Saint-Denis, France — Les médicaments contenant du finastéride (Propecia®, Chibro-Proscar®, génériques) prescrits dans les indications « alopécie androgénétique » à la dose de 1 mg et « hypertrophie bénigne de la prostate » à la dose de 5 mg ne sont pas dénués de risque de troubles de la fonction sexuelle et de troubles psychiatriques. En ce début 2019, l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) a tenu à rappeler aux prescripteurs, en accord avec les laboratoires titulaires de l’AMM, les effets indésirables potentiels de cet inhibiteur des 5-alpha réductases [1].
Syndrome post-finastéride
L’alerte n’est pas nouvelle. En 2017, l’ANSM avait déjà attiré l’attention des médecins sur le risque de dépression et d’idées suicidaires liées au finastéride et rappelé à l’occasion le risque de troubles sexuels connu, lui, depuis 2011. Loin d’être négligeables, les effets secondaires du finastéride font régulièrement l’objet d’articles de presse basés sur des témoignages. Il a même été question d’un « syndrome post-finastéride » et Merck qui commercialise la molécule fait, par ailleurs, l’objet d’une action de masse (class action) aux Etats-Unis qui regroupe plus de 1 400 plaintes. Même si le Dr Pascal Reygagne (centre Sabouraud, Hôpital Saint-Louis, Paris) s’était, lui, montré plutôt rassurant lors d’une intervention à l’occasion des Journées Dermatologiques de Paris en 2016.
En pratique
L’ANSM rappelle donc dans sa lettre que les médicaments à base de finastéride sont indiqués chez l’homme uniquement et ne doivent pas être prescrits chez la femme.
Par ailleurs, les patients qui se voient prescrire du finastéride, doivent être informés du risque de survenue de symptômes psychiatriques tels que anxiété, changements de l'humeur, notamment humeur dépressive, dépression et moins fréquemment des pensées suicidaires, lesquels ont été signalés pendant et après l'utilisation du traitement. Leur apparition éventuelle doit, bien sûr, être étroitement surveillée, afin de réagir de façon adéquate dans les meilleurs délais.
Si des symptômes psychiatriques devaient apparaitre, deux cas de figure se présentent :
soit le patient est sous finastéride 1 mg (Propecia® et génériques), prescrit pour une alopécie, alors il doit arrêter son traitement et consulter un médecin ;
soit le patient est sous finastéride 5 mg (Chibro-Proscar® et génériques), prescrit pour une hypertrophie bénigne de la prostate. Dans ce cas, le patient ne peut arrêter seul son traitement mais doit consulter rapidement un médecin.
Pour ce qui est des troubles sexuels de type dysfonction sexuelle (y compris dysfonction érectile, troubles de l'éjaculation et diminution de la libido), il faut savoir qu’ils sont susceptibles de persister après l'arrêt du traitement.
Pour les patients concernés par des problèmes d’alopécie androgénique (finastéride 1 mg), l’ANSM recommande de discuter avec le patient du rapport entre les bénéfices attendus et les risques encourus.
Au final, l’ANSM incite tout un chacun à déclarer immédiatement tout effet indésirable suspecté d'être dû à un médicament au Centre Régional de Pharmacovigilance ou sur www.signalement-sante.gouv.fr
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Citer cet article: Finastéride : surveillez le risque de dépression et de troubles sexuels - Medscape - 13 févr 2019.
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