NASH et diabète de type 2 : mêmes mécanismes, mêmes traitements ?

Dr Isabelle Catala

22 janvier 2019

Paris, France -- « Chez les patients qui présentent concomitamment un diabète de type 2 et une stéatopathie métabolique (NAFLD), les agonistes de la GLP-1 ou les inhibiteurs de DPP-4 sont les traitements médicamenteux de premier choix, après, bien sûr, la perte de poids, la modification du régime alimentaire et des changements de style de vie (avec augmentation de l’exercice physique) », a expliqué le Pr Lawrence Serfaty (Service d’hépatologie, Hôpital de Hautepierre, Strasbourg), à l’occasion de la 12ème Paris Hepatology Conference (Paris) [1]

L’inflammation au premier plan

Les stéatopathies métaboliques, associées ou non à des signes inflammatoires, partagent certains mécanismes physiopathologiques avec le diabète de type 2. Outre le fait que ces deux pathologies surviennent sur un même terrain (obésité, insulino-résistance), elles sont intimement liées de façon bidirectionnelle et il est difficile de préciser leur chronologie de survenue : ainsi, la NAFLD induit une résistance à l’insuline d’origine hépatique et le diabète de type 2 accélère le passage du stade NAFLD au stade NASH (stéato-hépatite avec présence de signes inflammatoires). Des mécanismes communs d’inflammation pourraient entre en jeu dans la progression des deux pathologies.

Dans la cohorte française Constances , fondée sur l’utilisation de tests non invasifs, 63 % des patients diabétiques de type 2 présentent des signes de NAFLD et 7 % de NASH.

Penser à dépister

Pour le Pr Serfaty, « le dépistage des NAFLD chez les populations à risque et notamment les diabétiques de type 2 est nécessaire. L’un des moyens non invasifs est d’utiliser le score FIB-4 qui prend en compte l’âge, les ASAT, les ALAT et les plaquettes. Ce test est doté d’une valeur prédictive négative de 90 % ce qui permet de diagnostiquer la plupart des fibroses avancées et 60 % des fibroses moins avancées. Lorsque des signes d’inflammation sont présents, des tests plus invasifs tels que le Fibroscan seul ou couplé avec un mesure CAP (Controlled Attenuated Parameter) permettent d’estimer le stade de fibrose ».

Le dépistage des NAFLD chez les populations à risque et notamment les diabétiques de type 2 est nécessaire Pr Lawrence Serfaty

Diabétologue, cardiologue, hépatologue…

« La prise en charge de ces patients doit être multidisciplinaire », explique le Pr Serfaty. C’est le plus souvent le cas en France, comme en témoigne une étude menée auprès de 352 gastro-entérologues français qui confirme que 87 % des patients diabétiques atteints de NAFLD leur sont adressés par un diabétologue ou un cardiologue. Les hépatologues, eux aussi, réadressent ces patients à d’autres spécialistes : dans 84 % des cas, un suivi par un nutritionniste sera proposé, en particulier en cas de surpoids associé. La prescription de statines doit être prudente, mais elle n’est pas toujours réalisée en particulier lorsque le suivi est seulement réalisé par un médecin généraliste ».

Des pistes médicamenteuses

Le premier des traitements à proposer passe par des mesures hygiéno-diététiques. Une perte de poids de 5 % à un an (ce qui est possible chez 70 % des patients) permet de faire régresser la fibrose chez la moitié des patients environ et même d’éliminer tout signe de NASH chez 10 % d’entre eux. Plus de perte de poids est importante, plus la fonction hépatique est améliorée : ainsi avec une perte de 10 % du poids, 90 % des patients ne présentent plus de signes de NASH. Mais seul un patient sur 10 arrive à perdre 10 % de son poids. Pour les autres, il est possible de proposer une chirurgie bariatrique en cas d’obésité.

« A ce jour, aucun médicament n’a fait la preuve de son efficacité sur le NASH bien que différentes pistes thérapeutiques soient envisagées. Seules les glitazones (pioglitazone et rosiglitazone) ont prouvé leur efficacité chez des patients atteints conjointement de diabète de type 2 et de NASH, mais du fait de leurs effets secondaires hépatiques, elles ne sont plus prescrites en France. La liraglutide (agoniste GLP-1) et la sitagliptine (inhibiteur DPP-4) seraient dotés d’effets similaires selon les résultats d’études de phase 3. Mais elles n’ont pas encore d’indication dans la prise en charge du NASH. Elles pourraient néanmoins être considérées comme des traitements de choix pour les patients diabétiques de type 2 et NASH », conclut le Pr Serfaty.

Avec une perte de 10 % du poids, 90 % des patients ne présentent plus de signes de NASH

 

 

 

 

 

 

 

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