Enregistré le 17 décembre 2018, à Paris, France
Formation continue, cardiologie ambulatoire, recherche : le point sur les sessions du congrès du CNCH avec Franck Albert et Walid Amara
TRANSCRIPTION
Walid Amara — Bonjour et bienvenue sur Medscape. Je suis Walid Amara, cardiologue et rythmologue à Montfermeil, en région parisienne, et je suis également le responsable du groupe de rythmologie duCollège National des Cardiologues des Hôpitaux (CNCH) et j’ai l’immense plaisir d’accueillir mon ami Franck Albert qui est cardiologue interventionnel, chef de service à l’hôpital de Chartres et est également vice-président du CNCH.
Le congrès du CNCH vient de se terminer et c’est vrai que nous avons beaucoup d’actualités à vous transmettre.
Première question : qu’est-ce que le CNCH ? Combien y a-t-il de cardiologues en France et combien travaillent en centre hospitalier ?
Franck Albert — Le CNCH est un collège qui réunit plus de 2200 cardiologues, qui représente des cardiologues qui exercent en hôpital non universitaire — donc cela représente à peu près un tiers de la communauté de cardiologues, puisqu’il y a les hospitalo-universitaires, la cardiologie libérale et le CNCH. La cardiologie a une organisation presque tripartite entre le CNCH, le privé et les hôpitaux universitaires, et nous participons souvent à des réunions à la DGOS [Direction Générale de l'Offre de soins].
Walid Amara — J’étais impressionné de l’essor du congrès qui s’est réroulé à la fin du mois de novembre. Et il y a vraiment une expansion de ce congrès… Peux-tu nous en dire un mot ?
Franck Albert — C’est vrai que ce congrès, cette année, contrairement aux autres congrès, a été un excellent cru, avec un taux de participation de plus 20 %, ce qui est beaucoup pour le congrès du CNCH. Habituellement, c’était 320 cardiologues – là on est à plus de 450, donc c’est important, grâce effectivement à tous les membres du bureau, dont tu fais partie, Loïc Belle notre président, Jean-Louis Hirsch qui a beaucoup participé à l’organisation du congrès, et puis des jeunes, dont Raphaël Lasserre, qui ont créé une communication importante avec des outils connectés. On a pris plus le parti de faire des partenariats avec tous les autres membres de la cardiologie, notamment la Société Française de Cardiologie (SFC) avec Martine Gilard et Ariel Cohen qui sont venus, le Collège National des Cardiologues Libéraux avec Jacques Gauthier, son président, et puis le Groupe des Jeunes Cardiologues en Formation avec la participation du président Benjamin Alos, et Benoit Lattuca, ainsi que tous les présidents de groupe des filiales de la SFC, notamment Philippe Commeau pour le GACI et Benoit Lattuca pour le groupe de rythmologie. C’est vrai qu’il y a eu beaucoup de sessions scientifiques organisées et des ateliers, et la colonne vertébrale du CNCH, qui représente deux sessions sur la vie des services. Un dernier point : des nouveautés sur les jeunes, avec une session paramédicale et des quiz interactifs pour les jeunes.
Walid Amara — Il y a un vrai rajeunissement de l’auditoire et même des gens qui viennent présenter : des jeunes PH, des jeunes assistants et des internes qui sont venus assister au congrès, et c’était vraiment super.
Tu as parlé de la vie des services, donc il y a plusieurs choses qui ont été abordées dans ces sessions, notamment la loi de santé 2022…
Franck Albert — La première session, effectivement, était une table ronde organisée avec des directeurs d’hôpitaux, des présidents de CME, des personnes de la FHF, de la DGOS, sur l’avenir des GHT. Les GHT sont une vraie machine de guerre — il y en a 130 en France, c’est très complexe et on voit bien qu’il y a des GHT très hétérogènes. Et il y a plusieurs messages qui ressortent de cette table ronde :
Certains GHT verront leur périmètre revu, parce qu’il y a des GHT qui ont 100 000 usagers et d’autres qui ont plus de 1 400 000 usagers, donc c’est vraiment très lourd.
La réforme de l’internat avec la suppression du numerus clausus — le président Macron l’a annoncé — pour essayer de lutter contre la démographie médicale, qui est un vrai problème. Aussi une modification de l’examen classant national et en même temps une cinquième année pour l’internat des cardiologues.
On va probablement, dans ces GHT, mettre en place des CME obligatoires. Tu sais que dans plus de 80 % des cas on a mis en place des collèges médicaux pour ne pas froisser les hôpitaux, afin que chacun garde son autonomie, son indépendance. Et on va quand même avoir maintenant une CME obligatoire avec des attributions qui seront obligatoires, probablement pour faciliter un parcours de soins et, peut-être aussi, des fusions d’hôpitaux.
