Augmentation de la survie globale dans le CPNC de stade III inopérable : enfin !

Marine Cygler

Auteurs et déclarations

3 octobre 2018

Toronto, Canada – Cela faisait des années qu'on l'attendait. Après plusieurs décennies, on observe – enfin – un gain considérable en survie globale chez des patients atteints d'un cancer du poumon non à petites cellules (CPNPC) de stade III inopérable. Cette augmentation de la survie globale sur un temps aussi long a été observée dans chez les participants de l'essai PACIFIC traités par le durvalumab (Imfinzi®, AstraZeneca) en consolidation après une chimio-radiothérapie.

Présentées le 25 septembre dernier à Toronto, lors de la conférence mondiale sur le cancer du poumon de l'International Association for the Study of Lung Cancer (IASLC), les données de phase III de l'essai PACIFIC ont été publiées simultanément dans le New England Journal of Medicine[1].

Pour rappel, environ un tiers des patients diagnostiqués avec un CBNPC sont déjà à un stade III localement avancé et 80 % d'entre eux sont inopérables. Le traitement standard – qui consiste en la combinaison d’une chimiothérapie à base de sels de platine et de radiothérapie – permet une survie sans progression d’environ 8 à 10 mois et seuls 15% des patients sont toujours en vie à 5 ans.

« C’est la première étude depuis longtemps qui démontre un gain en survie globale dans cette population de patients. Les résultats sont en faveur de notre approche qui associe le traitement standard, la combinaison de radiothérapie et de chimiothérapie, suivi par du durvalumab pendant un an », a expliqué le Dr Scott Antonia (Moffitt Cancer Center, Tampa, Floride), auteur principal de l'étude.

Il poursuit : « Il s’agit de la nouvelle référence pour le traitement des patients à ce stade de la maladie, et selon toute vraisemblance nous augmentons le taux de guérison chez ces patients ».

Il s’agit de la nouvelle référence pour le traitement des patients à ce stade de la maladie Dr Scott Antonia

 

Durvalumab, un anti PD-L1 dans le CBNPC 

Le durvalumab est un anticorps monoclonal humain expérimental qui cible le ligand de la protéine de mort programmée 1 (PD-L1). L’expression du PD-L1 permet aux tumeurs d’éviter d’être détectées par le système immunitaire en se liant à la protéine PD-1 sur les lymphocytes T cytotoxiques. En bloquant l’interaction du PD-L1 avec les protéines PD-1 et CD80 sur les lymphocytes T, le durvalumab contrecarre les tactiques de la tumeur visant à éluder le système immunitaire et de fait, booste celui-ci.

Le durvalumab est en cours d’expérimentation dans le cadre d’un vaste programme d’essais cliniques (en monothérapie ou en association avec le tremelimumab) portant sur le cancer bronchopulmonaire à grandes cellules, le cancer vésical, le cancer cervico-facial, le cancer de l'estomac, le cancer du pancréas, le CHC et les leucémies. En 2018, le durvalumab a reçu des autorisations temporaires d'utilisation (ATU) dans le CBNPC aux Etats-Unis et en Europe.

Survie globale augmentée de 32 %

L'essai PACIFIC a inclus 709 patients présentant un CBNPC avancé inopérable. Tous ces patients ont reçu une chimio-radiothérapie. Il n'y avait pas chez eux de signe de progression de la maladie.

Ils ont été répartis de façon randomisée dans deux groupes : le groupe « placebo » (n=236) et le groupe « durvalumab » (n=473) qui a reçu le médicament par IV à la dose de 10mg/kg de masse corporelle. Le traitement a été administré toutes les deux semaines pendant douze mois après la chimio-radiothérapie.

Les critères primaires d'évaluation de l'étude étaient la survie sans progression et la survie globale, les critères secondaires la durée d'apparition des métastases à distance et la sécurité.

Les résultats initiaux ont été présentés l'année dernière au  Congrès de la Société Européenne d’oncologie médicale  (ESMO 2047). Ils montraient une amélioration de la survie sans progression de 11,2 mois en faveur de l'inhibiteur de checkpoint versus placebo.

Aujourd'hui, avec un suivi médian de 25,2 mois, le Dr Antonia et ses collègues ont pu rapporter pour la première fois des données concernant la survie globale.

« La médiane de survie globale n'a pas été atteinte pour le groupe « durvalumab » alors qu'elle est de 28,7 mois pour le groupe « placebo » avec un hazard ratio (HR) de 0,68 en faveur du durvalumab », explique Scott Antonia. « Cela montre une amélioration de 32 % de la survie globale pour les patients ayant reçu du durvalumab » ajoute-t-il.

Le taux de survie globale à deux ans est de 66,3% pour les patients ayant reçu le durvalumab, contre 55,6% pour le groupe « placebo ».

« Concernant la survie sans progression, elle est la même que celle de notre précédente analyse avec une amélioration de plus de onze mois en faveur du durvalumab » indique le Dr Antonia.

Un bénéfice même chez les non-fumeurs

Les bénéfices attribués au durvalumab, tant en survie sans progression qu'en survie globale, ont été observés dans tous les sous-groupes de patients.

Donnée importante, les patients non-fumeurs ont également tiré des bénéfices du traitement avec le durvalumab. On sait que les patients atteints d'un cancer du poumon de stade IV et n'ayant jamais fumé répondent généralement moins bien à l'immunothérapie.

La durée médiane avant l'apparition de métastases distantes du foyer initial est de 28,3 mois pour le durvalumab versus 16,2 mois pour le placebo.

Des effets indésirables sévères sont survenus chez 29,1% des patients du bras traité par le durvalumab, contre 23,1 % dans le bras placebo.

Bien que la fréquence des pneumonies soit plus importante dans le bras durvalumab, le taux des pneumonies de grade supérieur ou égal à 3 est bas (environ 3%). Aucune mort liée à cette cause a été observée.

Reste le sous-groupe des patients n'exprimant pas ou à un niveau inférieur à 1% le PD1. Celui-ci ne bénéficie pas à l'heure actuelle des progrès liés à la prise de durvalumab après une chimio-radiothérapie. 

 

Le Dr Scott Antonia a indiqué des liens avec AstraZeneca, Bristol-Myers Squibb, Merck, Novartis, CBMG, Boehringer-Ingelheim, Memgen et FLX Bio.

 

 

 

 

 

 

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