Paris, France – En cas d’allergie à la pénicilline, faut-il craindre les réactions croisées avec les céphalosporines de deuxième ou de troisième génération ? Une étude française, menée à l’hôpital Tenon confirme que non. Chez 236 patients ayant une allergie prouvée à la pénicilline, le risque de réactivité croisée entre pénicilline et C2G/C3G a été faible, inférieur à 1 %. Ce travail coordonné par le Dr Andrada Chiron (Service de dermatologie et d’allergologie, hôpital Tenon, Paris) a été présenté à l’occasion du 14ème Congrès francophone d’allergologie [1].
10 à 30 % un taux surestimé
« Bien qu’il ait été prouvé que les allergies croisées pénicillines-céphalosporines soient rares, beaucoup de praticiens en restent sur la notion initiale d’un taux d’allergies estimé entre 10 à 30 % s’expliquant par une similitude de structure dans la composition de ces deux classes d’antibiotiques. C’est pour cette raison que face à une allergie à la pénicilline, les médecins évitent souvent les prescriptions de céphalosporines », analyse le Dr Andrada Chiron.
Pour confirmer les données de la littérature qui tendent à prouver que le taux de 10 à 30 % est très surestimé, l’équipe d’allergologie de l’hôpital Tenon a proposé une étude rétrospective sur 236 adultes diagnostiqués comme allergiques à la pénicilline, selon les critères de l’EAACI, et ayant eu des tests cutanés positifs en lecture immédiate ou retardée à au moins une pénicilline.
Un test positif non confirmé par la réintroduction
Sur les 236 patients inclus, 181 présentaient une réaction d’hypersensibilité immédiate et 55 d’hypersensibilité retardée. Au total, ils avaient présenté 272 réactions allergiques (plusieurs épisodes chez certains) se répartissant entre 118 anaphylaxies, 48 urticaires-angioedème et 39 toxidermies définies [2]. Les tests cutanés à l’amoxicilline ou l’association amoxicilline/acide clavulanique ont été positifs pour 234 patients et chez 2 autres, c’est l’association pipéracilline/tazobactam qui était en cause.
Aucun test positif croisé n’a été détecté (194 patients testés pour la ceftriaxone, 202 pour la cefpodoxime et 6 pour la cefixime). Seul un patient sur les 99 testés pour le cefuroxime a présenté un test cutané positif, les tests cutanés et de réintroduction ont été négatifs pour la cefpodoxime et la ceftriaxone.
Une seule urticaire aiguë
Sur les 234 patients testés avec au moins une céphalosporine de troisième génération, 217 ont bénéficié d’un test de réintroduction avec au moins une molécule de cette famille. Ces tests de réintroduction menés avec du cefpodoxime (200 patients), du cefixime (6 patients) ou du cefuroxime (79 patients) ont tous été négatifs. Seul un des 161 patients ayant eu un test de réintroduction à la ceftriaxone a présenté une urticaire aiguë (0,4 % des 236 patients, 181 des patients présentant une hypersensibilité immédiate).
Ce résultat fait dire aux auteurs que « l’existence d’une allergie à la pénicilline ne doit pas contre-indiquer la prescription d’une céphalosporine de deuxième ou troisième génération en raison de la rareté des réactions croisées ».
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Citer cet article: Allergies aux pénicillines et aux céphalosporines : faut-il craindre les réactions croisées ? - Medscape - 17 mai 2019.
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