Un droit d’option pour faciliter les fusions d’hôpitaux, pour essayer de travailler plus ensemble, en regroupant effectivement les spécialistes sur des mêmes sites et en développant des consultations avancées dans les autres hôpitaux.
Le statut de PH, qui va être de deux types : soit un statut unique, un peu celui qu’on connaît, soit un statut de PH contractuel, qui représenta uniquement 20 % de la communauté médicale de chaque GHT, dans des spécialités difficiles, et avec une rémunération dans ce cas-là qui peut être deux fois et demie supérieure à celle d’un PH, pour essayer d’être plus attractif dans certaines spécialités.
Walid Amara — C’est clair qu’il y a aussi toute la partie qui a été abordée dans la vie des services — ce virage ambulatoire. On voit d’ailleurs dans nos activités en cardiologie interventionnelle (et il y a eu des enquêtes également en rythmologie) que de plus en plus on va vers ce virage ambulatoire. Est-ce qu’on peut en dire un mot ?
Franck Albert — C’est vrai que la cardiologie ne va pas y couper, comme la chirurgie ambulatoire l’a vécu. Il y a une volonté de développer l’ambulatoire en cardiologie, donc il y a effectivement quatre belles sessions :
La coronarographie ambulatoire – on a des belles expériences dans nos hôpitaux, notamment à Versailles, à l’institut Montsouris, à Saint-Brieuc, avec des structures qui ont été parfois totalement refaites sur le plan architectural pour avoir un accueil un peu open space où le patient arrive en costume, il peut être sur sa tablette, il va passer en salle de coronarographie, il repasse quelques heures après et il sort, avec du personnel dédié, donc des choses assez à l’américaine.
La rythmologie aussi se développe — on peut faire un changement de boîtier, peut-être des explorations électrophysiologiques, tu connais cela mieux que moi.
Les unités thérapeutiques de l’insuffisance cardiaque avec des paramédicaux qui s’investissent
La télémédecine…
Tout cela va pouvoir se faire un ambulatoire. Le vrai frein actuellement en ambulatoire, comme l’a expliqué un médecin DIM, c’est le point financier. Parce que contrairement à la chirurgie ambulatoire, pour l’instant on a toujours la borne basse qui nous pénalise. Par exemple : une angioplastie en ambulatoire va faire perdre à peu près 600 € par rapport à une angioplastie qui va passer deux nuits. Donc on espère qu’en mars 2019, les tarifications des GHS se modifient tous les ans, qu’il est possible que la borne basse saute en cardiologie, qui sera probablement quelque chose de très incitatif pour développer l’ambulatoire, qui demande quand même quelquefois des moyens supplémentaires, parce que c’est lourd : il faut appeler le patient, il y a des moyens de secrétariat, il faut les rappeler le lendemain pour savoir si tout va bien, avec des outils connectés qui se développent : prendre en photo le point de ponction, ou répondre sur des questions par un smartphone, avec des choses qui vont se développer grâce l’e-cardiologie.
Walid Amara — Oui, c’est clair.
Comme on l’a abordé, il y a un rajeunissement du congrès avec quasiment une centaine de jeunes cardiologues qui ont été invités. Et il y a eu pas mal de sessions où ils étaient un peu les stars du jour…
Franck Albert — C’est vrai que notre objectif est de rajeunir le CNCH et de créer un compagnonnage ancien/jeune avec un partage de connaissances et d’expérience, et de créer une ambiance conviviale. Cela a été très positif : on avait presque une centaine de jeunes, grâce à toi aussi, parce que c’est vrai que tous les jeunes, les internes, les assistants, les jeunes PH de l’Île-de-France avaient des invitations gratuites, donc pas de problèmes de logistique ou d’avion pour venir, mais on avait aussi quelques provinciaux, une quarantaine, qui étaient pris en charge pour essayer de créer ce dynamisme et de les faire participer à des choses nouvelles. Dans les autres congrès, ils ont parfois un peu de mal, ils sont perdus — là on est quand même un peu une famille, c’est convivial, interactif.
