Silver Spring, Etats-Unis – La Food and Drug Administration (FDA) vient d'accorder une extension d'indication pour le Gardasil 9, le vaccin nonavalent de Merck contre le papillomavirus (HPV) pour les femmes et les hommes âgés de 27 à 45 ans[1]. Jusque-là, l'autorisation concernait les jeunes de 9 à 26 ans.
Approuvé en 2014, le Gardasil 9 couvre cinq génotypes de plus (HPV 31, 33, 45, 52 et 58) que le Gardasil.
« Cette autorisation représente une opportunité importante pour prévenir les maladies et les cancers liés à l'infection par HPV dans un panel plus vaste de population », a expliqué le Dr Peter Marks, directeur du Center for Biologics Evaluation and Research de la FDA.
Elle est le résultat d'une procédure exceptionnelle de la part de Merck après les résultats d'une nouvelle étude ayant inclus 3200 femmes âgées entre 27 et 45 ans suivies pendant trois ans et demi en moyenne. Selon les conclusions de l'étude, pas encore publiée à ce jour, le Gardasil 9 serait efficace à 88% dans la prévention de « l'infection persistante, les condylomes, les lésions précancéreuses vulvaires, vaginales et du col et les cancers du col » liés aux génotypes couverts par le vaccin.
Quid de la France ?
Faudrait-il faire de même en France ? « Eux, ils vaccinent les plus âgés, nous, nous n'avons pas commencé avec les plus jeunes. Allons-y étape par étape. Commençons déjà par vacciner nos jeunes filles âgées de 11 à 13 ans ! », commente le Dr Isabelle Heard, ancienne directrice du Centre national de référence pour les papillomavirus (Institut Pasteur, Paris) et experte auprès du Centre International de Recherche sur le Cancer.
La spécialiste rappelle qu’en France, le taux de vaccination est inférieur à 20 % alors que le cancer de l'utérus est toujours responsable de près de 1100 décès chaque année. Loin des objectifs de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui appelait en mai dernier à une action mondiale coordonnée pour éliminer le cancer du col.
« La Haute Autorité de Santé (HAS) a jugé que le Gardasil 9 ne faisait pas mieux que le Gardasil, c'est-à-dire que l'amélioration du service médical rendu était médiocre. Comment voulez-vous que les médecins généralistes se sentent soutenus dans une démarche de prévention ? Résultat : ils ne sont pas passés au nonavalent, et finalement vaccinent très peu. C'est désolant !» déplore-t-elle.
« Le dépistage du cancer du col sera organisé à partir de janvier 2019. Il faudrait en profiter pour réaliser une grande campagne autour de la vaccination. D'autant que le Gardasil 9 est remboursé depuis un mois ».
Vers une éradiction du cancer du col en Australie
L'Australie, pays pionnier dans la lutte contre le cancer du col de l'utérus, pourrait avoir pratiquement éradiqué cette maladie d'ici dix ans. C'est la conclusion d'une étude prospective sur l'incidence de ce cancer publiée début octobre dans The Lancet Public Health [2].
L'Australie a mis en place, depuis 2007, une campagne de vaccination gratuite auprès des jeunes filles de 12-13 ans qui a été étendue en 2013 auprès des garçons. Il en résulte que l’incidence des infections à HPV chez les femmes de 18 à 24 ans est passée de 22,7% à 1,1% entre 2005 et 2015. En 2016, le taux de vaccination (trois doses) y était de 78,6% pour les filles de 15 ans et 72,9 % pour les garçons du même âge. Si le taux de vaccination avoisinant les 80 % ainsi que le dépistage du cancer du col de l'utérus sont maintenus au même niveau qu'aujourd'hui, les chercheurs estiment qu'en Australie, en 2028 l'incidence du cancer du col serait de moins de quatre cas pour 100 000 femmes, contre sept cas pour 100 000 femmes actuellement. Pour rappel, en France, la couverture vaccinale est inférieure à 20 %.
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Citer cet article: La FDA approuve le Gardasil pour les femmes et les hommes jusqu'à 45 ans - Medscape - 24 oct 2018.
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