POINT DE VUE

Télésurveillance et accompagnement thérapeutique des diabétiques: notre devoir de médecin?

Dr Boris Hansel

Auteurs et déclarations

25 avril 2019

Le blog du Dr Boris Hansel - Diabétologue et nutritionniste

TRANSCRIPTION

Au congrès de la Société Francophone du Diabète (SFD) en mars dernier, il y a eu plusieurs communications autour de la santé connectée et notamment au sujet de la télésurveillance des patients diabétiques. Cela fait naturellement suite [à la mise en place, l’année dernière, du] remboursement de la télémédecine dans le diabète, dans le cadre du programme d’expérimentation ETAPES. En résumé – si vous n’êtes pas familiers avec la télémédecine – il est maintenant possible de proposer, avec un remboursement à la clé, une surveillance et un accompagnement thérapeutique des patients diabétiques sous insuline quand ils ne sont pas suffisamment équilibrés. Je ne vais pas revenir sur les conditions précises du remboursement, mais à mon sens elles correspondent justement aux situations où c’est utile, voire nécessaire, de pouvoir proposer une aide pour l’adaptation des doses d’insuline, et également de pouvoir proposer un accompagnement thérapeutique pour aider le patient à gérer son diabète en général.

Ce qui est frappant, un an après la mise en place du programme, c’est qu’une extrême minorité des patients éligibles à ce programme sont inscrits. En chiffres, ce sont à peu près 450 patients qui ont été inclus alors qu’on peut estimer — même si ce ne sont pas des chiffres très précis — que plusieurs dizaines de milliers de patients sont éligibles à une inclusion dans l’expérimentation ETAPES.

On peut se demander : pourquoi a-t-on du mal à mettre en place la télémédecine? Je ne connais pas d’étude qui permette d’expliquer cela et je voudrais émettre quatre hypothèses :

  1. Méconnaissance des programmes de télésurveillance : il y aurait, en particulier dans le cas du diabète, une méconnaissance de la part des soignants de l’existence du programme ETAPES, avec son remboursement pour les patients et l’indemnité financière pour les soignants qui le pratiquent.

  2. Peur de perdre du temps : c’est vrai que lorsqu’on met en place quelque chose de nouveau, il y a une phase de rodage…

  3. Doute sur l’efficacité de la télésurveillance de la part des soignants.

  4. Non-adhésion des patients : peut-être que certains soignants ont l’impression ou la certitude que les patients ne vont pas adhérer au programme de télésurveillance.

J’aimerais savoir ce que vous en pensez. Je vous invite donc à me laisser des commentaires sur ce blog, ci-dessous, je répondrai et on discutera avec plaisir.

À la SFD, on a vu (et cela va peut-être aider certains d’entre vous qui voudraient utiliser ETAPES) qu’il y a maintenant des solutions « clé en main » proposées pour mettre en place la télésurveillance. On en a vu essentiellement trois, qui sont chacune portées par un laboratoire qui commercialise de l’insuline. Alors ce ne sont pas des solutions développées, mais « parrainées » chacune par un laboratoire : il s’agit de MYDIABBY, DIABEO et la petite dernière, la solution DIABNEXT. Laquelle utiliser? Chacune a sa spécificité.

  • MYDIABBY, on en entend parler depuis plusieurs années, elle a été initialement proposée pour le suivi de la femme enceinte.

  • DIABEO, on en a également entendu parler parce que sa caractéristique est de contenir un calculateur de dose (un algorithme qui permet d’aider les patients à adapter les doses), ce qui peut être utile pour certains diabétiques.

  • DIABNEXT, là on vient d’en entendre parler, elle propose l’utilisation d’objets connectés pour capter et envoyer automatiquement la dose d’insuline effectuée et, également, automatiquement les glycémies qui sont mesurées en auto-surveillance. Cela permet d’alléger, peut-être, le travail du patient qui n’a plus besoin de remplir son carnet électronique, et cela permet pour le soignant d’avoir un carnet plus sûr, plus rigoureux.

Il est vrai que, quelle que soit la solution qu’on utilise, il faut s’y faire, il faut entrer dans une nouvelle manière de suivre les patients. Mais ce que je voudrais dire, c’est qu’il ne faut pas oublier qu’il y a plusieurs essais qui ont montré la supériorité du suivi des diabétiques avec la télésurveillance. Voilà pourquoi je suis un fervent défenseur de la télémédecine et de la télésurveillance, et je pense que c’est même notre devoir de médecins de nous y mettre, puisqu’on sait que cela peut rendre service, au moins à certains de nos patients.

Je vous remercie de votre attention et je vous dis à très bientôt sur Medscape.

 

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