Paris, France -- Les personnels des urgences de l'hôpital Saint-Antoine de l'Assistance Publique - Hôpitaux de Paris (APHP) sont en grève illimitée depuis lundi 18 mars pour protester contre le manque de sécurité et de moyens.
Mouvement de grève illimitée
C’est à la suite d’une série de cinq agressions au service d’accueil des urgences (SAU) de l’hôpital Saint-Antoine à Paris que trois syndicats (CGT, FO et Sud) ont appelé à un mouvement de grève illimitée du personnel depuis lundi.
Le 13 janvier dernier, deux infirmières et une aide-soignante avaient été agressées violemment par un patient et elles ont passé, chacune, huit jours en interruption temporaire de travail (ITT). Si les agressions de soignants à l’hôpital sont malheureusement de plus en plus fréquentes – comme en témoignent les données de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) – c’est une raison supplémentaire qui a ici poussé les personnels à se mettre en grève. « La direction de l’établissement n’a pas respecté les consignes du ministère de la santé, à savoir l’application de la protection fonctionnelle en cas d’agression » explique le Dr Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes (Amuf) et responsable de la fédération CGT santé.
Protection fonctionnelle
La protection fonctionnelle permet, en effet, à un agent public victime d’une infraction pendant ses fonctions, de bénéficier d’une assistance juridique. « Il y a des personnels qui ont dû prendre un uber pour aller porter plainte au commissariat au lieu d’être accompagnés par l’institution qui est censée porter plainte avec eux, regrette le Dr Prudhomme. C’est une faute de la part de l’établissement et c’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase à Saint-Antoine ».
Dans un courrier adressé au directeur général de l’APHP, en date du 12 mars, le syndicat Sud dresse une liste de six revendications. Trois d’entre elles sont de nature sécuritaire : mise en place d’une procédure en cas d’agression, présence 24 heures sur 24 d’un agent de sécurité au SAU et sécurisation des locaux via une caméra de surveillance.
Revendications
Les trois autres portent sur des sujets plus globaux : titularisation des CDD jour et nuit, reconnaissance de la spécificité du travail aux urgences via une prime de 300 euros par mois et remplacement systématique des congés maternités pour les aides-soignants. « Les caméras de surveillance peuvent faire partie de la solution pour pouvoir réagir rapidement en cas de problème, commente le Dr Prudhomme. Mais il faudrait déjà que les portes qui ne ferment pas commencent par être réparées. Nous avons d’abord besoin de locaux adaptés pour pouvoir isoler les gens qui sont potentiellement dangereux du reste des patients qui attendent aux urgences ».
L’Amuf regrette également la présence de vigiles insuffisamment formés aux spécificités hospitalières et salariés de sous-traitant de l’hôpital. « Nous demandons à avoir du personnel hospitalier spécialement formé pour savoir comment réagir face à un patient dangereux et comment faire baisser le seuil d’agressivité » insiste le Dr Prudhomme.
Par ailleurs, les syndicats entendent également porter des revendications plus larges sur le fonctionnement des urgences hospitalières. « Le point de départ est que les services d’urgences sont tous en difficulté en raison d’un manque de moyens au regard d’une activité en augmentation, argumente le porte-parole de l’Amuf. C’est pour cette raison qu’il y a de plus en plus de conflits dans les services d’urgences depuis deux ans ».
Négociations en cours
Ainsi, les urgences de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, par exemple, s’étaient également mises en grève du 15 au 22 janvier derniers. « Toute personne qui arrive aux urgences devrait pouvoir être vue dans l’heure-et-demie suivante au plus tard et tout patient qui nécessite une hospitalisation après son admission aux urgences devrait être hospitalisé dans l’heure qui suit » résume le Dr Prudhomme.
Une réunion a été organisée mercredi en fin de journée entre les représentants syndicaux de l’hôpital Saint-Antoine et la direction puis le Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) a été convoquée jeudi. « Le préavis de grève continue de courir et 90 à 95% des agents travaillant aux urgences sont mobilisés, a expliqué vendredi matin à Medscape, Guy Gossec, permanent syndical de la section Sud de l’hôpital Saint-Antoine et élu au CHSCT. Nous ne sommes pas satisfaits des réponses apportées par la direction car, à la plupart de nos revendications, nous n’avons eu que des réponses partielles ou des réponses avec des délais inconnus. C’est, par exemple, le cas sur le sujet de la sécurisation des locaux où nous attendons aujourd’hui des mesures immédiates, notamment la mise en place d’une caméra de surveillance ». Lors de la réunion avec la direction, les représentants syndicaux ont également demandé la création d’un livret d’information pour les agents sur les procédures en cas d’agression. « Il faut savoir ce qu’on doit faire pour porter plainte, qui on appelle, cela va se faire mais les choses prennent beaucoup trop de temps » a ajouté Guy Gossec.
Sollicitée par Medscape, la direction de l’APHP n’a pas souhaité commenter ce mouvement de grève dans l’immédiat. La prochaine date de négociation entre les syndicats et la direction n’a pas encore été fixée.
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Citer cet article: Les urgences de Saint-Antoine en grève depuis lundi suite à une série d'agressions - Medscape - 25 mars 2019.
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