Revenus 2018 : le poids des charges grève le pouvoir d’achat

Philippe Anaton

Auteurs et déclarations

11 juillet 2019

France Coup sur coup, deux enquêtes, l’une de Medscape et l’autre de l’Unasa, se sont penchées sur les revenus des médecins généralistes et spécialistes en 2018. Les chiffres établissent des données à peu près comparables : revenus globalement en hausse sur deux ans, mais constat d’une perte de pouvoir d’achat.

Dans la troisième édition de l'enquête sur les revenus des médecins auprès de 900 médecins, dont 64 % d’hospitaliers, Medscape établit que les généralistes ont perçu en 2018 96 000 euros. Si l'on compare avec le montant des revenus déclarés en 2016 dans une précédente enquête de Medscape, l'on constate un bond en avant des revenus des MG. Ainsi, en 2016, ils s'établissaient à 91 500 euros, soit une augmentation de 4,9%.

L'Union nationale des associations  agréées (Unasa) a  elle aussi des données précieuses sur les revenus  des médecins libéraux, en particulier des médecins généralistes. En son sein, l'Unasa regroupe quelque 18 000 médecins généralistes adhérents. Selon ses statistiques, le bénéfice net des médecins généralistes était de 89,9K euros en 2018, contre 87,2K euros en 2016, soit une augmentation de 3%.

Si l'augmentation semble moindre du côté de l'Unasa, la tendance est la même. Cette augmentation des revenus des médecins de famille est à mettre en relation avec la mise en place de réformes concomitantes de l'Assurance maladie, comme la rémunération sur objectifs de santé publique (Rosp) nouvelle version, adoptée fin 2016 et payée en 2018.

Aussi, depuis le 1er janvier 2017, l'option pratique tarifaire maitrisée (Optam), pour les médecins qui y adhèrent, permet également le versement d'une prime contre une maitrise des dépassements d'honoraire. À n'en pas douter, ces réformes ont influé, entre 2016 et 2018, sur les revenus des médecins généralistes.

Revenu des médecins généralistes : début d’un déclin entre 2017 et 2018 ?

Mais cette augmentation des revenus des MG n'est perceptible que sur deux ans (2016 à 2018), selon l'Unasa.

Si l'on compare les données de 2017 et celles de 2018, on se rend compte que les revenus des médecins de famille ont baissé sur cette dernière année.

La baisse n'est pas importante, mais elle marque peut-être le début d'une involution des revenus des MG.

Leurs revenus en 2017 s'établissaient selon les données de l'Unasa à 90,7K euros, soit une baisse de 0,9% entre 2017 et 2018 (89,9K euros). Pourtant, les recettes encaissées en 2018 ont été plus importantes qu'en 2017 : 162 719 euros en 2017 contre 164 200 euros en 2018.

En revanche, au niveau des charges, on constate une augmentation des charges sociales (2 contre 1,9) de la CSG déductible (4 contre 3,4).

Augmentation des revenus pour les autres spécialistes

Paradoxalement, les autres médecins spécialistes ne suivent pas cette régression récente. Pour Medscape, les revenus des spécialistes étaient de 98K euros en 2018 contre 96K euros en 2016, soit une augmentation de 2%.

Même tendance du côté de l’Unasa. Pour les chirurgiens en urologie par exemple, leurs revenus en 2018 culminent à 226K euros en 2018 contre 212K euros en 2017, soit +6,8%. Alors que les anesthésistes réanimateurs voient leurs bénéfices nets grimper de +6,6% pour passer de 200K euros en 2017 contre 212K euros en 2018.

Les cardiologues augmentent également leurs chiffres, de +3,6%, soit des revenus de 141K euros en 2018 contre 137K euros en 2017.

Plus proches des revenus des généralistes, ceux des gynécologues obstétriciens augmentent aussi de +3,7% passant de 101K euros en 2017 contre 105K euros en 2018. Seuls les psychiatres, dont les revenus sont également en hausse, ont des revenus moindres que les médecins généralistes, soit 71,1K€ contre 70K€ en 2017.

Pouvoir d'achat en berne ?

Malgré cette augmentation des revenus, les médecins français ne s'estiment pas suffisamment rémunérés, témoignent-t-ils dans l’enquête Medscape, « au regard des énormes responsabilités » des « études difficiles » et de la « charge de travail ».

Comparativement à 2017, pour les médecins interrogés par Medscape, ils ont le sentiment que leur pouvoir d'achat a baissé, du fait de l'augmentation globale du coût de la vie, des charges et des taxes.

Un peu plus de la moitié des médecins français rapportent que leur pouvoir d’achat a diminué en 2018. Les libéraux (67%), les plus de 45 ans (57%), les généralistes (55%) et les hommes (54%) étaient plus nombreux à rapporter une baisse.

Dans leurs commentaires, les médecins interrogés expliquent cette diminution par l’augmentation globale du coût de la vie, des charges et des taxes — certains dénonçant une « fiscalité démesurée » et des revenus qui ne suivent pas.

Un cardiologue indique, par exemple, que son impôt sur le revenu est passé de  17 800 euros à 21 800 euros alors que son salaire a augmenté de 3 euros.

Si l'on considère les statistiques de l'Unasa, on constate en effet une augmentation significative des impôts et taxes des cardiologues. En 2017, ils représentaient 4,3% des revenus des cardiologues contre 5,2% en 2018. De la même manière, les charges de personnel augmentent légèrement, passant de 7,1% à 7,2% en 2018 pour ces spécialistes.

Consulter l’intégralité du diaporama «  Enquête sur le pourvoir d'achat et les revenus des médecins français  » ici.

 

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