Paris, France — 2019 débute avec son cortège habituel de bonnes résolutions, notamment celle de l’arrêt du tabac. Bien que la baisse des ventes de cigarettes en France – de 10 % en 2018 – se poursuive pour la troisième année consécutive, le tabagisme reste un fléau de santé publique dans notre pays [1].
En 2017, la France comptait encore un tiers d’adultes fumeurs réguliers, selon Santé Publique France[2]. Or, le tabagisme reste la première cause de décès évitable en France, comme ailleurs dans le monde[3].
L’année qui débute est donc l’occasion de se poser à nouveau les bonnes questions pour sortir de l’impasse.
La lutte contre le tabagisme est-elle suffisamment active en France ? Quelle est la place de la cigarette électronique aujourd’hui dans le sevrage tabagique en France et ailleurs ? Comment adapter au mieux le profil des fumeurs aux moyens de sevrage dont on dispose ?
En 2019, ces trois questions restent d’une « trop banale » actualité.

Dessin Héloïse Chochois : Sevrage tabagique : les moyens de nos ambitions ?
Enfin les moyens d’obtenir des résultats ?
En France, près de 12 millions de personnes parmi les 18 à 75 ans sont des fumeurs réguliers, d’après le Baromètre santé 2017[2]. Notre pays reste un mauvais élève comparé à ses voisins européens, loin derrière la Grande Bretagne, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas ou l’Italie.
« Le tabac est devenu un enjeu de santé publique en France en 2014 avec le Programme national de réduction du tabagisme 2014-2019 (PNRT). Très tard par rapport à l’Australie, la Grande Bretagne ou aux pays nordiques. Mais aujourd’hui, nous en voyons les premiers résultats », a commenté le Dr Ivan Berlin (médecin tabacologue, hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris) pour Medscape édition française.
« Grâce à une prévention active et au remboursement des traitements, nous observons une baisse notable des fumeurs quotidiens en France : moins d’1 million cette année », a précisé le Pr Anne-Laurence Le Faou (Présidente de la Société Francophone de Tabacologie, Responsable du centre ambulatoire d'addictologie, Hôpital Européen Georges Pompidou), lors d’une conférence de presse organisée lors du Mois sans tabac, en octobre dernier[4].
En effet, en quelques années, l’augmentation du prix du paquet de cigarette, l’instauration du paquet neutre, le remboursement des patchs nicotiniques par l’Assurance maladie, le lancement du « Mois sans tabac », sont autant de mesures qui ont assurément contribué à un début de baisse du tabagisme.
Individualiser la prise en charge
Reste que les résultats, bien qu’encourageants, ne sont toujours pas à la hauteur des espérances. Pour réellement changer la donne, les professionnels de santé devront encore et toujours s’engager dans la lutte et trouver avec leurs patients les moyens les plus adaptés à leur cas particulier.
D’après les données du Baromètre santé 2017, la cigarette électronique arrive en tête des moyens utilisés par les patients (27%) devant les substituts nicotiniques (18%) et la varénicline.
Pourtant, à la différence du Royaume-Uni, elle n’est pas recommandée dans le sevrage tabagique en France, en raison de l’absence de données d’efficacité et de sécurité solides.
Un manque qu’espère combler le Dr Ivan Berlin avec l’essai randomisé ECSMOKE qui va évaluer l’intérêt de la e-cigarette dans le sevrage tabagique vs la varénicline (Champix®) et un placebo de cigarette électronique.
Les moyens sont-ils bons ?
Dans l’hexagone, toutefois, si l’e-cigarette n’est pas recommandée comme méthode de sevrage, les autorités préconisent de ne pas dissuader les patients de tenter d’arrêter de fumer pas ce biais s’ils en montrent la volonté.
Cela signifie-t-il que tous les moyens sont bons pour arrêter de fumer ?
Il est clair que chacun doit trouver la méthode qui lui convient : la cigarette électronique, l’hypnose et d’autres méthodes non recommandées, peuvent aider certains fumeurs à arrêter de fumer. De même, certains opteront pour un arrêt brutal tandis pour d’autres préféreront arrêter progressivement.
Enfin, chaque cas étant particulier, il faudra prendre des précautions particulières chez les coronariens, par exemple, ou, au contraire, profiter de ce terrain privilégié que constitue la grossesse pour accompagner le sevrage.
Nous vous souhaitons une très belle année 2019, toujours moins enfumée.
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Citer cet article: Cigarette/tabac : quand la fin justifie les moyens - Medscape - 28 janv 2019.
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