Paris, France -- Avec une sensibilité de 100 % et une valeur prédictive négative de 83 % les tests cutanés peuvent être proposés aux plus de 75 ans présentant des hypersensibilités médicamenteuses, a expliqué le Dr Marion Castel (CHU Rouen) à l’occasion d’une présentation orale de son poster au 14ème congrès francophone d’allergologie[1] .
En raison du nombre croissant de médicaments prescrits avec l’âge, des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse (voir encadré) sont décrites chez les plus de 75 ans. Pour autant, cette tranche d’âge n’est référée aux allergologues que rarement. « Il faut dire que l’idée d’une faible positivité des tests cutanés et d’une difficulté de réalisation chez les plus âgés reste prégnante », considère le Dr Castel. C’est pour cette raison qu’une étude observationnelle a été mise en place au CHU de Rouen dans le service de dermatologie à la consultation de référence des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse (HSM).
Les antibiotiques avant les traitements chroniques
Entre septembre 2013 et octobre 2017, 108 patients de plus de 75 ans ont été inclus dans l’étude : 73,1 % avaient présenté une HSM retardée et 20,3 % une HSM immédiate [2]. Les médicaments les plus impliqués étaient les antibiotiques (68,5 %) et en particulier les bêta-lactamines (49,1 %). « En raison des particularités de la population, nous nous attendions plutôt à recevoir en consultation des patients traités avec des médicaments an long-cours », explique le Dr Castel.
Refus du patient dans 13,2 % des cas
Seuls 45,6 % des patients ont pu être testés. Outre les HSM graves (15,2 %), les principales causes de non-réalisation étaient un refus du patient (13,2 %), des médicaments facilement substituables ou non indispensables (13,6 %), l’âge avancé (11,8 %) et un mauvais état général (10,2 %).
Les tests cutanés se sont révélés positifs dans 42 % des cas et négatifs dans 48 % des cas, ce qui a été confirmé par un test de provocation orale. Seuls 3 faux positifs ont été retrouvés. La spécificité des tests était de 100 % et leur valeur prédictive négative de 83 %. « Dans notre population de 108 patients âgés en moyenne de 81,5 ans et adressé pour tests cutanés en service d’allergologie, la rentabilité de ce test a été confirmée avec un taux de positivité de 42 %, chiffre comparable à celui de la population générale. L’ensemble de ces résultats va dans le sens d’une rentabilité de la consultation allergologie chez les plus de 75 ans », a conclu le Dr Castel.
Réactions d’hypersensibilité médicamenteuse
Les réactions d’hypersensibilité aux médicaments (HSM) affectent 7 % de la population générale et constituent un motif de consultation fréquent en médecine générale [3]. Ce terme d’hypersensibilité aux médicaments recouvre l’ensemble des réactions cutanées et/ou systémiques induites par la prise d’un médicament. Si l’HSM est fréquente, elle n’est qu’exceptionnellement sévère et n’est allergique que dans 10 % des cas [3]. Elle représente néanmoins un problème sérieux pour les patients et leurs médecins en termes de diagnostic et de prise en charge ultérieure. Elles peuvent aussi être une cause de retrait de ces médicaments (par exemple buféxamac, glafénine, propacétamol, tétrazépam) [3]. Si les éruptions urticariennes et les exanthèmes sont les principales manifestations de l’hypersensibilité aux médicaments, il en existe beaucoup d’autres présentations cliniques.
Actualités Medscape © 2019
Citer cet article: Hypersensibilité médicamenteuse: tester les plus de 75 ans, c’est faisable - Medscape - 9 mai 2019.
Commenter