augmentant la part des glucides issus des céréales complètes pourrait avoir des effets très favorables. »
« La qualité nutritionnelle de notre alimentation est cruciale, et c’est ce que reflète cette étude. Des régimes, comme le régime méditerranéen qui met l’accent sur les fruits et les légumes peut aussi offrir des bénéfices cliniques pour les patients qui ne voudraient passer sur un mode totalement végétarien ».
Des efforts soutenus sont nécessaires pour informer les gens sur l’importance d’une bonne nutrition pour une bonne santé, considère le Dr O'Donoghue, en particulier dans les écoles. Même dans les zones défavorisées ou quand des produits frais ne sont pas disponibles, il y a toujours moyen de trouver des légumes en conserves, et des systèmes de livraison de produits d’épicerie à des prix abordables sont de plus en en plus accessibles dans le pays. »
Sur la comparaison des bénéfices entre régime méditerranéen et végétarien dans le cadre du diabète, voir la vidéo du Pr Boris Hansel : Végétarisme et diabète: quelles preuves?
La version originale de l’article a été publiée en anglais sur Medscape Medical News le 22 juillet 2019 et traduite par Medscape Edition Française.
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Citer cet article: Une alimentation très riche en végétaux réduit le risque de diabète de type 2 - Medscape - 1er août 2019.
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