Diabète de type 2 : l’EMA donne son feu vert à l’utilisation du liraglutide à partir de 10 ans

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

8 juillet 2019

Amsterdam, Pays-Bas -- Dans les pas de la FDA américaine, le Comité des médicaments à usage humain (CHMP) de l'agence européenne du médicament (EMA) s’est prononcé en faveur de l’extension d’indication de l’agoniste du GLP-1 liraglutide (Victoza®, Novo Nordisk) aux enfants et adolescents d’au moins 10 ans présentant un diabète de type 2 [1].

Le liraglutide est le premier traitement pédiatrique non-insulinique à être recommandé pour un usage pédiatrique du diabète de type 2 depuis près de 20 ans. Pour rappel, l’agoniste du GLP1 injectable a une AMM chez les adultes atteints de diabète de type 2 depuis environ 10 ans.

Forte incidence du DT2 chez les enfants et complications « alarmantes »

Une nouvelle option thérapeutique est particulièrement attendue chez les pré-adolescents/adolescents atteints de diabète de type 2 pour deux principales raisons : l’augmentation constante de l’incidence de la maladie dans cette tranche d’âge et sa sévérité.

Selon l’OMS, dans certaines régions du monde, le diabète de type 2 est désormais plus fréquent que le diabète de type 1 chez les enfants et les adolescents.

En effet, d’après les résultats des études TODAY 2 et RISE , présentées au dernier congrès de l’American Diabetes Association (ADA) , au cours des dernières années, l’incidence du diabète de type 2 n’a fait qu’augmenter chez les enfants et les jeunes adultes et la maladie est particulièrement agressive dans cette population.

L’étude RISE, notamment, a montré que ni la metformine, ni l’insuline ne semblaient vraiment efficaces dans le diabète de type 2 pédiatrique soulignant l’importance de mettre à disposition des traitements alternatifs pour les enfants et les adolescents présentant un diabète de type 2.

Un avis positif appuyé par les données de l’essai ELLIPSE

L’AMM de la FDA et l’avis positif de l’EMA se sont appuyés sur les données de l’essai Efficacy and Safety of Liraglutide in Combination With Metformin Compared to Metformin Alone, in Children and Adolescents With Type 2 Diabetes (ELLIPSE) [2].

Dans cet essai international de phase 3, 135 patients de 10 à 17 ans souffrant d’obésité (IMC moyen 33,9 kg/m²) ont été randomisés pour recevoir soit des injections quotidiennes de liraglutide (titration sur 3 semaines de 0,6 mg à 1,8 mg ou dose maximale) soit un placebo, avec 1000 ou 2000 mg/j de metformine.

Les patients qui recevaient déjà de l’insuline basale continuaient le traitement avec ajustement des doses.

Il ressort des résultats que le taux d’HbA1c à 26 semaines a diminué de 0,64 % dans le bras liraglutide et a augmenté de 0,42 % dans le bras placebo (p<0,001). Aussi, 64 % des patients du bras liraglutide avaient un taux d’HbA1c <7% versus 38 % dans le bras placebo (p<0,001).

De même, à 52 semaines, le taux d’HbA1c moyen a diminué de 0,50 % dans le bras liraglutide et a augmenté de 0,80 % dans le bras placebo (p<0,001).

Quelle tolérance ?

Sur les 52 semaines de suivi, les effets secondaires étaient plus fréquents chez les patients recevant le liraglutide que chez ceux recevant le placebo (85 % vs 81%).

Les effets secondaires les plus fréquents dans le bras liraglutide, survenant chez au moins 10 % des patients, étaient les nausées (29 %), les vomissements (26 %), les diarrhées (23 %), les maux de tête (21 %), les douleurs abdominales (18%), les rhinopharyngites (17%), les étourdissements (12 %) et les gastroentérites (11%).

Aussi, plus de 5 % des patients du bras liraglutide ont présenté des infections des voies respiratoires hautes, de la dyspepsie, des démangeaisons, de la fièvre, une perte d’appétit et de la constipation.

Des hypoglycémies mineures sont survenues chez 24 % des patients qui recevaient le liraglutide et chez 10 % des patients recevant le placebo. Aucun des patients recevant le liraglutide n’a fait d’hypoglycémie sévère versus un patient dans le bras placebo.

Les effets secondaires les plus fréquents dans le bras placebo étaient la rhinopharyngite (28 %), les maux de tête (19 %), les diarrhées (16%), les nausées (13 %) et les douleurs abdominales hautes (12 %).

Quelle stratégie thérapeutique dans le DT2 pédiatrique ?

Pour l’EMA, la prise en charge recommandée chez les enfants et les adolescents présentant un diabète de type 2 ne diffère pas de celle des adultes avec une approche étape par étape débutant par des modifications du mode de vie (alimentation saine et exercice physique), suivie d’une monothérapie, puis d’une bithérapie.

La décision d’octroyer une extension d’indication au liraglutide revient désormais à la Commission Européenne (CE). Cette décision, qui devrait intervenir dans les 2 mois, est habituellement en conformité avec l’avis de l’EMA.

 

Cet article est une adaptation des articles EU OKs Liraglutide in Kids; Rejects Romosozumab for Osteoporosis de Lisa Nainggolan et ELLIPSE: Liraglutide Effective for Diabetes in Adolescents de Marlene Busko.

 

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