Kétamine : risque d’atteintes uro-néphrologiques, endocriniennes et hépatiques graves

Aude Lecrubier

20 novembre 2018

Saint-Denis, France— L’utilisation prolongée ou à doses élevées de kétamine ne présente pas seulement un risque d’addiction et de surdosage mortel mais aussi de toxicités uro-néphrologiques, endocriniennes et hépatiques graves, alerte l’ANSM [1].

Pour rappel, la kétamine est un antagoniste des récepteurs-n -méthyl-d -aspartate (R-NMDA) indiqué comme anesthésique et comme antalgique dans les douleurs neuropathiques, chroniques, résistantes.

En outre, la kétamine et son dérivé délivré par voie nasale, l’eskétamine, semblent prometteuses pour traiter la dépression résistante et le risque suicidaire.

Mais, revers de la médaille, cet hallucinogène dissociatif est aussi consommé comme drogue à visée « récréative » (Super acide, Special K...) avec un risque de surdosage mortel, des effets secondaires à court terme (troubles du comportement, confusion, tachycardie, vomissements, troubles respiratoires, de la vision, de l’élocution, de l’équilibre, de la coordination…) et un risque de dépendance sur le plus long terme.

Mais aussi…

Dans une lettre aux professionnels de santé en date du 7 novembre, l’ANSM alerte sur d’autres risques signalés dans des contextes d’utilisation prolongée et/ou répétée de kétamine (dont utilisation dans des indications hors-AMM) et en cas d’abus ou de mésusage.

Dans certains cas ces atteintes ont conduit à des transplantations hépatiques  ANSM

Il s’agit précisément :

-d’atteintes uro-néphrologiques telles que l’hématurie, l’insuffisance rénale aigüe, la cystite non infectieuse, la cystite interstitielle (syndrome de la vessie douloureuse) et l’atteinte rénale liée à une obstruction haute (hydronéphrose).

-d’atteintes endocriniennes telles que des augmentations de la cortisolémie ou de la prolactinémie. Un suivi biologique peut être nécessaire.

-d’atteintes hépatiques, notamment de cholestatiques de type cholangite, pouvant être sévère

L’ANM précise que « dans certains cas ces atteintes ont conduit à des transplantations hépatiques » et que « l’arrêt du traitement devra être envisagé en cas de perturbation du bilan hépatique ».

 

Pour rappel, la prescription de kétamine doit :

-respecter les posologies préconisées ;

-être accompagnée d’un bilan hépatique de façon rapprochée

-faire l’objet d’une surveillance de la cytologie urinaire et de la fonction rénale de façon rapprochée. La survenue d'hématurie constitue un symptôme d'appel pour le dépistage d'une atteinte du tractus urinaire ou d’un abus de kétamine.

 

 

 

 

 

 

 

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