Télémédecine : les Français y sont-ils prêts?

Dr Isabelle Catala

14 décembre 2018

Paris, France -- La téléconsultation est présentée comme l’une des solutions de l’accès aux soins dans les déserts médicaux. Mais les français sont-ils prêts à s’adresser à leurs médecins par le biais d’un ordinateur et d’une web cam ? Pas tout à fait si l’on en croit le résultat d’un sondage réalisé par questionnaire auto-administré en ligne auprès de 8 050 assurés en complémentaires santé et présenté à l’occasion du 11ème congrès de la Société Française de Télémédecine[1]. Les Français interrogés, sans être totalement réticents, se montrent encore très prudents face à l’arrivée des nouvelles technologiques au sein de la relation médecin-patient, et n’y sont majoritairement favorables que pour des actes de routine, comme le renouvellement d’ordonnance. Le besoin de d’(in)formation se fait aussi sentir.

Peu d’expérience de la télémédecine

Depuis la publication le 15 septembre 2018 du décret de remboursement des téléconsultations, tous les patients vivant sur le territoire peuvent – en théorie – bénéficier d’une consultation à distance. L’Assurance Maladie table sur 500 000 actes remboursés en 2019 et 1,3 millions à l’horizon 2021. L’étude menée auprès de 8 050 assurés en complémentaire santé (59% de femmes) montre qu’un important travail d’éducation sanitaire sera nécessaire avant que les patients s’approprient ce nouveau type de médecine. En effet, si 55% des Français sondés indiquent savoir en quoi consiste la télémédecine, seulement 17,7% d’entre eux en ont une connaissance précise. Et, sans surprise, rares sont ceux qui en ont bénéficié à ce jour : 98,7 % n’y avaient jamais encore eu recours pour une consultation et 99,6 % pour un acte de télésurveillance.

L’Assurance Maladie table sur 500000 actes remboursés en 2019.

Attachement au médecin de famille

Les français sont-ils, pour autant, réticents à cette nouvelle approche ? Pas franchement puisque 51 % des sondés serait prêts à l’utiliser pour eux-mêmes, mais seulement 18,6 % pour leurs ascendants et 17,3 % pour leurs enfants. 40,5 % des répondants estiment que cette nouvelle forme de médecine est plus adaptée au milieu rural et 50,4 % estiment que tout le monde peut être concerné, quelle que soit la zone d’habitation.

Parmi les besoins auxquels la téléconsultation pourrait répondre, les personnes interrogées placent au premier plan l’obtention ou le renouvellement d’ordonnances (86,8 % des répondants serait d’accord s’il s’agit de leur médecin généraliste, 57,8 % d’un autre généraliste, 73,3 % de leur spécialiste et 69,8 % d’un autre spécialiste). La possibilité d’obtenir un conseil médical rapidement vient en deuxième ligne et encore une fois le généraliste traitant est privilégié (89,6 % des sondés y seraient favorables avec leur généraliste contre 57,8 % avec un autre généraliste). « Je pense que la télémédecine ne peut convenir qu'à des petits maux. Lorsqu'il y a maladie sérieuse rien ne peut remplacer le contact avec son médecin généraliste ou spécialiste » témoigne un participant. Des propos qui résument bien la tonalité des réponses obtenues.

Information nécessaire pour diminuer les peurs

Quelles pistes d’amélioration du recours à la télémédecine pourraient être envisagées ? Avant tout la formation des patients. Elle pourrait permettre de passer outre les réticences mises en avant par le sondage : 61,1 % des personnes craignent la perte de contact humain et de dialogue, 57,6 % ont peur d’obtenir un diagnostic incomplet et les obstacles technologiques sont mis en avant par 42,1 % des sondés. Des craintes à l’image des verbatim recueillis : « Rien ne remplace le dialogue et la consultation concrète en direct avec la personne » ou « « Je suis pour la télémédecine pour le conseil, mais opposée à la télémédecine pour remplacer l'humain ».

 

 

 

 

 

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