Liverpool, Royaume-Uni – Un groupe de chercheurs britanniques et indiens, fédérés par la Liverpool School of Tropical Medicine, s’est intéressé à la coupe menstruelle comme possible alternative aux protections périodique jetables ou traditionnelles, pour les jeunes filles et femmes de pays ou milieux à faibles revenus. Ils ont pour cela procédé à une méta-analyse de la littérature scientifique et médicale sur le sujet. Ils ont examiné le risque de fuite, de choc toxique, la sécurité et les conditions d’usage et en concluent que ce type de protection peut constituer une proposition pertinente en termes de santé publique.
Leurs conclusions intéresseront les décideurs de programmes sanitaires internationaux mais aussi les médecins français. Le Dr Elisabeth Paganelli, du Syndicat des gynécologues obstétriciens (SYNGOF) les commente pour Medscape édition française.
3 319 participantes
En cherchant les références associant le terme anglais cup avec menstrual, menses ou menstruation sur de nombreuses bibliothèques médicales en ligne (PubMed, Cochrane Library, Web of Science…), les auteurs ont trouvé 436 occurrences, mais seulement 43 études répondaient effectivement à leurs questions (fuites, acceptabilité ou sûreté) sur ces coupes menstruelles et étaient éligibles à leur analyse. Elles concernaient néanmoins 3 319 participantes et 15 études concernaient des pays à revenus faibles ou intermédiaires. Les chercheurs ont également référencé les cas cliniques rapportés dans la littérature et comparé les coûts des tampons, serviettes hygiéniques et coupes menstruelles dans six pays : États-Unis, Royaume-Uni, Inde, Espagne, Chine et Canada.
Les études concernaient des jeunes filles ou des femmes utilisatrices de coupes menstruelles, ou à qui on a demandé d’en utiliser. Quelques-unes datent des années 60 (3), de la fin des années 80 (6) et 26 ont été menées entre 2009 et 2018. Mais les auteurs déplorent d’emblée la faible qualité des études quantitatives : « beaucoup d’études n’identifiaient pas clairement d’où venaient les participantes ou si elles étaient représentatives de la communauté ».
En ce qui concerne les fuites, quatre études (293 participantes) ont fait une comparaison directement entre coupes menstruelles et produits usuels : les taux de fuites sont similaires pour trois études, tandis que la dernière relève un taux plus faible avec les coupes menstruelles. Les études mentionnent aussi les facteurs associés à ces fuites : anatomie particulière de l’utérus, coupe trop petite, coupe mal positionnée ou trop remplie.
En termes de sécurité, aucune étude avec examen vaginal n’a rapporté de blessures ou d’anomalies vaginales ou cervicales. Dans les case reports, quatre utilisatrices font état de blessures ou de douleurs sévères lors du port ou du retrait de la coupe, mais qui n’ont fait l’objet d’examens cliniques. Un cas d’allergie au silicone a par ailleurs nécessité une intervention chirurgicale de reconstruction du vagin.
Pas plus de risque d’infection, voire moins
« Nous n’avons pas trouvé de risque accru d’infection (ni locale ni systémique) associé à l’usage d’une coupe menstruelle par rapport à d’autres produits, parmi les femmes ou filles européennes, nord-américaines ou africaines », rapportent encore les auteurs. Une baisse des candidoses a été constatée par deux études sur quatre ayant investigué cette infection. Une autre étude, randomisée et sur 9 mois, au Kenya, fait état d’une plus faible prévalence des infections bactériennes vaginales parmi les utilisatrices de cups que chez les utilisatrices de serviettes hygiéniques jetables ou de pratiques traditionnelles.
Choc toxique possible
Cinq cas de choc toxique ont été identifiés par des cas cliniques. Une des femmes concernées portait également un dispositif intra-utérin (DIU) et une autre souffrait d’une déficience immunitaire, précisent les auteurs.
« La seule chose à savoir, c’est qu’elles peuvent amener le choc toxique, appuie le Dr Elisabeth Paganelli, gynécologue. Les infectiologues disent qu’il faut se méfier, même si ce syndrome est exceptionnel. Les infectiologues et le Pr Gérard Lina, microbiologiste spécialiste du choc toxique, recommandent de ne pas porter une coupe plus de 4 à 6 h, donc pas toute la nuit, comme pour les tampons. Il recommande aussi aux femmes d’avoir deux coupes pour ne pas remettre la coupe juste après l’avoir vidée, mais de prendre le temps de bien la laver entre deux utilisations ».
Etonnamment bien tolérées
Mais la gynécologue se dit plutôt rassurée sur ce nouveau type de protection périodique : « on s’attendait à des irritations ou des inconforts, on se demandait s’il était bon de garder ainsi du plastique qui conserve les règles dans le vagin, mais les coupes sont étonnamment bien tolérées ».
L’étude relève également plus de cas de délogement d’un DIU lors du retrait de la coupe. Le Dr Paganelli précise donc que « quand on pose un stérilet à une femme utilisatrice de cup, il faut mieux couper le fil plus court. Il faut dire aussi aux femmes de bien presser la cup avant de la retirer pour éviter l’effet ventouse ».
Alternative fiable, sûre et économique
« Les filles et les femmes ont besoin de protections périodiques efficaces, sûres et abordables », « Les femmes, les filles et les personnes transgenres ont besoin de protections hygiéniques chaque mois pour vivre une vie riche et en bonne santé », répètent Anna Maria van Eijk et ses collègues. Or, certaines utilisent des « chiffons, serviettes, mouchoirs, mouchoirs en papier ou autres matériaux de fortune ». Les coupes semblent donc une alternative fiable et « que le coût est incomparable avec les protections jetables », note le Dr Paganelli. Néanmoins, la gynécologue, consultée par les pouvoirs publics, ainsi que des associations d’aide aux démunis, dans le cadre de discussions sur une éventuelle gratuité ou un remboursement des protections périodiques, relève aussi que « les femmes sans abris préfèrent les produits jetables aux cups, qui leur poseraient des questions d’hygiène. Et les jeunes femmes qui souhaitent garder leur hymen jusqu’au mariage, ne pourront pas mettre de cup. »
Elle confirme, par ailleurs, le constat des auteurs de cette étude concernant le manque d’études fiables sur le sujet et regrette que le système de signalement d’effets indésirables avec ces dispositifs ne soit pas clair : « ce ne sont pas des médicaments donc ils ne dépendent pas du système de pharmacovigilance avec lequel nous, médecins, avons l’habitude de travailler ».
Actualités Medscape © 2019 WebMD, LLC
Citer cet article: La coupe menstruelle : une alternative fiable, sûre et économique aux autres protections périodiques - Medscape - 31 juil 2019.
Commenter