Munich, Allemagne—Les résultats sur la survie globale obtenus dans l’étude PALOMA-3 grâce à la nouvelle classe thérapeutique des inhibiteurs de CDK4/6 offrent un nouvel espoir aux patientes atteintes d’un cancer du sein avancé HR+/HER2- qui ne répondent pas ou plus à l’hormonothérapie.
Les données ont été présentées à l’occasion d’une session présidentielle de l’ESMO 2018 et ont été publiées simultanément dans Annals of Oncology[1].
Si, dans la population étudiée, la médiane de survie s’est établie à 34,9 mois avec l’association de l’inhibiteur de CDK4/6 palbociclib (Ibrance ®, Pfizer)-fulvestrant (Faslodex®, AstraZeneca) contre 28 mois avec le comparateur (fulvestrant-placebo), le seuil de significativité n’a pas été atteint en dépit d’une baisse de 21 % de la mortalité. Pour le Dr Massimo Cristofanilli (Chicago, Etats-Unis), « ce gain de 6,9 mois est du même ordre que celui obtenu dans l’analyse de la survie sans progression observé initialement. Il est donc très plausible que le bénéfice se maintienne à long terme avec cette association ».
Survie sans progression
La question du bénéfice en termes de survie globale chez les patientes traitées par inhibiteurs CDK4/6 se posait depuis la parution des premiers résultats de l’étude PALOMA-3 il y a maintenant 3 ans. En 2015, l’étude PALOMA-3 présentée à l’ASCO confirmait pour la première fois l’intérêt des inhibiteurs de CDK4/6 dans le cancer du sein. La médiane de survie sans progression s’établissait à 9,2 mois pour l’association contre 3,8 mois pour le fulvestrant seul. Les courbes de risque de progression ou de décès se séparaient tôt et la différence était maintenue.
Restait la question de la survie globale, à laquelle la présentation ESMO 2018 a donné une réponse.
PALOMA-3 en bref
L’étude PALOMA-3 a inclus un total de 521 patientes, respectivement 21% de femmes pré-ménopausées et 89 % de femmes ménopausées. Les premières ont été traitées par goséréline (analogue agoniste de la LH-RH) afin de supprimer la fonction ovarienne. Les femmes ménopausées devaient présenter une progression thérapeutique de leur maladie ou avoir été traitées antérieurement par inhibiteur d’aromatase.
Les participantes ont été randomisées pour recevoir :
-soit du palbociclib (347 patientes), 125 mg/jour x 3 semaines par mois,
-soit du placebo (174 patientes).
Chaque bras étant associé à du fulvestrant (500 mg toutes les 4 semaines).
Femmes hormonosensibles : jusqu’à 11,5 mois de gagnés
Si l’analyse toutes femmes confondues n’a pas montré d’intérêt de ce traitement en termes de survie globale, le Pr Cristofanilli a proposé d’analyser les résultats de PALOMA-3 sur les 310 femmes survivantes (sur les 521 de l’étude) selon la réponse initiale à l’hormonothérapie (critère secondaire de l’étude).
Après un suivi moyen de 44,8 mois, le gain en termes de survie est de 10 mois chez les patients sensibles initialement à l’hormonothérapie voire de 11,5 mois en l’absence de lésions secondaires viscérales. « Et c’est ce qui est important, la survie globale. Ce résultat est celui que nous attendions pour changer les pratiques », a ajouté le Dr Cristofanilli. Par comparaison, chez les femmes qui n’ont pas été sensibles initialement à l’hormonothérapie, le gain en survie globale n’est que de 6 moins (20,2 vs 26,2 mois, NS).
Interrogé par Medscape.fr, le Pr Fabrice André (Gustave Roussy, Villejuif) a expliqué, « il faut aller plus loin que ces résultats en prenant en compte une population qui représente une majorité des femmes traitées. En effet, l’étude en sous-groupes montre que chez les femmes qui avaient été sensibles à une hormonothérapie antérieure, la différence de médiane de survie était, dans ce cas, significative (39,7 mois contre 29,7, baisse de 28 % significative). Ce résultat pourrait contribuer à faire évoluer les recommandations en faveur de l’instauration de cette association chez les femmes HR+HER2- à un stade avancé après traitement hormonal, ce qui représente 78 % des patientes incluses dans l’étude ».
Autre donnée intéressante, chez les 413 patientes ménopausées la survie globale médiane était significativement augmentée par l’association thérapeutique (34,8 vs 27,1 mois, RR=0,73, IC 95 % : 0,57 - 0,95). En revanche, chez les femmes en pré-ménopause, aucune différence statistiquement significative n’a été observée (38 mois dans chaque groupe).
Invité à commenter la session, le Dr Matteo Lamberti (Bruxelles, Belgique) a ajouté, « PAMOLA-3 est une véritable avancée qui va permettre de mieux définir les femmes les plus à mêmes de bénéficier des traitements par inhibiteurs de CDK4/6. Mais ce qui est aussi essentiel désormais, c’est d’établir l’intérêt de ce traitement à un stade plus précoce de la maladie en traitement adjuvant, ce qui sera possible avec les études PENELOPE-B et PALLAS qui sont actuellement en cours ».
Liens
Cancer du sein HR+ /HER- : survie sans progression doublée avec le palbociclib
Cancer du sein métastatique : le palbociclib autorisé par l’EMA en 1ère ligne
Cancer du sein HR+/HER- : l’abémaciclib améliore la survie sans progression
Cancer de sein avancé HR+/HER- : le ribociclib s’impose en complément du létrozole
Actualités Medscape © 2018
Citer cet article: Cancer du sein avancé HR+/HER2- : survie globale allongée avec le palbociclib - Medscape - 31 oct 2018.
Commenter