Cancer de l’ovaire nouvellement diagnostiqué : 36 mois de survie sans récidive gagnés avec l’olaparib

Dr Isabelle Catala

22 octobre 2018

COLLABORATION EDITORIALE

Medscape &

Munich, Allemagne -- Traiter par olaparib (inhibiteur de PARP) en maintenance pendant 2 ans des femmes porteuses de mutation BRCA1 ou 2 nouvellement diagnostiquées d’un cancer de l’ovaire à un stade avancé permet d’abaisser de 70 % le risque de décès ou de progression de la maladie. C’est le résultat de l’étude SOLO1 de phase 3 présentée par le Dr Kathleen Moore (Oklahoma, Etats-Unis) à l’occasion du congrès de l’European Society of Medical Oncology (ESMO 2018) et qui est publiée simultanément dans le New England Journal of Medecine[1,2] .

Bénéfice de 3 ans

Interrogé par Medscape édition française, le Dr Manuel Rodrigues (Institut Curie, Président de la SFC, Paris) a commenté : « c’est une étude qui va véritablement changer les pratiques. Alors que les études précédentes avec les inhibiteurs de PARP (étude NOVA avec le niraparib, par exemple) concluaient à une augmentation de la survie sans progression de 70 % après rechute, on parlait d’une année de vie supplémentaire. Ici, le bénéfice est de trois ans pour des patientes nouvellement diagnostiquées. Pourtant, dans cette population de patientes, en moyenne 7 femmes sur 10 présentent une récidive dans les 36 mois suivant le diagnostic initial, et ce, même quand le traitement par chimiothérapie de première ligne était efficace ».

C’est une étude qui va véritablement changer les pratiques. Ici, le bénéfice est de trois ans pour des patientes nouvellement diagnostiquées Dr Manuel Rodrigues

Traiter 2 ans

L’étude SOLO1 a inclus un total de 391 femmes dont 388 porteuses de mutation BRCA 1 ou 2 germinales pour la très grande majorité d’entre elles (73 % BRCA1, 25 % BRCA2, 2 % BRCA 1 et 2). 82 % avaient présenté une réponse totale à la chimiothérapie par sels de platine et 18 % une réponse partielle.

Les patientes du bras olaparib ont été traitées par une dose de 300 mg biquotidienne pendant 2 ans en moyenne (de 0 à 52 mois) : 47 % des patientes ont reçu les deux années de traitement actif, comme le protocole l’avait prévu, et ce chiffre était de 27 % dans le groupe contrôle (placebo). Comme cela avait été envisagé dès la mise en place de l’étude, 10 % des patientes sous olaparib ont pu prolonger leur traitement au-delà de 2 ans. Pour le Dr Kathleen Moore, « aujourd’hui encore, 13 patientes restent sous traitement. Si, dans un premier temps, il a été difficile pour les investigateurs de décider de suspendre un traitement actif, les résultats dont nous disposons aujourd’hui laissent à penser qu’une durée de traitement de 2 ans est suffisante puisqu’aucune inversion de la courbe de survie n’a été constatée après l’arrêt du traitement, preuve que l’effet se prolonge dans le temps ».

Aucune progression à 3 ans pour 60 % des patients

La durée moyenne de suivi s’est établie à 40,7 mois. A 3 ans, aucune progression de la maladie n’est constatée chez 60 % des patientes du bras actif ; contre 27 % chez les comparatrices. La médiane de survie sans progression est prolongée de 36 mois sous olaparib par rapport au placebo.

Au total, 88 % des patientes traitées activement ne présentent pas de progression à 1 an (contre 51 % des témoins), ces chiffres s’établissent respectivement à 74 % (contre 35 %), à 2 ans 60 % (contre 27 %) à 3 ans et 53 % (contre 11 %) à 4 ans.

Le délai moyen avant la mise en place d’une nouvelle ligne thérapeutique ou le décès s’est établi à 51,8 mois avec l’olaparib, contre 15,1 avec le placebo.

La question des hémopathies malignes

Parmi les effets indésirables rapportés chez 98 % des patients sous traitement actif (contre 92 % sous placebo), la plupart étaient de grade 1 ou 2. Les plus communs était digestifs. Des effets grade 3 ou 4 ont été signalés par 22 % des patients. Il s’agissait d’anémie principalement (7 % des patients) et de neutropénie. La plupart des effets indésirables surviennent dans les premiers mois de prescription et ont été traités par une adaptation de dose ou une suspension thérapeutique momentanée.

Comme avec tous les inhibiteurs de PARP, la question de la survenue d’hémopathie maligne s’est posée. 3 des 260 patientes traitées par olaparib ont présenté une leucémie myéloïde aigue (contre 0 % avec le placebo), chiffre que le Dr Moore qualifie d’habituel avec les inhibiteurs de PARP qui précise néanmoins que la chimiothérapie pourrait aussi avoir joué un rôle.

Peut-on ignorer ces résultats ?

Comme le Dr Rodrigues l’explique à Medscape.fr « les oncologues vont désormais avoir à faire face à une question éthique. L’olaparib est disponible en France avec une AMM pour la récurrence de cancer ovarien. Quelle doit être l’attitude des oncologues qui prennent en charge des patientes nouvellement diagnostiquées d’un cancer de l’ovaire ? »  Suivre la régulation ou faire profiter les patientes des dernières avancées dans le domaine ?

Les oncologues vont désormais avoir à faire face à une question éthique Dr Rodrigues

 

 

 

 

 

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