Paris, France -- Coqueluche, hépatite A et B, pneumocoque, BCG...Comment suivre le calendrier vaccinal en situation de pénurie de vaccins ? Publiées récemment, les nouvelles recommandations vaccinales 2019 indiquent la marche à suivre pour tous les cas où la vaccination ne peut pas être reportée. Des préconisations qui pourront sembler paradoxales et « confusionnantes» par rapport aux messages en faveur d’une meilleure couverture vaccinale.
« Depuis quelques années, la France, comme les autres pays, est confrontée à des ruptures d’approvisionnement durables de certains vaccins. Ceci a amené les autorités de santé, sur avis du Haut conseil de la santé publique puis du Comité technique des vaccinations (CTV) de la HAS, à redéfinir les populations prioritaires à vacciner et/ou proposer des schémas de vaccination alternatifs et des modalités d’administration permettant d’économiser des doses de vaccins et/ou d’utiliser des vaccins jusque-là non utilisés dans notre pays », indique le Ministère.
Le ciblage des populations à vacciner et l'adaptation des schémas vaccinaux concernent plusieurs vaccins en tension d'approvisionnement : les vaccins contenant la valence coqueluche, mais aussi ceux contre l'hépatite A, l'hépatite B, le pneumocoque et le BCG.
Vaccin contenant la valence coqueluche
Concernant les vaccins combinés contenant la valence coqueluche qui connaissent des tensions durables, il est recommandé :
de privilégier un vaccin hexavalent (InfanrixHexa®, Hexyon® ou Vaxelis®) pour la vaccination des nourrissons à 2 mois, 4 mois et 11 mois ;
les vaccins pentavalents (InfanrixQuinta®, Pentavac®), disponibles en quantité limitée, doivent être réservés en priorité pour des situations particulières (nouveau-nés de mères porteuses de l’antigène HBs, ainsi que ceux nés en Guyane ou à Mayotte) ;
pour les enfants ayant reçu le rappel à 6 ans avec un vaccin combiné dTcaP contenant une dose réduite d’anatoxine diphtérique et d’antigène coquelucheux (BoostrixTetra® et Repevax®) du fait d'une situation de pénurie, d'effectuer le rappel à 11/13 ans avec un vaccin DTCaP. Le rappel de 11/13 ans, avec le vaccin dTcaP peut être, si nécessaire, décalé à l’âge de 13 ans.
Vaccin contre l’hépatite A
En situation de tensions sur l’approvisionnement en vaccin contre l’hépatite A, il est recommandé :
-de n’effectuer qu’une seule dose pour les nouvelles vaccinations ;
-de ne pas effectuer de rappel pour les personnes ayant déjà reçu une ou deux doses, même si elles sont à nouveau en situation d’exposition (sauf pour les personnes immunodéprimées) ; l’administration d’une 2ème dose pour ces personnes ne se fera qu’après le retour à la normale de la situation ;
-de vacciner en priorité : les enfants à partir de l’âge de 1 an, qui vont se rendre dans un pays de haute endémicité, les personnes de l’entourage d’un ou plusieurs cas confirmés conformément aux recommandations inscrites au calendrier vaccinal, les voyageurs si les conditions de leur séjour les exposent à un risque élevé de contamination (ceux nés avant 1945 ne seront vaccinés qu’après la pratique d’une sérologie prouvant l’absence d’immunisation), les personnes immunodéprimées exposées, les personnes atteintes de mucoviscidose et/ou de pathologies susceptibles d’évoluer vers une hépatopathie chronique (la pratique préalable d’une sérologie est recommandée chez les personnes adultes), les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), la pratique d’une sérologie préalable est recommandée.
Il est déconseillé :
- d’utiliser les vaccins combinés hépatite B-hépatite A pour les personnes dont l’indication est un vaccin dirigé uniquement contre l’hépatite A;
- d’utiliser une double dose de vaccin pédiatrique.
Vaccin contre l’hépatite B
Dans le contexte de tension potentielle sur l’approvisionnement en vaccin contre l’hépatite B, les personnes qui doivent être vaccinées (obligation vaccinale) sont :
-les professionnels de santé, élèves et étudiants de professions médicales et pharmaceutiques et les autres étudiants de santé ;
-les autres professionnels soumis à l’obligation vaccinale (secours, services funéraires, services sociaux et médico-sociaux, services aux particuliers) ;
-les militaires lors de l’incorporation.