On avait trois choses :
d’abord, le speed data, qui était organisé par Loïc Belle avec dix cas cliniques sélectionnés, présentations sur sept minutes d’un cas clinique, d’une étude très courte et sur ces 10 cas cliniques il y en a trois qui ont été sélectionnés, qui ont gagné 1000 € pour les remercier d’avoir participé, avec un jury qui était Loïc Belle et toute la salle
la deuxième chose était le quiz, une idée pour essayer d’avoir un moment de détente à la fin de la première grosse journée, du style « Questions pour un champion », avec 50 questions de cardiologie en mode QCM, qui était un la Battle des jeunes talents de la cardiologie. On avait divisé la France en quatre avec une équipe nord-est, une équipe nord-ouest (Paris Brest), une équipe sud-est et une équipe sud-ouest et des buzzers, et un jury qui était composé par les quatre présidents de la cardiologie : Martine Gilard, Loïc Belle, Benjamin Alos et Jacques Gauthier, pour le CNCH. Ce fût un succès, c’était drôle, cela a été fait en trois manches et on peut féliciter l’équipe Paris Brest qui a gagné ; les quatre membres de cette équipe ont aussi eu un cadeau de 1000 € qui leur permettra de venir à l’ESC 2019 avec la logistique et l’hôtel.
Après il y a eu le ‘’meilleur staff’’ de la cardiologie… organisé par toi et c’est un beau succès.
Walid Amara — C’est vrai que nous, en région parisienne, on essaie d’organiser deux réunions dans l’année… et chaque service sollicite les centres pour qu’ils nous envoient le meilleur cas clinique du semestre et comme c’était le semestre cela a été présenté au congrès – on avait six cas qui étaient vraiment d’un excellent niveau. Et souvent, le ou les deux meilleurs, je leur propose de participer au speed data. Notre prochaine réunion sera organisée au mois de mai — donc, pour ceux qui sont en région parisienne, n’hésitez pas à m’envoyer vos cas. L’autre élément, on a parlé de la com’ – et c’est vrai qu’il y avait ce côté journal télévisé, cela donnait une dynamique, même sur les stands, et il y avait du monde. C’est-à-dire que même quand tu sortais des salles il y avait du monde, cela pouvait être intéressant, tu pouvais écouter quelqu’un qui parlait d’un sujet particulier.
Pour les paramédicaux, c’était la première fois qu’on a une session infirmière. Je pense que c’est génial de l’avoir lancé cela. On a vraiment dansé un peu tard, mais c’est notre première session infirmière, je pense qu’on renouvellera le cas.
Pour arriver à la fin de cette session, en termes de perspectives, j’aurais aimé qu’on parle un peu de CNCH et d’avenir.
Franck Albert — L’avenir du CNCH est de continuer à développer la communication. C’est vrai que Raphaël Lasserre, c’est son dada, il est en train de faire une vidéothèque, une académie type Centrix pour partager les trucs et les astuces des jeunes et des anciens pour la cardiologie interventionnelle, il y a des choses qui pourront se faire pour la rythmologie, Romain Boulestreau a des idées sur des modes de formation pour e-échographie cardiaque avec de la simulation, des stations de travail, donc ce sont des projets pour 2019.
Et puis la type Centrix pour la cardiologie interventionnelle. C’est vrai que les magazines qu’on a fait téléviser avec une journaliste, une maquilleuse, créent une ambiance conviviale, différente, avec des face-à-face — faut-il dilater ou non l’angor stable, faut-il faire une heart team — et cela a créé, effectivement, une interaction.
Enfin, la session Paramed s’est beaucoup développée. À ce congrès, les parameds ce sont les CAT, les infirmières, les attachés de recherche clinique —parce qu’il y a de la recherche clinique en CNCH qui se développe beaucoup.
Walid Amara — Je terminerai effectivement par le côté recherche — ces PH s’engagent dans la recherche clinique. J’aurai du mal à citer tout le monde, mais Pierre Leddet avec son étude d’utilisation de l’I.R.M. pour aider au diagnostic, stratifier les patients qui ont des douleurs thoraciques avec élévation thrombopénique, qui avait été présentée aux Journées Européennes qui est en cours de publication, je pourrais citer Grégoire Rangé avec son implication dans France PCI, je pourrais citer Jean-Louis Georges avec RAYACT avec le GACI, je pourrais citer les rythmologues avec les études AMPER, STUDY FLUTTER qui ont des abstracts qui sont acceptés à EHRA, donc c’est vrai qu’il y a une dynamique de recherche. Et c’est important de montrer qu’on fait de la cardiologie clinique, on s’engage, on va à la DGOS pour les réunions et qu’aussi on essaie de faire de la recherche clinique. Je pense qu’il y a une vraie dynamique positive. En tout cas, je te remercie de m’avoir accordé ce temps et je vous remercie tous de votre attention.
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Citer cet article: Quoi de neuf au congrès du Collège National des Cardiologues des Hôpitaux ? - Medscape - 14 janv 2019.
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