Anorexie de l’enfant : comment la repérer ?

Aude Lecrubier

1er février 2019

Paris, France—Depuis quelques années, on assiste à un rajeunissement de l’anorexie mentale. Alors que l’anorexie classique débute, en moyenne vers 16-17 ans, un nombre croissant d’enfants pré-pubères est touché par la maladie.

Anaël Ayrolles

« L’âge de début de la maladie diminue et depuis 2010, la HAS recommande un repérage plus précoce du trouble, à partir de 8 ans, ce qui a rendu nécessaire une meilleure caractérisation de ce trouble dans cette population, celle des moins de 13-14 ans », a commenté Anaël Ayrolles (interne en psychiatrie à l’hôpital Robert Debré, Paris), lors d’une session du congrès de l’Encéphale 2019 consacrée à la pédopsychiatrie[1].

« Les caractéristiques sur le plan épidémiologique et sur le plan clinique diffèrent de la forme classique de l’anorexie et vont nécessiter, sur le plan sanitaire, la mise en place de prises en charge particulières », a expliqué l’orateur.

En quoi diffère-t-elle de l’anorexie « classique » ?

D’abord, cette forme d’anorexie est rare, son incidence est d’environ 1/100 000 [2]. Aussi, elle touche plus souvent les garçons (3 garçons pour 10 filles [3] versus 1 garçon pour 10 filles dans la forme classique).

Sur le plan clinique, l’anorexie mentale à début précoce est caractérisée par :

-une perte de poids sévère et rapide. « Si une enfant de 8-9 ans qui pèse 25 kg perd 2,5 kilos, cela représente 10 % de son poids, c’est très important », a souligné Anaël Ayrolles.

-des cognitions anorexiques moins exprimées (comme les préoccupations concernant le poids et les formes) ;

-des symptômes somatiques « non spécifiques » comme les plaintes de douleurs abdominales assez fréquentes ;

-la restriction hydrique qui est liée à des fausses croyances, celle que l’eau fait prendre du poids est calorique… ;

-l’absence de comportement purgatif.

En outre, la maladie induit un ralentissement de la croissance staturale, un retard pubertaire et une ostéopénie, ce qui va conduire à un partenariat entre les équipes de pédopsychiatrie et d’endocrinologie.

« Il faut repérer précocement ces patients pour mettre en place une prise en charge dans des unités adaptées avec une collaboration entre des médecins pédopsychiatres et des endocrinologues, par rapport à leur croissance et à leur puberté », a souligné l’intervenant.

En termes de prise en charge, l’intervenant a précisé que la restauration pondérale devait être la plus rapide possible et réalisée en hospitalisation pour atteindre un IMC pré-morbide. Cette première étape permet d’initier ensuite une prise en charge psychothérapeutique (thérapie individuelle, thérapie familiale…) en hôpital de jour.

Sur le versant de la prévention, Anaël Ayrolles a indiqué que beaucoup restait à faire : « ce qui nous parait important, à l’avenir, c’est d’identifier les facteurs de risque pour mettre en place les outils de prévention adaptés », a-t-il conclu.

 

Anaël Ayrolles n’a pas de lien d’intérêt en rapport avec le sujet.

 

 

 

 

 

 

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