A distinguer des autres personnes, prioritaires, elles aussi, en théorie, mais, de fait, non soumises à l’obligation:
- les professionnels ou personnes susceptibles d’être exposées au sang et aux autres produits biologiques (que le contact soit direct ou indirect) au cours de leur activité ;- nouveau-nés de mère porteuse de l’antigène HBs ;
- personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples ;
- usagers de drogue par voie parentérale ;- personnes amenées à résider en zone de moyenne ou forte endémie dont les personnes expatriées. Les personnes voyageant dans ces mêmes pays n’appartiennent pas aux populations prioritaires ;
- personnes dialysées ou atteinte d’insuffisance rénale chronique ;
- personnes candidate à une greffe d’organe, de tissus ou de cellules ;
- personnes vivant dans l’entourage d’une personne porteuse chronique de l’antigène HBs ;
- partenaires sexuels d’une personne infectée par le virus de l’hépatite B ou d’un porteur chronique de l’antigène HBs ;
- personnes détenues.
L’approvisionnement en vaccin hexavalent étant conservé, la vaccination des nourrissons peut être poursuivie (2 mois, 4 mois et 11 mois).
« Les personnes dont le risque d'exposition est plus faible ont donc été retirées de la liste publiée dans le calendrier vaccinal 2016 », indique le site vaccin.net. Il s'agit : des enfants et adolescents accueillis dans les services et institutions pour l'enfance et la jeunesse handicapées, des enfants d'âge préscolaire accueillis en collectivité, des enfants et adultes accueillis dans les institutions psychiatriques, des voyageurs dans les pays de moyenne ou de forte endémie et des personnes susceptibles de recevoir des transfusions massives ou itératives ou des médicaments dérivés du sang (le risque de transmission du virus de l'hépatite B correspondant est en effet devenu extrêmement faible en France, en raison du dépistage systématique par biologie moléculaire du génome du virus de l'hépatite B sur chaque don du sang).
En parallèle, « les autorités de santé recommandent d'optimiser l'utilisation des doses, notamment pour les étudiants des filières médicales, paramédicales et pharmaceutiques, ainsi que les professionnels de santé ».
Le Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) a édité un nouvel arbre décisionnel qui détaille l'adaptation vaccinale dans ces populations.
Algorithme décisionnel en période de tension en vaccin contre l'hépatite B pour les étudiants et professionnels de santé (en application de l' arrêté du 2 août 2013).

« Toutes ces mesures seront certainement insuffisantes pour pallier la pénurie actuelle. C'est pourquoi le Haut Conseil de la Santé Publique a recommandé l'importation dans les meilleurs délais de vaccins contre l'hépatite B produits dans d'autres pays », souligne le site vaccin.net.
Vaccin non conjugué contre le pneumocoque
Le vaccin polyosidique 23-valent Pneumovax® (VPP23) qui s’adresse aux personnes de plus de 2 ans présentant un facteur de risque d’infection à pneumocoque fait l'objet de tensions récentes pouvant être durables. La HAS a défini les personnes devant prioritairement recevoir ce vaccin.
Il s’agit :
- des enfants à risque élevé d’infection à pneumocoque (IP) qui, après vaccination par le vaccin VPC13, doivent recevoir une dose de vaccin VPP23 à l'âge de 2 ans ;
- des populations à risque élevé d'IP non antérieurement vaccinées et dont la maladie ou la comorbidité justifiant la vaccination a été nouvellement diagnostiquée.
Pour les autres populations à risque élevé d'IP (populations diagnostiquées avant 2017 ou antérieurement vaccinées), la dose de VPP23 pourra être reportée à la fin de la période de pénurie.
Pour les personnes à risque élevé d’IP ayant reçu la séquence VPC13-VPP23 et devant recevoir une dose de VPP23 cinq ans après la première injection de VPP23, cette revaccination peut être reportée à la fin de la période de pénurie.
Vaccin BCG
Ce vaccin n’est pas disponible en officine de ville ; il est distribué uniquement dans des centres pouvant regrouper les vaccinations.
Les vaccins disponibles, sont actuellement à réserver aux enfants les plus exposés et susceptibles d’évoluer en cas d’infection vers une tuberculose maladie. Il s’agit, en priorité, des enfants âgés de moins de cinq ans qui présentent en outre un facteur de risque lié à leur environnement ou leurs proches/ entourage (notamment un antécédent familial de tuberculose ou des liens avec un pays où la tuberculose est très fréquente). Les enfants vivant en Ile-de-France ne sont plus prioritaires pour la vaccination, en l’absence d’autres facteurs de risque. Les enfants nés à Mayotte ou en Guyane doivent recevoir ce vaccin de manière prioritaire.
Pour conclure, les recommandations vaccinales 2019 stipulent que : « la situation étant très évolutive, il convient de consulter régulièrement le site de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) », pour se mettre à jour.
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Citer cet article: Pénuries de vaccins : que proposent les recommandations vaccinales 2019 ? - Medscape - 26 mars 2019.
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